Gabon : la subvention aux carburants sur une courbe ascendante malgré les inquiétudes de la Banque mondiale
Selon ministère gabonais de l’Economie et des Participations, ce soutien des prix à la pompe a atteint 113 milliards de Fcfa à fin septembre 2023 soit environ 13 milliards de plus que la somme dépensée sur toute l’année 2022.
Selon le ministère gabonais de l’Economie et des Participations, l’Etat a déboursé 113 milliards de Fcfa au cours des 9 premiers mois de l’année en cours au titre de la subvention aux carburants. A l’observation, ces dépenses sont déjà largement supérieures à celles effectuées à fin 2022 où l’enveloppe y dédiée a été estimée à 165 millions de dollars soit 100,6 milliards de Fcfa (Banque mondiale) soit 0,7% du PIB. A cette allure, ce pays de la Cemac ne répond pas encore la demande de la Banque mondiale de réformer la subvention aux produits pétroliers d’autant plus que l’enveloppe va sans doute s’alourdir en ajoutant le 4e trimestre 2023. Le soutien du prix à la pompe semble donc plutôt croissant au Gabon malgré le fait que le pays ait supprimé en juin 2022, les subventions aux carburants pour les industriels.
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Dans sa Note de conjoncture du Gabon publiée en avril 2023, la Banque mondiale indiquait d’ailleurs que ces subventions continuent de représenter un risque budgétaire significatif au Gabon pour plusieurs raisons. « Les subventions aux carburants ont un coût d’opportunité budgétaire et social élevé. En outre, elles profitent essentiellement aux couches les plus aisées de la population, ce qui souligne l’importance d’envisager des politiques alternatives plus efficaces et mieux ciblées pour soutenir les personnes les plus vulnérables. La réduction des subventions aux carburants permettrait au Gabon de dégager des ressources qui pourraient servir à soutenir une politique budgétaire anticyclique et à relever les défis du développement. Investir dans la population d’un pays- dans sa santé, ses compétences et sa résilience aux chocs – est essentiel pour favoriser une croissance plus inclusive», déplorait l’institution de Brettons Woods.
En achevant en juin 2022 les première et deuxième revues dans le cadre de l’accord élargi au titre du Mécanisme Élargi de Crédit en faveur du Gabon, le FMI prévoyait plutôt cette situation. En effet, « l’augmentation des recettes pétrolières permettra de faire face à l’augmentation des subventions aux carburants et aux produits alimentaires pour les plus vulnérables et aidera à reconstituer des marges de manœuvres budgétaire et extérieure », préconisait-elle.
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Au-delà de ces recommandations de ces partenaires multilatéraux du Gabon, il convient de souligner que le pays est en pleine transition politique. Le 30 août 2023, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema remplaçait par coup d’Etat, Ali Bongo Ondimba qui aura passé 14 ans sur le fauteuil présidentiel. Autant dire que le nouvel homme fort a le temps de s’imprégner des grands défis à relever dont celui de la réduction de la subvention aux carburants exigée par les bailleurs de fonds. Mais attendant, le ministère gabonais de l’Economie et des Participations renseigne que 11,5 milliards de Fcfa ont été débloqués pour au titre des subventions aux carburants pour le seul mois de septembre 2023. Un montant pas très loin de la moyenne de 12,5 milliards par mois dépensés entre janvier et septembre pour la même cause. Pour satisfaire aux exigences de la Banque mondiale, il ne serait donc pas exclu que le Gabon ; pays producteur de pétrole, connaisse dans les mois à venir, une hausse des prix à la pompe fixés actuellement fixés à 605 Fcfa pour le super, et 585 Fcfa pour le gasoil et 450 Fcfa en ce qui concerne le pétrole.
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