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Les détails sur la restructuration de NFC Bank et UBC Plc.

Pour sortir ces deux banques d’une faillite programmée, l’Etat camerounais va consentir un effort de près de 47 milliards de FCFA. Comment sera utilisé cet argent ? Pourquoi l'Etat tient-il tant à sauver ces deux entités privées et quel est le plan y afférent? Qui seront les nouveaux actionnaires ? Que deviendront ces deux banques au sortir de la restructuration ? EcoMatin revient sur les détails et les enjeux de ce plan de sauvetage.

« Un coup de pouce salvateur ». C’est ainsi que dans les milieux financiers, les observateurs qualifient la décision du gouvernement camerounais de consentir un effort de 47 milliards de FCFA dans deux banques locales pour les sortir d’une faillite programmée. Validé par la Commission bancaire d’Afrique centrale(Cobac), le plan de restructuration de la National Financial Credit Bank (NFC Bank) et de l’Union Bank of Cameroon (UBC), devrait mieux se dessiner dans les mois à venir.

Coup d’accordéon

En attendant qu’il prenne forme, ce plan ne devrait pas être éloigné de celui appliqué en 2012 à la Commercial Bank of Cameroon (CBC). L’Etat avait utilisé ici la technique appelée « coup d’accordéon ». Il s’agit d’un mécanisme d’apurement de pertes auquel recourent les SARL et les sociétés par actions. Cette technique consiste à réduire le capital social à zéro, puis à réaliser une augmentation de capital dans la foulée pour reconstituer les fonds propres. Dans le cas échéant, les titres des actionnaires seront placés sous séquestres ; après quoi, l’État qui mène la réforme y injecte des fonds au titre de la reconstitution du capital.

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Ceux des actionnaires éligibles et désireux de faire partir du nouveau tour de table peuvent souscrire à de nouvelles actions en vue de parachever la nouvelle capitalisation et remettre la banque dans un fonctionnement à peu près normal. S’agissant des passifs qui grèvent le bilan de l’établissement de crédit (créances douteuses), l’Etat qui les rachète, ouvre une ligne de garantie pour chaque banque. La Société de recouvrement des créances (SRC), qui jouit désormais du privilège du trésor, se chargera de les recouvrer. Suivra alors une rationalisation de la gestion avec signature d’un contrat de performance, la recherche d’un repreneur et la cession de ses parts. « L’Etat a voulu réitérer, mais en améliorant, ce qu’il a eu à faire avec la CBC » nous souffle un cadre du Minfi.

Pour cette opération, le gouvernement n’a pas droit à l’erreur. Paul Biya l’a d’ailleurs fait savoir à travers son Secrétaire Général. Dans une correspondance adressée le 18 février dernier au Secrétaire général des services du premier ministre, Ferdinand Ngoh Ngoh écrit que le Président de la République « demande au Premier Ministre, Chef du gouvernement, de prendre les mesures appropriées, afin qu’au terme de la restructuration, l’Etat du Cameroun récupère la totalité des sommes investies pour sauver les deux banques » peut-on lire. L’on apprend par ailleurs du même document que le coût de la restructuration ne devrait pas excéder 29,126 milliards de FCFA pour NFC Bank, et 17,681 milliards de FCFA pour UBC. Dans les détails, 7 milliards seront injectés pour chacune des banques dans le capital, une autre partie servira de garanties pour les créances impossibles de recouvrement et l’autre partie sera octroyée via des exonérations fiscales pour permettre à ces banques, le temps de la restructuration de se remettre sur les rails.

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Si la restructuration de CBC, est aujourd’hui citée en modèle de réussite, l’Etat espère faire autant avec ces deux banques qui sont porteuses de plusieurs enjeux.

UBC Plc. : plus qu’une banque

Lorsqu’en 2011, Ecobank Transnational Incorporated (ETI), la holding de contrôle du groupe Ecobank, annonçait avoir acquis la Oceanic Bank International Plc. basée au Nigeria, l’on était loin de s’imaginer qu’un an après, elle jetterait, de manière pavlovienne, aux orties les 56% des parts détenus par celle-ci dans le capital de la Union Bank of Cameroon (UBC). Pourtant, c’est bien ce qui arriva. En 2012 le groupe bancaire togolais proposait à la Cameroon Cooperative Credit Union(Camccul), détenteur des 44% restants dans la banque de reprendre la totalité des actions au franc symbolique. Une bonne opération à priori pour ce réseau de près de 300 coopératives camerounaises, mais qui n’obtint pas l’autorisation de la Cobac. « A l’époque, la situation de Camccul n’était pas du tout reluisante, encore moins celle de UBC dont la situation se dégradait et qui affichait de graves manquements aux normes prudentielles réglementaires. Conscient qu’un départ d’ETI, qui est quand même un grand groupe bancaire à travers le continent, enverrait à coup sûr cette banque en faillite, nous nous sommes opposés à cette cession des parts. Nous lui avons proposé de payer un ticket de sortie d’une valeur de 9 milliards de FCFA. Ce qu’elle refusa » nous raconte un ancien cadre à la Cobac, et proche du dossier. De 2012 jusqu’à 2017, ETI continue d’annoncer la cession de ses parts dans la banque camerounaise. Une arlésienne, finalement !

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Avec la présente restructuration, le groupe bancaire togolais va couvrir une partie des pertes de UBC en payant un ticket de sortie de 5 milliards de FCFA. L’Etat va y injecter 7 milliards de FCFA, prendre une partie du bilan, et le nettoyer. Il peut aussi porter les parts qui ne seront pas souscrites par la Camccul ; l’objectif étant qu’au terme du processus, elle retrouve le minimum de ce qu’elle y détient (44%). Les 56% restants seront cédés à un privé. L’opération est porteuse d’un impact social fort car Camccul est un réseau de près de 300 coopératives de crédit et micro finances, dont les dépôts sont tous logés chez UBC. Selon des chiffres non officiels, ces entités détiennent les dépôts de plus de 600 000 déposants. C’est clair qu’une faillite de la banque aurait un effet social dommageable. « Le gouvernement en est bien conscient, c’est pourquoi le dossier UBC sera traité avec toute la délicatesse afin de protéger les épargnants de cette banque » explique une source au ministère des finances.

NFC Bank : Awanga sur le banc de touche

Comme avec CBC, le plan de restructuration de NFC Bank pourrait bien écarter l’actuel actionnaire majoritaire dans le capital de la Banque. Et pour cause, le milliardaire camerounais Zacharia Awanga qui détient plus de 60% des parts dans le capital de NFC est pointé du doigt comme détenteur (par des entités parallèles) d’un important volume de créances douteuses. « Dans le plateau de recapitalisation de cette banque, l’Etat ne va appeler à souscrire que les actionnaires éligibles. Pour l’instant l’actuel PCA (Zacharia Awanga) ne l’est pas. Mais rien ne dit que l’Etat ne va pas le prendre en portage » explique sous anonymat, notre source au Minfi. Par contre, est éligible la Mutuelle de Retraite Complémentaire des Agents Eneo (Murcas/Fasa) détenteur de 22,84% des parts. La même recette susmentionnée sera appliquée pour cette banque dont 6 de ses 10 agences se trouvent dans les régions anglophones du pays.

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