Le Cameroun va importer 400 000 tonnes de riz en franchise de douane
Le riz précuit et les riz dits de luxe ne sont pas inclus dans cette mesure qui vise à lutter contre la vie chère, que traverse le pays depuis quelques mois.
Le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana est autorisé à importer 400 000 tonnes de riz au Cameroun, au titre de l’exercice 2022. Cette initiative que vient de prendre le gouvernement pour endiguer la pénurie du riz dans le pays, prend appui sur un communiqué signé le 24 juin 2022 par le ministre d’Etat, Secrétaire général de la présidence de la République Ferdinand Ngoh Ngoh. « J’ai l’honneur de vous notifier le Très Haut Accord du président de la République pour l’importation, au titre de l’exercice 2022 de 400 milles tonnes de riz, à l’exception du riz précuit et des riz dits de luxe » peut-on lire dans ce document.
Pour ce faire, le gouvernement a sélectionné 14 entreprises qui vont se charger desdites importations. Elles ont été accréditées, avec pour chacune un nombre limité de tonnes à importer. 70 000 tonnes pour les sociétés Olam cam et Sonam, 60 000 tonnes pour Safrip (Groupe Ketcha) et Quifeurou, 50 000 tonnes pour la Soacam, 20 000 tonnes pour Sorepco, 15 000 pour Sotracodim et Africa Trading, 7500 tonnes pour Moi foods, Trad’in, Avanti cameroun et Socia, enfin 5 000 tonnes pour Eco Foods Ltd et Liman & fils.
Conscient des tracasseries auxquelles pourraient être confrontés les importateurs sélectionnées pour l’acquisition de cette denrée, à partir des portes d’entrée du pays jusqu’aux magasins de stockage, le gouvernement a pris plusieurs mesures d’allègement. Le document signé par Ferdinand Ngoh Ngoh souligne « L’exonération totale des droits et taxes de douane, la suspension du précompte sur ventes ainsi que des taxes de pesage et d’encombrement au niveau du port ».
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Dictée par le contexte
Le gouvernement est au fait de la vie chère que traverse le pays depuis quelques mois, et ne cesse de chercher des solutions à ce problème. L’une des plus urgentes a été de suspendre Les exportations de certains produits de premières nécessitées tels que le riz, vers les pays voisins, notamment la République Centrafricaine. L’objectif étant de satisfaire la demande nationale que n’a jamais pu combler la production locale. A date, plusieurs interdictions d’exportation des produits de première nécessité ont déjà été adressées aux gouverneurs de régions par le ministre du Commerce afin de garantir la demande locale. La dernière instruction donnée dans ce sens remonte au mois d’avril. « Face aux pénuries aggravées que l’on observe sur le marché national, s’agissant en particulier du ciment, des huiles raffinées, de la farine de blé, du riz et des céréales produits localement. J’ai l’honneur de vous demander de bien vouloir prendre des mesures immédiates visant la suspension jusqu’à nouvel avis, de l’exportation desdits produits» peut-on lire dans une correspondance signée par Luc Magloire Mbarga Atangana, rédigée à l’attention du gouverneur de la région de l’Est.
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L’Institut national de la statistique tirait la sonnette d’alarme en 2019 dans son rapport sur le commerce extérieur. «La production nationale est estimée à 217 280 tonnes et la demande nationale (consommation finale des ménages et variations des stocks) à 757 000 tonnes […] il ressort que la forte hausse des importations de riz engendre un gap entre l’offre et la demande d’environ 332 300 tonnes. Cet écart s’expliquerait par les exportations informelles vers les pays voisins » peut- on lire dans ledit document. Par ailleurs, selon une étude sur le positionnement stratégique de la filière fabrication des produits à base de céréale, menée en 2021 par le bureau de mise à niveau des entreprises camerounaises, 70% de la production locale de riz est exportée vers le Nigéria.
L’essentiel du riz consommé au Cameroun provient des importations. Rien qu’au cours des 6 premiers mois de l’année 2021, le Cameroun a importé une cargaison de 319 330 tonnes de riz. Soit une hausse de plus de 59 000 tonnes par rapport à la même période en 2020.
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