Incendie à la SONARA : la lettre de confort du Minfi aux banques camerounaises
Louis Paul Motaze donne assurance aux établissements de crédits, créanciers de la raffinerie, que l’Etat remboursera sa dette.
Dans son édition du lundi 11 mars 2020, EcoMatin vous avait révélé la stratégie du gouvernement camerounais pour sauver les banques locales, en rapport avec la dette de la Société nationale de Raffinage (Sonara) vis-à-vis de ces banques. EcoMatin écrivait alors que, pour éviter aux banques locales qui détiennent des créances douteuses de la Sonara d’avoir à les provisionner intégralement dans un délai maximum de deux ans, soit au moins 50% des encours bruts la première année et 100% la deuxième année pour couvrir leur risque de crédit conformément aux dispositions du règlement Cobac (Commission bancaire de l’Afrique centrale) de 2018 relatif à la classification, à la comptabilisation et au provisionnement des créances des établissements de crédit, après l’échéance de 90 jours-scénario catastrophe qui eût ébranlé l’ensemble du système bancaire national, le gouvernement avait pris l’option, d’une part, d’aider la Sonara, bien que sinistrée, à régler ellemême sa dette, et d’autre part, d’émettre une lettre de confort à l’endroit de ces banques.
EcoMatin a obtenu copie de cette lettre de confort, pour les besoins de votre information complète sur la question (voir ci-contre). « Je soussigné Louis Paul Motaze, ministre de la République du Cameroun, habilité à cet effet, expose, préalablement à l’objet de la présente, que la Société nationale de raffinage, en abrégé Sonara, est une société d’économie mixte au capital de Fcfa 19 560 062 500 dont l’Etat du Cameroun détient 96% des parts, elle est par conséquent une entreprise publique dont la dette locale constitue un passif pour l’Etat », commence l’auteur de cette lettre de confort, signée le 26 février 2020. Louis Paul Motaze assure par la suite « que l’Etat du Cameroun a connaissance du montant des engagements de la Sonara vis-à-vis du système bancaire, lequel s’élève globalement au 31 décembre 2019 à la somme de XAF 305 144 626 184 ».
Fonds Monétaire International
Constat non négligeable : le montant donné par le ministre des Finances au sujet de cette dette bancaire est légèrement différent des 336 milliards de dettes bancaires de la Sonara annoncés par la Commission technique de Réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (dont le Minfi est la tutelle) dans son dernier rapport consacré à la situation financière des dites entreprises.
« L’Etat du Cameroun comprend que les concours ci-dessus dont a bénéficié la Sonara lui ont été octroyés notamment en considération de ce qu’il détient la quasi-totalité des actions de cette société, qui plus est sa dette domestique fait partie de la dette intérieure de l’Etat conformément au Protocole d’accord technique du Supplément de Mémorandum de Politiques économiques et financiers (PEF) 2017- 2019 signé le 17 juin 2019 par le Premier ministre, chef du gouvernement, réitéré dans le supplément du mémorandum qu’accompagne la lettre d’intention signée par le Premier ministre, chef du gouvernement le 07 janvier 2020 », écrit encore le ministre Louis Paul Motaze.
Le membre du gouvernement ajoute que « de même, par sa décision D-2019/274 du 23 septembre 2019, la Cobac (la Commission bancaire de l’Afrique centrale, ndlr) classe la Sonara parmi les entreprises de grand standing et d’importance nationale dont le poids dans l’économie est particulièrement élevé». Le ministre des Finances assure alors qu’« à ce titre, l’Etat du Cameroun confirme par la présente qu’il s’engage à veiller au remboursement intégral des dettes contractées par la Sonara auprès des Établissements de crédits locaux. Par ailleurs, l’Etat du Cameroun apportera à la Sonara tout soutien nécessaire dont elle pourrait avoir besoin pour lui permettre de reprendre rapidement ses activités et faire face aux engagements bancaires ».
Le gouvernement camerounais s’est donc clairement engagé à garantir la dette de la Sonara, rassurant ainsi la Cobac, quitte à se fâcher avec le Fonds monétaire international particulièrement sourcilleux au sujet du rythme de progression de la dette de l’Etat camerounais, et avec lequel le pays négocie un deuxième programme économique et financier.