Gel des subventions : des entreprises publiques suffoquent
Outre la suppression des primes et autres avantages à Camtel et EDC depuis deux ans, la dette sociale de la dernière société auprès de la Cnps atteint désormais près de 1 milliard de Fcfa.
Le mécontentement couvait depuis plusieurs mois, et la grève illimitée lancée le 26 novembre par le personnel de la Cameroon Postal Services (Campost) aurait pu mettre le feu aux poudres, n’eût été l’intervention en sapeur-pompier de l’Etat. Celle-ci a permis que le reliquat des salaires gelés à la suite de la dernière révision à la baisse des salaires, contestée par les employés, leur soit reversé (cinq mois à fin novembre et cinq autres mois au plus tard en mars 2019). Il a aussi été décidé que le versement du solde de tout compte du personnel retraité se fasse au moment de leur départ. La situation de la Cameroon Telecommunications (Camtel), au-delà des apparences, est loin d’être reluisante. Ici, les employés se plaignent du non-paiement des primes depuis plusieurs mois, même si l’essentiel est sauf : salaires et assurance. A Electricity Development Corporation (EDC), l’entreprise de patrimoine chargée de construire et gérer les barrages hydroélectriques, le personnel est vent debout contre le top management depuis plusieurs mois, après que celui-ci a décidé de geler un certain nombre de primes et avantages auxquels ils ont légalement droit.
La raison ? Les tensions de trésorerie que connaît l’entreprise. C’est en effet la conséquence directe de l’arrêt, depuis deux ans, des subventions de l’Etat. « Le directeur général de EDC [Théodore Nsangou, Ndlr] a fait des restrictions budgétaires comme toute entreprise le fait en temps de crise. La priorité aujourd’hui c’est les salaires du personnel et la poursuite des travaux à Lom Pangar où l’usine de pied du barrage est déjà effectivement en construction », souffle une source proche de la direction générale. Les tensions de trésorerie dans cette société sont d’autant plus aigües que, sa dette sociale au niveau de la Caisse de prévoyance sociale (Cnps) qui atteint aujourd’hui près d’un milliards Fcfa, ainsi qu’on peut le lire dans le mémorandum adressé le 16 novembre dernier au Premier ministre par des délégués du personnel. Ils dénonçaient aussi la suppression des prestations de l’assureur au début du mois d’octobre.
Les institutions internationales, à l’instar du Fonds monétaire international (Fmi), ont longtemps reproché au gouvernement du Cameroun sa politique d’assistanat aux entreprises à travers des subventions extrêmement pesantes pour le trésor public.
Ces informations ne sont pas démenties par nos sources, qui précisent toutefois que la question de l’assurance a été réglée, non sans dénoncer une certaine mauvaise foi de la part des délégués frondeurs qui ferment les yeux sur le contexte budgétaire difficile qui oblige les responsables à faire des choix. Quid des autres droits mis entre parenthèses ? « EDC a obtenu un moratoire auprès de la Cnps qui définit un échéancier bien précis. Toutes les entreprises de l’Etat en bénéficient. Et je puis vous assurer que cette dette se règle progressivement », assure notre source.
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Les institutions internationales, à l’instar du Fonds monétaire international (Fmi), ont longtemps reproché au gouvernement du Cameroun sa politique d’assistanat aux entreprises à travers des subventions extrêmement pesantes pour le trésor public. La crise de liquidité que traverse le pays depuis 2014 l’a finalement obligé à y mettre fin, sans avoir au préalable créé les conditions de leur autonomie. EDC, pour ne prendre que cet exemple, avait misé sur les droits d’eau dus au barrage de retenue de Lom Pangar. Mais, depuis quatre ans, Eneo Cameroon ne lui a rien reversé et a continué à accumuler la dette qui atteint aujourd’hui 24 milliards Fcfa. Or, grâce à Lom Pangar, par le mécanisme de régularisation du débit de la Sanaga pendant l’étiage afin de permettre aux barrages hydroélectriques de Songloulou et Edéa de continuer à tourner à plein régime, Eneo fait des économies de gasoil de l’ordre de 26 milliards Fcfa chaque année depuis trois ans. Le concessionnaire du service public de l’électricité se dit pour sa part dans l’incapacité de régler EDC parce que l’Etat n’a pas jusqu’ici payé sa dette au titre de sa consommation d’énergie électrique, laquelle s’élève à 100 milliards Fcfa.
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