La centrale technique de Garoua au ralenti faute de pièces de rechange
Malgré le transfert de 12 MW de la centrale d’Ahala, la région du Nord est à nouveau en proie aux délestages. La faute à une quinzaine de machines, ancien modèle, dont la maintenance est retardée à cause de la Covid-19.
Pour résoudre le problème des délestages auquel les populations des régions septentrionales du Cameroun étaient confrontées pendant plusieurs mois, le président de la République, Paul Biya, a instruit le démantèlement de la centrale thermique d’Ahala à Yaoundé. Objectif: transférer sa puissance de 20 MW vers les villes de Ngaoundéré (8 MW) et Garoua (12 MW). Ce qui a été fait, fin décembre 2020, permettant un retour à la normale. Les 12 MW supplémentaires installés à Garoua ont effectivement fonctionné jusqu’en mi-mars puis, patatra! La centrale thermique a recommencé à faire des scènes. A peine les habitants de la région du Nord commençaient-ils à se réhabituer avec l’électricité en permanence que les voici à nouveau en proie aux affres des délestages.Comme si un mauvais génie voulait jouer avec leurs nerfs.
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La mission d’évaluation de la situation de la fourniture de l’énergie électrique dans la partie septentrionale du pays conduite du 24 au 26 mars 2021 par le ministre de l’Eau et de l’Énergie (Minee), Gaston Eloundou Essomba, sur instruction du Premier ministre, a permis de comprendre la cause du problème. « En fait mars et avril sont les mois de pointe où l’appel d’énergie électrique connaît son pic entre 09 heures et 16 heures. La demande augmente de l’ordre de 07% », a souligné le Minee.
Covid-19
Face aux journalistes, le ministre a expliqué que les machines ont été surutilisées. Résultats des courses: surchauffage; il faut arrêter pour laisser refroidir. Du coup si on arrête, coupure et donc délestage…» Bien plus, a-t-il insisté, « une quinzaine de ces machines sont des anciens modèles qui ont un rendement en-deçà de leur capacité, entraînant une baisse de production de près de 15 MW. Elles nécessitent donc une maintenance. Mais les pièces commandées ont connu des retards de livraison du fait de la covid-19 ».
Au terme de sa visite dans le septentrion, le Minee a donné instruction à Eneo de « tout faire » pour remettre en production les machines à l’arrêt. Cela devrait se faire de manière progressive, pour un retour à la normale « au plus tard le 12 avril ». Cette période correspondant plus ou moins au début du mois du jeûne du Ramadan, « les 20 MW attendus des centrales thermiques devront être disponibles pour que les ménages aient accès à l’électricité au pire des cas entre 18 heures et 22 heures, sinon en permanence. »
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Pour ce faire, le concessionnaire du service public de distribution de l’électricité doit discriminer les zones sensibles (hôpitaux, lieux d’ouvrage de production d’eau, etc.) dans le calendrier de délestage. De même, prévient Gaston Eloundou Essomba, « nous sommes obligés de déconnecter les principales industries de ces régions pour avoir suffisamment d’énergie pour le ménages. »
Toutefois le ministre n’a pas manqué de rappeler que la crise énergétique actuelle dont souffrent les régions septentrionales est la conséquence de la crise hydrologique du bassin de la Bénoué. L’hydrologie continue d’être mauvaise mais « avec le retour annoncé des pluies courant juin, la retenue de Lagdo devrait se remplir d’ici septembre et permettre une augmentation de la production du barrage autour de 60 MW, contre moins de 15 MW actuellement. » A cet horizon, la puissance disponible devrait couvrir la demande sinon être supérieure.
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