Gouvernance: l’ART passe d’un loyer de 25 à 45 millions Fcfa le mois
Doté d’un budget faramineux de 49,5 milliards Fcfa en 2018, notamment pour renforcer ses capacités techniques en matière d’audit des services fournis par les opérateurs de télécoms qui ne cessent de se dégrader, la structure met fin au contrat de 25 millions le mois soit 300 millions Fcfa l’an avec son ancien bailleur et aménage dans un immeuble flambant au quartier Bastos à 45 millions le mois.
La 40e session de son conseil d’administration tenue le 26 décembre 2017 à Yaoundé avait doté l’Agence de régulation des télécommunications (Art) d’un budget arrêté en recettes et en dépenses à un peu plus de 49,5 milliards Fcfa pour l’exercice 2018. Cette enveloppe devait permettre à la structure de renforcer ses capacités techniques, notamment en matière d’audit des services fournis aux usagers par les opérateurs des télécommunications. Mais à quelques semaines de la fin de l’exercice budgétaire, les améliorations attendues de la part de ces derniers du fait d’une plus grande surveillance du régulateur ne sont pas visibles. L’usager moyen de la téléphonie mobile, pour ne prendre que cet exemple, continue de connaître des désagréments allant des coupures précoces d’appels à la mauvaise disponibilité du réseau en passant par la dégradation de la qualité de l’écoute, etc. Paradoxalement, l’Agence de régulation des télécommunications continue de mener grand train avec ses effectifs jugés trop pléthoriques.
Dernière illustration en date, elle vient de se doter un immeuble flambant neuf situé non loin du commissariat du 10e, au quartier Bastos à Yaoundé. Selon des informations glanées à bonne sources, ledit immeuble, propriété d’un député de la nation originaire de la région du Sud, lui coûtera la coquette somme de 540 millions Fcfa l’an, soit un loyer de 45 millions Fcfa tous les 30 jours. Nommé en juin 2017 à la tête de cette structure en remplacement de Jean-Louis Be Mengue, Philémon Zo’o Zame a profité de l’expiration du contrat de bail avec l’ancien bailleur qui n’est autre que l’opératrice économique Françoise Puene pour faire déménagement l’Art qu’il disait désormais à l’étroit. L’ancien siège de l’Art, situé à la nouvelle route Bastos, coûtait 25 millions Fcfa le mois, soit 300 millions Fcfa l’an. Entretemps, les travaux de construction de l’immeuble siège de cette agence, d’un coût de 16 milliards Fcfa, piétinent. Le 19 décembre 2016, pourtant, la ministre des Postes et Télécommunications (Minpostel), Minette Libom Li Likeng, avait procédé à la pose de la première pierre de cette infrastructure qui devait être livrée dans les 24 mois qui suivaient cette étape.
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Le marché avait été accordé de gré à gré à un consortium marocain comprenant la société Erdem et le Groupe Btp Somaf. A quelques semaines de l’échéance, on n’en est encore qu’au stade des fouilles et de la réalisation des premières fondations.
Pour mémoire, l’Agence de régulation des télécommunications a, entre autres missions définies par la loi 2010/013 du 21 décembre 2010 régissant les communications électroniques au Cameroun, de définir les principes devant régir la tarification des services fournis et de soumettre au gouvernement toute proposition et recommandation tendant à développer et à moderniser le secteur des télécommunications et des technologies de l’information et de la communication. Un audit commandé par le Minpostel et réalisé en octobre 2017 par le cabinet suédois Cyber Com Group, révélait que tous les opérateurs de télécommunications en activité au Cameroun présentaient des insuffisances dans la qualité du service. Cet audit recommandait aux autorités de renforcer les capacités techniques de l’Art en termes de formation et d’équipements, afin qu’il puisse mieux contrôler le marché à travers des audits annuels qui seraient suivis de sanctions pour ceux des opérateurs ne s’étant pas conformés aux mesures correctives prescrites sous six mois.
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