Hysacam : de nouvelles tensions entre Michel Ngapanoun et son personnel
Alors que les employés réclament plusieurs mois d’arriérés de salaires, le PDG d’Hysacam brandit des factures impayées par l’Etat qui s’élèvent à 20,6 milliards de FCFA
La tension est de nouveau montée d’un cran à la société Hygiène et salubrité du Cameroun (Hysacam). Par correspondance de ce 3 décembre 2020 adressée à Jean Pierre Ymele, le Directeur régional de l’Agence Hysacam pour le Littoral, le Syndicat interrégional des travailleurs d’assainissement, propreté et activités connexes du Cameroun (Synitapacc), annonçait un arrêt d’activités, dès le 11 décembre 2020. Ce nouveau débrayage des éboueurs camerounais rappelle ceux de 2018 et 2019. Au 3 décembre 2020, les mêmes causes ont produit les mêmes effets. Les soldats de la lutte contre l’insalubrité revendiquent le paiement des arriérés de salaire des mois d’octobre et novembre 2020, puis le non-reversement des cotisations mensuelles de la mutuelle: «nous lançons un appel à la grève des salariés de votre agence Hysacam Douala. Ce mouvement à l’initiative du syndicat suite à la saisine à nous par vos délégués du personnel, prendra la forme d’un arrêt de travail concerté des intéressés sur l’ensemble de tous les quarts de services», indique l’instrumentum signé par 10 syndicalistes, membres du Synitapacc.
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Qui justifient davantage dans leur correspondance: «ce mouvement d’arrêt de travail fait suite à plusieurs manquements liés aux conditions de travail qui sont devenues très difficiles». Soucieux sur la réussite de leur mouvement de grève, les syndicalistes ont établi un chronogramme précis et motivé de cessation d’activités: à partir du 11 décembre 2020 pour « non-paiement des salaires du mois d’octobre 2020 », le 16 décembre 2020 pour « non-paiement des salaires du mois de novembre 2020 », et le 23 décembre 2020 pour « non-paiement de la gratification 2020 ». Un arrêt de ramassage des ordures ménagères dans la ville de Douala entraînerait incontestablement une catastrophe sur les plans hygiénique, environnemental et sanitaire. La capitale économique produit en moyenne 2000 tonnes de déchets par jour. Soit 14.000 tonnes en 7 jours de débrayage.
20,6 milliards de FCFA de créances impayées à Hysacam
Parmi les revendications du Synitapacc figure le paiement des prestations Hysacam effectuées auprès de ses différents partenaires. La dette cumulée de l’Etat du Cameroun et des collectivités territoriales décentralisées (communautés urbaines et mairies) s’élèvent, d’après une source interne à Hysacam, à 20,6 milliards de FCFA. Même si la même source indique que « l’Etat et les villes ont fait quelques efforts sur l’année 2020 », elle reconnaît néanmoins que « les arriérés de l’année 2019 persistent ». Face à la presse le 29 mai 2020, Garba Ahmadou, le Directeur de la communication de cette société dévoilait la dette des collectivités territoriales décentralisées à l’endroit d’Hysacam à 10 milliards de FCFA pour l’exercice 2019. Soit en moyenne 5 mois d’arriérés de paiement de prestations, correspondant à 20% du chiffre d’affaires de l’entreprise. « Les prestations impayées, c’est simplement le travail effectuée par Hysacam pour remplir sa mission quotidienne de propreté dans les villes: collecte, transport, et traitement des déchets. En retour, l’Etat doit payer la prestation à hauteur de 80/% et chaque ville à hauteur de 20% », ajoute la source.
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Créancière des pouvoirs publics, Hysacam croupit malheureusement sous des dettes contractées auprès des banques de la place. En 2018, elle culminait à 6 milliards de FCFA auprès de trois établissements de crédits: Ecobank Cameroun, Société générale du Cameroun (SGC), et la Bicec, (Banque internationale du Cameroun pour l’épargne et le crédit). « Les banques accompagnent toujours Hysacam », se réjouissent les dirigeants de la société débitrice. Inquiète toutefois « jusqu’à quand continueront-ils à nous soutenir », s’interroge un haut responsable d’Hysacam. Au sein de laquelle on continue de penser fermement que «la difficulté demeure dans les partenariats que nous avons. Elles peinent à payer leur quote-part. Si les villes paient régulièrement, nous sommes convaincus de pouvoir relever à 100% la satisfaction plus complète ». Hysacam dispose ainsi de contrats de services avec une vingtaine de villes camerounaises.
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Alors que la société de collecte, traitement et de transformation des déchets ménagers réclame une importante enveloppe à l’État du Cameroun, ce dernier a engagé depuis 2017, « l’organisation du ramassage des déchets dans les centres urbains, dans l’optique d’une meilleure gestion du secteur d’activités susvisés, et eu égard aux difficultés récurrentes rencontrées par la société d’hygiène et de salubrité du Cameroun (Hysacam ) », précisait Ferdinand Ngoh Ngoh, le Secrétaire général à la Présidence de la République, Ministre d’État, dans un courrier adressé au Secrétaire général des services du Premier ministre. Suite à cette décision, la Communauté urbaine de Douala retenait trois entreprises pour effectuer, pour un montant de 14 mois et à hauteur de 1,4 milliards de FCFA, le service de pré-collecte et ramassage des ordures dans les quartiers difficiles. Il s’agit de des entreprises Cameroon Alert System, Buil Pa Bus. co, Groupement Genelecam Sarl & Ets New Generation. Hysacam conserve toutefois la part du lion dans plusieurs communautés urbaines et communes: Douala, Yaoundé, Garoua, Bafoussam, d’Ebolowa, Bertoua, Kribi, Edéa, Limbe, Bamenda, Kumba, Sangmélima, Buea, Meyomessala, Bangangté ou Bangou etc….Hysacam emploie 5000 personnes dans ses 15 agences au Cameroun, et ses 4 filiales à l’étranger (Niger, Tchad, Bénin et Liberia). Dotée d’un capital de 10 milliards de FCFA, l’entreprise dispose de 500 camions, 100 véhicules légers destinés au contrôle de l’activité, et 50 engins lourds pour ses missions de collecte des déchets. Avec 2 centrales de captage et de traitement du biogaz et plusieurs ateliers opérationnels, Hysacam traite par ailleurs 500 Teq Co2 par jour. Avec une capacité de collecte de 5000 tonnes quotidiennement, on estime à 15.000.000 les personnes bénéficiant des services d’hygiène et de salubrité d’Hysacam. Fondée en 1969 par la famille Granjouan, Hysacam devient une filiale française Sita, avant sa complète nationalisation après la reprise en 1995, de son capital par des actionnaires camerounais.
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