Inflation : les sociétés brassicoles menacent d’augmenter les prix
À la veille de l'adoption de la loi de finances 2022 en cours d'élaboration, les entreprises membres de la Cameroon Alcohol Producers Association se disent asphyxiées par la hausse des coûts de production sur leurs produits et demandent au gouvernement des mesures d’accompagnement. Elles préviennent qu’elles vont répercuter toute nouvelle taxe sur le prix final appliqué au consommateur.
L’inflation des coûts dans les secteurs productifs de l’économie camerounaise suscite des inquiétudes au sein des entreprises nationales. Entre août 2020 et août 2021, on note une hausse exceptionnelle des prix de 30 à 200% suivant les secteurs, d’après une étude réalisée par le Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam), rendue publique ce 1er octobre 2021. Dans la même période, les coûts de transport ont connu une hausse de 400%. Les raisons sont diverses d’après le groupement patronal : les plans de relance historiques dans les principales économies (2018 milliards de FCFA en Europe, 1900 milliards de dollars aux Etats Unis), une reprise économique vigoureuse en Chine, en Europe et aux Etats Unis, une forte hausse de la demande, les mesures sanitaires, les politiques de restriction des exportations ou la réduction de production mondiale (-40% sur certaines matières premières). Cette situation conjoncturelle a provoqué une hausse de 58,5% du pétrole, du minéral de fer (+97,3%), le clinker a augmenté de 87,7%, de l’aluminium (+49%), de huile de palme (+65,4%), de l’engrais (+72,1%) ou le fret maritime (+417%).
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Parmi les secteurs qui subissent de plein fouet la flambée des prix des matières premières, figurent les produits brassicoles. Une véritable préoccupation pour la Capa (Cameroon Alcohol Producers Association), un regroupement local de cinq entreprises et producteurs de vins et spiritueux. Regroupement constitué de la Société anonyme des brasseries du Cameroun (Sabc), Diageo Guinness, l’Union camerounaise des brasseries (Ucb), Sofavinc et Fermencam. Les matières premières entrant dans la fabrication des produits brassicoles n’ont pas échappé à une inflation entre octobre 2020 et octobre 2021: malt (20%), maïs (40%), sucre (25%), résine (22%), préformes (25%), étiquettes (30%), capsules plastiques (15%), et les bouchons couronnés (50%). Au Gicam, on pense d’ailleurs que «la tension haussière va persister sans nul doute jusqu’en 2022, sous l’effet de la poursuite de la reprise post-covid 19 de l’activité économique dans certaines régions du monde».
Dilemme
Au moment où la loi de finances 2022 est en élaboration, les opérateurs économiques en général, et les entreprises brassicoles en particulier, s’interrogent sur une révision à la hausse ou à une maîtrise des prix actuels pratiqués sur le marché. Les conséquences économiques de la flambée des prix décriés sont désormais évidentes : réduction des capacités financières des entreprises, rupture d’approvisionnement, annulation de commandes, baisse des stocks, etc. Comme la plupart des entreprises du Gicam, la Capa est face à un dilemme : répercuter intégralement la hausse des coûts de production sur les prix de vente ou partager des charges entre l’Etat, les entreprises et les consommateurs. Il est à relever que les performances des entreprises brassicoles, de vins et spiritueux sont diluées dans les effets de la conjoncture en cours. En 2020, la Capa a réalisé un chiffre d’affaires évalué à environ 517 milliards de FCFA. Sabc, Diageo Guinness, UCB, Fermencam et Sofavinc ont par ailleurs versé une enveloppe de 291 milliards de FCFA au fisc.
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Pour éviter une hausse des prix, le Capa s’aligne sur les propositions du Gicam faite au ministère du commerce : ajustement limité des prix de vente, subventions ponctuelles, allègements fiscaux (taux de TVA réduit ou nul, allègement ou suspension de l’acompte sur certains secteurs, suspension des contrôles fiscaux, etc.), suspension des taxes parafiscales et portuaires, réallocation des appuis Covid-19 aux secteurs stratégiques, réactivation et/ou maintien en 2022 de mesures exceptionnelles instaurées en 2021. En présence d’Andrew Ross et Emmanuel de Tailly, respectivement directeur généraux des groupes Diageo Guinness et de la Sabc, par ailleurs, président et vice-président de la Capa, ces mesures ont été soumises à Magloire Mbarga Atangana, le ministre du commerce. A deux mois de l’adoption de la loi de finances 2022, les consommateurs de bières, boissons gazeuses, vins et spiritueux redoutent une hausse mécanique des prix du fait de la persistance de la conjoncture internationale.
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