La hausse du prix du ciment menace les exportations en zone Cemac
La vrai-fausse rareté de ce matériau de construction, onéreusement commercialisé à Yaoundé à l’insu du ministère du Commerce en charge de la régulation, a poussé le patron de ce département ministériel à prendre une mesure conservatoire visant à suspendre les exportations vers les pays de la sous-région, tant que le marché local n’est pas suffisamment approvisionné.
En dépit des mises en garde répétitives du gouvernement, au travers du ministère du Commerce, chargé de la régulation des prix sur le marché, les opérateurs du secteur du ciment ne démordent pas, et continuent d’entretenir les tensions inflationnistes sur le marché local du ciment. Ils maintiennent à la hausse les prix de ce matériau à l’entame de ce premier trimestre 2022, lesquels repartent sur les mêmes tendances du marché qu’en fin du quatrième trimestre 2021. Les industriels du ciment avaient en effet convenu de manière concertée de renchérir les prix avec des augmentations allant jusqu’à 500 FCFA, soit une hausse de 8,8 et 10,2% en valeur relative, selon le type de produit.
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A titre d’illustration, au sein de la société Cimenteries du Cameroun (Cimencam), leader du marché local, le ciment de marque Robust CEM II B-P 42.5 R, parmi les plus prisés dans la construction, coûte désormais 5400 FCFA à Yaoundé et 5100 FCFA à Douala, alors qu’il coûtait naguère 4900 FCFA. Le ciment Dangote 3X aux caractéristiques similaires, de l’opérateur nigérian Dangote Cement, coûte 5450 FCFA ; le ciment Mira, de l’opérateur Mira Company, qui coûtait 4500 FCFA est écoulé désormais à 4950 FCFA. Ces prix évoluent au fur des semaines et au gré des distributeurs, dans un secteur où le régulateur peine encore à maitriser l’inflation. La pénurie est évoquée çà et là pour justifier cet état de chose. Les ciments sont en rupture de production. Vraiment ? C’est du moins ce que claironnent les distributeurs aux consommateurs pour justifier la hausse démesurée des prix appliqués en ce moment sur le marché. « On va au marché, on ne trouve pas de ciment, quand on le trouve, il est vendu à des prix qui relèvent de la spéculation. Les distributeurs disent qu’on ne leur livre pas de ciment, les producteurs disent qu’on avait jamais livré autant de ciment à Yaoundé », constate Luc Magloire Mbarga Atangana.
Suspension des exportations
En effet le gouvernement a voulu en savoir un peu plus sur cette vrai-fausse crise du ciment en conviant les acteurs des segments de la production et de la distribution autour d’une table. Il est arrivé à la conclusion que ce sont les acteurs du secteur qui sont responsables de cette situation, sans doute pour privilégier les exportations, alors que la demande nationale n’est pas comblée. « La Brigade nationale de contrôle et de répression des fraudes ira vérifier la traçabilité des produits envoyés à Yaoundé, on n’exporte pas tant qu’on n’a pas réglé le problème interne », a tranché le ministre du Commerce lors de la rencontre du 14 avril dernier dans son département ministériel. Il s’agit d’une mesure conservatoire visant à reprendre la main sur le circuit de distribution du ciment qui tend à échapper au contrôle du gouvernement depuis quelques temps. Ce faisant, c’est un marché potentiel de 2 milliards de FCFA qui sera privé d’approvisionnement en ce matériau de construction, avec une incidence indéniable sur la balance commerciale. En zone Cemac, le ciment camerounais est distribué au Tchad, en République Centrafricaine et en Guinée équatoriale. Selon une note d’analyse du commerce extérieur du Cameroun établie par l’Institut national de la statistique (INS) en 2019, le pays a exporté 24 943 tonnes de ciment en zone Cemac pour une valeur de 1,598 milliards de FCFA.
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Au demeurant, il faut préciser que la plupart de ces opérateurs du secteur du ciment, en l’occurrence les producteurs expliquent souvent cette inflation observée dans le secteur par une explosion des coûts du fret maritime sur les matières premières à l’importation, allant jusqu’à 400% du fait de la pandémie de Coronavirus, et entraînant par conséquent des surcoûts et donc des manques-à- gagner induits que les industriels disent n’être plus prêts à endosser seuls si le gouvernement ne cède pas à plus de compromissions.
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