Investissements publics : 14 000 milliards de Fcfa à mobiliser d’ici 2024
Les contraintes budgétaires couplées aux exigences liées à la maîtrise du déficit budgétaire dans le cadre du programme économique et financier avec le FMI amènent le gouvernement à recourir aux financements innovants pour mobiliser les ressources nécessaires. Les contrats de partenariats et les project finance sont privilégiés.
3500 milliards de FCFA pour le Plan présidentiel de reconstruction des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest; 1816 milliards de FCFA pour le Plan présidentiel de reconstruction de la région de l’Extrême-Nord. Rien que pour ces deux projets, le gouvernement doit mobiliser plus de 5000 milliards de FCFA. Il faut y ajouter le financement des centaines travaux de réhabilitation de la route n°3 Yaoundé –douala (section1 : yaoundé-pont de Ndoupe ; section 2 : pont de ndoupe pont de dibamba) ; les travaux de construction de l’autoroute Edea-Kribi (Lot 1), Port en eau profonde Lolabé-Ville De Kribi ; les travaux de construction de l’autoroute Yaoundé-Douala ; réalisation des travaux d’extension du Port en eau profonde de Kribi (phase 2), etc.
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Selon le Document de programmation économique et budgétaire à moyen terme, il faut trouver jusqu’à 14 280 milliards de FCFA pour financer les 82 projets inscrits dans le programme d’investissements prioritaire de la période 2021-2024. Des fonds que l’Etat n’a pas et ne peut réussir à travers ses ressources propres. Or, la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND30) ambitionne de renforcer le niveau de l’investissement public, à l’horizon 2030, pour le situer à 40% des dépenses totales de l’État. D’où la nécessité de s’appuyer sur une expertise particulière.
En raison des contraintes budgétaires liées aux crises sécuritaire, sanitaire et économique auxquelles le Cameroun fait face, couplées aux exigences liées à la maîtrise du déficit budgétaire dans le cadre du programme économique et financier avec le FMI, nécessitent de penser des modèles alternatifs de financement des investissements publics. Le gouvernement pense ainsi faire recours aux Partenariats Public-Privé (PPP) ou au Project finance, afin d’atteindre les objectifs de développement fixés par la SND30.
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Le PPP est un concept dont les vertus sont célébrées par les investisseurs, les partenaires techniques et financiers internationaux. Il est question d’impliquer le secteur privé plus étroitement dans le financement, la construction, la rénovation, la gestion ou l’entretien d’une infrastructure ou encore dans la fourniture d’un service particulier. Dans ce cadre, le gouvernement envisage une réforme du cadre des partenariats public-privé pour le rendre plus incitatif.
Selon les spécialistes du Fonds monétaire international en sus de son ambition première qui est de combler le déficit en infrastructures, cette approche a deux autres principales motivations. Attirer les investissements directs étrangers et les orienter vers la construction des équipements lourds et impulser le développement du secteur privé à travers cette nouvelle forme de la commande publique». En effet, les contrats publics-privés de type BOT (Built, Operate and transfer) permettent aux entreprises privées de construire une infrastructure sur fonds propres, de la gérer pendant une période donnée avant de la rétrocéder à l’Etat.
Financement innovant
Le PPP est utilisé au Cameroun depuis 2006. Le pays dispose même d’un Conseil d’Appui à la Réalisation de Contrats de Partenariat (Carpa) chargé de mettre en œuvre la politique du gouvernement dans ce domaine. Il n’en est pas de même pour le project finance. La définition des modalités de réalisation des projets suivant cette approche sont encore en cours. Une première expérience de project finance a été menée en 2015 dans le cadre d’une syndication de huit banques locales et régionales conduite par la BGFI Bank Cameroun en vue de l’assainissement de la trésorerie et du financement de la modernisation de la Sonara.
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D’une manière générale, le financement des grands projets [Project finance en anglais, Ndlr], désigne l’ensemble des techniques juridiques et financières qui s’appliquent au montage des projets d’une certaine envergure. Il s’agit d’investissements dépassant souvent la centaine de millions de dollars et se singularisant par leur complexité technique : extraction pétrolière ou minière, raffinerie de pétrole, construction de centrales électriques, d’ouvrages d’art, etc.
Le financement est, dans ce cas, centré sur le projet et non sur le Sponsor. Ainsi, il est escompté dans ce type de montages que les flux de trésorerie provenant de l’exploitation du projet assurent le remboursement du service de la dette et la rémunération des fonds propres qui y ont été investis ; les actifs du projet constituant les garanties. Dans ce cas, le Sponsor (également emprunteur) doit disposer des compétences requises pour assurer l’exploitation dans de bonnes conditions du projet, qui doit se situer dans un environnement politique calme et stable pour sauvegarder la marche normale de l’exploitation, garante du remboursement normal des prêts.
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