Les Etats de la Cemac demandent la suspension des critères de convergence
La Beac et la Cobac émettent des réserves sur la question, mettant en garde contre les risques de dérapages budgétaires.
Les ministres de l’Economie et des Finances de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), se sont réunis ce 3 août dans le cadre de la 11e session ordinaire du Comité de pilotage du Programme des réformes économiques et financières de la Cemac (Pref-Cemac). Avec le Coronavirus qui dicte sa loi, cette session s’est tenue par visioconférence, sous la présidence de Gilbert Ondongo, ministre d’Etat, ministre de l’Economie, de l’Industrie et du portefeuille public de la République du Congo, président dudit Comité.
Au menu des échanges de cette rencontre virtuelle, l’adoption d’un plan de relance économique post Covid-19. A ce sujet, quatre axes ont mobilisé l’attention de la cellule de suivi du Pref-Cemac : « les questions liées à la surveillance multilatéral, les Etats qui demandent la suspension de certains critères pour une durée déterminée ; la question de création d’un fonds pour notre région et d’autres questions liées à ces mesures nouvelles que nous devenons avoir le courage d’adopter pour aller de l’avant », comme le fait savoir le Pr Michel Cyr Djiena Wembou, Secrétaire permanent du Pref-Cemac.
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Toujours sur ce plan de relance économique communautaire, le secrétariat technique du Pref-cemac sur instruction du président du Copil a proposé une esquisse de plan de relance. Après appréciation par la cellule de suivi, il ressort des échanges que : « pour ressortir l’intérêt du développement du secteur privé en Afrique centrale, un axe à part entière sur la stratégie de relance doit être proposée dans le document. La Beac et la Cobac ont émis des réserves sur l’une des mesures consignées dans ce plan relative à la suspension pour un an des critères de surveillance multilatéral sur le solde budgétaire de référence et le taux d’endettement afin d’éviter de transformer la crise budgétaire en crise financière ».
Si la Beac et la Cobac émettent des réserves à ce sujet, cela s’explique par le fait que l’explosion du solde budgétaire des Etats conduirait ceux-ci à dépenser plus qu’ils n’en produisent. Avec pour conséquences directes le risque d’épuisement des réserves de changes et la dépréciation de la monnaie. Si la mesure sur les critères de surveillance multilatérale a connu quelques réticences auprès de ces derniers, elle a été plutôt bien accueillie par la commission de la Cemac et les Etats membres.
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Dans le récent rapport de Politique monétaire du mois de juin 2020 publié par la Beac, elle indique que les perspectives économiques régionales se caractériseraient d’ici la fin de l’année par : une forte détérioration de la situation des finances publiques, avec un déficit du solde budgétaire, base engagements, hors dons, qui augmenterait à 6,2 % du PIB après 0,8% du PIB en 2019 ; un creusement important du déficit des transactions courantes, avec un solde, dons officiels exclus, à -7,3 % du PIB, contre -1,5 % du PIB un an auparavant ; une chute des avoirs extérieurs nets de 106,1 % ; une baisse des crédits à l’économie de 8,8 % ; une forte hausse des créances nettes sur les Etats de 62,9 % ; un recul de la masse monétaire de 9,2 % ; un repli du taux de couverture extérieure de la monnaie à 55,2 % à fin décembre 2020, après 67,1 % à fin décembre 2019, ainsi qu’une diminution du niveau des réserves en mois d’importations des biens et services à 2,96 mois, après 3,22 à fin décembre 2019.
En plus de l’examen d’un plan communautaire de relance de l’économie post-covid-19, il y avait aussi au cœur des échanges les grandes orientations d’un nouveau cadre stratégique pour les accords de seconde génération entre les Etats de la Cemac et le Fonds monétaire international, les reformes structurelles contenues dans le Pref-cemac, le renforcement de l’intégration et les mesures pour encourager la diversification de l’économie de la région.
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