Hydrocarbures: comment sont fixés les prix des produits pétroliers ?
La Caisse de Stabilisation des Prix des Hydrocarbures (Csph) a expliqué les mécanismes qui interviennent dans la structuration des prix à la pompe, au salon Promote 2019.
Les prix du carburant à la pompe pour ce mois de février 2019 affichent les données suivantes : 630 Fcfa pour le super, 350 Fcfa pour le pétrole, et 575 Fcfa pour le gasoil. Mais pour arriver à ce coût, un certain nombre de mécanismes entrent en jeu. C’est ce qu’a tenu à expliquer au cours d’une conférence la Caisse de Stabilisation des Prix des Hydrocarbures (CSPH), lors de la dernière édition de Promote, tenue la semaine dernière à Yaoundé. C’est que la structuration des prix des produits pétroliers tient compte d’un certain nombre de facteurs. Il y a d’abord le prix du produit, fixé au niveau de la Société nationale de raffinage (Sonara), qui intègre la rémunération de tous les acteurs intervenant dans le processus de raffinerie, du stockage, etc., expliquent les experts de la Csph. « La Sonara sert son produit à un prix de cotation internationale, c’est-à-dire à un prix qui peut être vendu dans le monde entier », explique Alain Pascal Ekollo, chef service de la gestion des prix à la Csph.
Aux prix du produit fixés par la Sonara, s’ajoute un certain nombre d’éléments que la Csph applique, notamment la marge fixe, la TVA, le cabotage, le soutien-remboursement de l’Etat, avant de définir le prix de sortie à la Sonara. A cela, il faudra encore prendre en compte des éléments tels que les redevances portuaires, la péréquation transport, ainsi que les postes libéralisés de la structuration des prix, dont les droits de douane, la livraison ville… Si le prix reste le même sur un rayon de 25 km, « la Csph prend en charge les coûts de transport, les détours d’itinéraires tels que les incidents survenus lors des déraillements de train transportant les produits pétroliers », explique le chef service de la gestion des prix à la Csph. L’application de tous ces éléments permet d’atteindre un coût réel du produit, qui peut être en-deçà ou au-dessus du coût appliqué à la pompe. « Si vous avez par exemple un prix du super à la pompe qui est de 630 Fcfa et que le prix réel du super est de 800 Fcfa, pour appliquer le prix de 630 Fcfa à la pompe, il faut subventionner de 170 Fcfa », explique le responsable de la Csph.
Ce gap qu’il y a entre le prix réel du produit pétrolier et le prix appliqué à la pompe se fait grâce au soutien-remboursement de l’Etat. Pour ce mois de février 2019, les experts de la Csph estiment les montants de ce soutien à plus 23 Fcfa pour le super, -72 Fcfa pour le pétrole lampant, et -33 Fcfa pour le gasoil. « Lorsque ce gap est positif, ça constitue des réserves pour pouvoir subventionner au moment où on a une subvention négative », souligne l’expert. Concernant le gaz domestique, si la bouteille de 12,5 kg coûte 6500 Fcfa sur le marché, c’est que l’Etat a subventionné de 4 113 Fcfa. Donc autrement dit, elle aurait pu coûter entre 10 000 et 12 000 Fcfa, d’après les experts.
Un ensemble de procédés qui permettent à la Csph de combler les dépenses. L’on apprend par exemple que sur chaque litre de carburant vendu à Douala, la Csph prélève 46 Fcfa pour soutenir ce genre d’incidents qualifiés de détour d’itinéraires, et ses dépenses pour l’importation du gaz domestique, ainsi que la construction des stations-services témoins pour arroser les zones peu desservies. 20 stations-témoins ont déjà été construites à ce jour par la Csph pour un coût estimé à 8 milliards FCFA, relève Okie Johnson Ndoh, le directeur général de l’entreprise.