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Gwendoline Abunaw : « Le durcissement de la politique monétaire n’a pas encore un impact réel sur les capacités de financement de l’économie »

Dans une interview exclusive accordée à EcoMatin et à paraître en intégralité au début du mois de septembre dans l’édition spéciale « Classement 2022 des banques camerounaises» la Présidente de l’Association des professionnels des établissements de crédits du Cameroun(Apeccam) analyse l’impact du resserrement de la politique monétaire sur le système bancaire camerounais.

Amorcé depuis novembre 2021, en vue de réduire la pression sur les prix intérieurs, le durcissement de la politique monétaire par la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) ne semble pas encore affecter la liquidité du système bancaire camerounais. Confirmation a été faite par Gwendoline Abunaw, la présidente de l’APECCAM, dans une interview exclusive accordée à EcoMatin et à paraître en intégralité dans l’édition magazine prévue au début du mois de septembre prochain. « Le durcissement de la politique monétaire actuelle n’a pas encore un impact réel sur les capacités de financement de l’économie. Les établissements de crédit ont maintenu le rythme de financement au premier semestre de l’année 2023 » a t-elle déclaré avant de poursuivre :« L’activité bancaire au cours des années 2020 a cru de plus de 15% ; tandis qu’en 2021 et 2022, on a connu une progression encore plus élevée. Ce qui démontre la stabilité et la solidité du système bancaire, qui malgré la croissance des crédits non performants est demeuré résilient face à toutes ces crises ».

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En clair, le durcissement de la politique monétaire ne parvient pas encore à affecter la capacité des banques camerounaises à injecter de la monnaie dans l’économie. Cette politique restrictive a pris plusieurs formes. Il y’a d’abord la hausse discontinue par la BEAC des taux directeurs depuis fin 2021 (soit une augmentation cumulée de 175 points de base )dans le cadre de ses opérations d’open Market ; ensuite un resserrement des conditions de refinancement des banques à travers suspension des injections hebdomadaires de liquidités depuis le 21 février 2023. A cela il faut ajouter la double opération d’absorption de liquidités. Ce qui signifie que chaque semaine, la Banque centrale tente de délester le système bancaire d’au moins 200 milliards de FCFA.

A l’épreuve des faits, les déclarations de celle qui est également Administrateur Directeur Général de Ecobank Cameroun et Head Cluster CEMAC se confirment. Selon les données du marché bancaire à fin mai 2023 consultées par EcoMatin l’encours de de crédits des 17 établissements actifs dans le pays (hors La Régionale Bank) a culminé à environ 4925,9 milliards de FCFA en hausse de 14% par rapport à la même période en 2022. Si on rapporte cette performance à celle de décembre 2021, un mois après que la BEAC ait changé l’orientation de sa politique monétaire, l’encours de crédit affichera un écart positif de 613 milliards de FCFA traduisant une faible transmission de la politique monétaire. Selon Gwendoline Abunaw, il faudra encore attendre quelques mois pour apprécier l’impact de cette mesure de la BEAC sur le système bancaire camerounais. « On observe en seconde moitié de l’année 2023, pour mesurer l’impact du durcissement de la politique monétaire sur les financements de l’économie ».

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Surliquidité

Théoriquement, le durcissement de la politique monétaire vise à diminuer la liquidité du système bancaire et ce qui va se traduire par un durcissement des conditions d’emprunts à l’effet de maîtriser la quantité de monnaie en circulation dans l’économie, identifiée comme une source réelle de l’inflation estimée à 6,1% en 2023. Ainsi, le coût du crédit devrait être plus cher pour les banques, les États et les ménages. La faible transmission de la politique monétaire signifie que le système bancaire est suffisamment liquide pour poursuivre sa dynamique de financement des agents économiques.

Dans un récent rapport sur la Cemac, le FMI suggère à la Beac de « resserrer davantage sa politique monétaire » si les pressions inflationnistes persistent ou si les réserves extérieures commencent à s’écarter de la trajectoire ciblée.  « Les services du FMI se félicitent également de l’intention de la BEAC d’amorcer une augmentation significative du taux et des volumes d’absorption de ses liquidités dans un délai relativement court. Cela est essentiel pour éponger plus efficacement les liquidités excédentaires, ce qui contribuerait à renforcer la transmission de la politique monétaire reflétant un excédent persistant de liquidité bancaire, concentré dans quelques banques » souligne le fonds.

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Interrogée sur la pertinence d’un durcissement à l’extrême de la politique monétaire, la présidente de l’Apeccam se veut prudente. « Toutefois ce durcissement doit être limité dans le temps, au risque d’avoir un impact sur la liquidité bancaire et, par conséquent, l’habilité à financer l’économie » , renseigne la dirigeante qui ne passe pas sans évoquer les rapports entre le système bancaire camerounais et la banque centrale.

« L’écosystème bancaire est hiérarchisé avec au sommet l’institut d’émission, le régulateur, qui établit et contrôle l’application de la règlementation ; ensuite des intermédiaires financiers qui sont chargés de leur mise en œuvre.  Il ne nous revient pas d’apprécier l’opportunité du durcissement ou du relâchement de la politique monétaire. La Banque centrale dispose de ressources humaines et techniques pour mener à bien ces politiques. Elles sont faites dans un objectif de corriger l’évolution de certains agrégats économiques, en l’occurrence l’inflation galopante que l’on observe en ce moment, suite au déclenchement de la guerre en Ukraine ».

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