Le Cameroun prévoit s’endetter à hauteur de 4 974 milliards FCFA entre 2023 et 2025
Ces nouveaux emprunts vont porter à plus de 50% l’encours global de la dette rapporté au PIB, contre 16%, 15 ans en arrière. Un rythme qui inquiète et accélère le risque de surendettement élevé.
Entre 2023 et 2025 le besoin d’endettement public au Cameroun est évalué à 4974 milliards FCFA par la Caisse autonome d’amortissement(CAA), une structure qui gère l’ensemble des fonds d’emprunts publics de l’État et de ses démembrements. Pour le combler le pays va solliciter les prêteurs internationaux (59%) et locaux (41%) avec une stratégie de gestion qui permettra de maintenir l’encours des dettes en devises à 75% du PIB contre 25% pour les prêts domestiques. La CAA cite notamment au titre des objectifs de la stratégie, une la transparence dans la gestion de la dette publique, le recours prioritaire aux emprunts concessionnels, le développement du compartiment secondaire du marché des titres publics… Le service de la dette au cours du triennat, est lui estimé à plus de 4 950 milliards.
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Revenons sur le besoin cumulé de financement sus évoqué, qui représente 5,3% du PIB. Le pays va tenter de collecter auprès de ses partenaires bilatéraux et multilatéraux 2 557 milliards via les prêts projets et 386 milliards sous forme d’appuis budgétaires. Sur le marché domestique des capitaux, il émettra 682 milliards en Bons du Trésor Assimilables(BTA) et 1350 milliards de titres de longue et moyenne maturité(OTA) sur le marché de la BEAC. « Le Gouvernement se réserve le droit de recourir aux emprunts bancaires directs et aux rachats de certaines catégories de dettes, s’il le juge nécessaire après avis préalable du CNDP (Comité national de la dette publique) » souligne au passage la CAA.
Risque de surendettement
En contractant les prêts sus mentionnés et malgré le service élevé de la dette sur la période, l’encours de la dette du Cameroun fera un bond pour se situer à 50% du PIB contre 40% à fin 2022 et 16,3% en 2009. On est encore en dessous du seuil de 70% définis au titre de la surveillance multilatérale dans la zone Cemac, mais c’est suffisant pour relancer le débat sur le surendettement élevé du pays. Dans un récent rapport, le FMI estime que le risque de surendettement du Cameroun est exacerbé par la possibilité de nouvelles rechutes en raison des répercussions de la guerre en Ukraine, les dérapages budgétaires dus à l’augmentation des subventions et l’intensification des tensions socioéconomiques. « Le Cameroun présente encore un risque de surendettement extérieur et un risque global de surendettement élevés » indique le Fonds.
Le gouvernement reconnaît cet état de fait qui risque fragiliser les finances publiques mais croît fort en des mesures internes qui devraient lui permettre de ramener sa dette à un niveau faible. Il s’agit notamment de « l’accélération de la mise en œuvre les mesures fiscales et douanières visant l’amélioration des recettes budgétaires » ; « l’amélioration de la capacité d’absorption des ressources d’emprunts-projets » ; « l’amélioration des politiques visant l’import substitution et l’augmentation des recettes d’exportations » entres autres.
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