Le Gouvernement lève les scellés sur les poissonneries Congelcam
Après la fermeture la semaine dernière d’une dizaine de ces magasins à Yaoundé, le ministère du Commerce a de nouveau autorisé la réouverture des poissonneries du géant camerounais de la distribution de poisson, après « un malentendu » autour de la hausse des prix, a indiqué l’entreprise.
Le 14 août dernier, des équipes de la délégation régionale du Commerce pour le Centre ont procédé la pose des scellés sur une dizaine de poissonneries appartenant à Congelcam, la plus grande entreprise de négoce et de distribution du poisson au Cameroun. Ses espaces de distribution aux quartiers Mvog-Mbi (4 points de vente), Biyem-Assi (1 point de vente), Mokolo (1 point de vente), Nkol-Eton (1 point de vente), Elig Edzoa entre autres ont été fermés, en raison a-t-on appris, de la hausse illicite des prix du poisson. Ces augmentations de prix ont été opérées subrepticement avec des marges allant jusqu’à 35% sur certains produits aux coûts pourtant homologués. C’est le cas du maquereau pour lequel il faut désormais débourser entre 28.000 FCFA et 30.000 FCFA pour se procurer un carton, qui coûtait entre 22.000 et 23.000 FCFA naguère. Une manœuvre qui n’a pas échappé à la vigilance du ministère du Commerce, dans un contexte marqué par une inflation quasi généralisée sur les prix des produits de grande consommation, et sur les matériaux de construction. La délégation régionale du Commerce est passée à l’action et a ordonné la fermeture de ces espaces de distribution du poisson, le temps d’y voir clair.
Un malentendu (?)
Cependant, en milieu de semaine dernière, précisément le jeudi 19 août, les scellés ont été levés sur les magasins de Congelcam, et depuis lors, l’entreprise a repris le train de ses activités quotidiennes dans la capitale camerounaise. Une information d’ailleurs confirmée à EcoMatin par le Directeur régional de Congelcam, Joseph Flavien Kankeu, qui acquiesce cette révision des prix à la hausse en précisant que cela résulte des facteurs exogènes dus à la conjoncture actuelle motivée par la pandémie de Coronavirus. « C’était un malentendu. Et le malentendu a été levé. Quand les prix sont à la hausse, on demande les marges bénéficiaires. On leur a présenté les documents d’achats, et ils ont compris la raison pour laquelle on avait appliqué ces prix, dans un contexte marqué par les contraintes dues au Coronavirus. Et c’est sur la base des documents d’achat qu’on fixe nos marges bénéficiaires, qui n’excèdent même pas 50 FCFA par kilogramme », a-t-il indiqué, joint au téléphone.
Action illégale ?
En amont, l’opérateur Congelcam s’est offusqué de la démarche biaisée du ministère du Commerce, lequel a opté pour des mesures coercitives avant d’avoir épuisé les options de rappel à l’ordre prévues dans la No 2015/018 du 21 décembre 2015 régissant l’activité commerciale au Cameroun selon son directeur régional. Ce texte dispose en son article 90 (1) que : « le ministre chargé du Commerce peut d’office, après une mise en demeure motivée, notifiée au contrevenant et restée sans effet dans un délai de trente (30) jours, à compter de la notification, suspendre l’activité de tout commerçant ou professionnel qui n’a pas respecté les obligations et interdictions de la présente loi ou qui refuse de se soumettre à un contrôle des agents assermentés dûment mandatés, de lui communiquer, après demande écrite, les documents professionnels ou de s’acquitter d’une sanction pécuniaire ».
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L’entreprise du richissime homme d’affaires Sylvestre Ngouchingué a clairement laissé entendre qu’à aucun moment, elle n’a été rappelée à l’ordre par le régulateur du marché, et que ses documents d’achats n’ont pas non plus été consultés. Et que celui-ci, bien que dans son rôle, n’a pas mené une action légale. La réouverture des magasins tiendrait donc davantage de cette mauvaise interprétation de la loi par le ministère, que d’un engagement de Congelcam à reconsidérer ses prix en dessous des prix homologués. Ce d’autant plus que l’opérateur tient à engranger ses marges bénéficiaires sur les produits importés dans un contexte de crise sanitaire caractérisé par les contraintes du marché international.
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