Gabon : Bilie-By-Nze, le porte-parole à la pêche des voix
À huit mois de la présidentielle, le chef de l’Etat désigne un fidèle de la première heure au poste de chef du gouvernement en vue de préparer le pays à vivre des moments intenses d’activité politique.
Le temps de la convalescence d’Ali Bongo Ondimba lui a ouvert la porte des palais présidentiels du continent. De New York à Paris, en passant par les capitales de l’espace communautaire, Alain Claude Bilie-By-Nze a fait le tour des chancelleries africaines, occidentales, américaines et asiatiques pour livrer le bulletin de santé réel du président de la République. Au nom du chef de l’Etat gabonais. Celui qui est alors ministre des Affaires étrangères, prend ses instructions chez le secrétaire général du palais de bord de mer, Jean-Yves Teale, spécialiste des questions internationales, même s’il voit régulièrement en personne le président de la République.
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Pourtant, cette ascension pierre sur pierre ne lui était pas prédestinée si l’on s’en tient aux coups durs qu’il a dû essuyer sur son parcours. En fait, en homme des temps durs, Alain Claude Bilie-By-Nze, ne vient pas à la Primature pour asseoir des réformes sociales, économiques ou politiques. La désormais vice-Présidente de la République, Rose Christiane Ossouka Raponda, a tenu le pari du redressement et de la relance que lui avait lancé le chef de l’Etat en 2020. Aujourd’hui, le pays sort progressivement de la courbe du surendettement de 78,3% en 20202 à 52% en 2022.
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Les réformes engagées ici et là au sein de divers secteurs d’une économie frappée par la crise pandémique et la guerre en Ukraine dont les effets irradient des dizaines de pays au travers des importations de denrées alimentaires et de biens de grande consommation et autres intrants industriels et agricoles, ont porté leurs fruits.
Pour son magistère au 2 décembre, Alain Claude Bilie-By-Nze devra cravacher dur pour la réélection d’Ali Bongo Ondimba. Directeur de campagne en devenir, il devra tenir le crachoir aux milliers de militants et de votants indécis en lieu et place d’Ali Bongo Ondimba, fragilisé par son état de santé, afin de les convaincre des avancées et résultats obtenus au cours de ce septennat finissant. Et pour ce job, le Premier ministre en a la verve, le bagout et sait user de sa gouaille habituelle pour railler et dérouter les « vendeurs d’illusion » et les « diseurs de bonne aventure ».
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S’il devra également consolider les résultats obtenus par son prédécesseur à la Primature, il sera surtout le sapeur-pompier des foyers de tension qui couvent dans un pays où l’égalité des chances reste encore un slogan. Originaire de l’Ogooué-Ivindo qui a donné un score favorable au président de la République en 2016, Alain Claude Bilie-By-Nze aura à cœur d’améliorer ce score, de rassembler les troupes et de les engager à une victoire écrasante à la présidentielle après la majorité confortable obtenue lors des législatives de 2018 par le PDG.
Avec son carnet d’adresses et les solides alliances qu’il s’est tissées dans le pays profond, de la Ngounie à l’Ogooué-Maritime en passant par la Nyanga, le Woleu-Ntem, l’Ogooué-Lolo ou encore le Moyen-Ogooué, Alain Claude Bilie-By-Nze est l’atout maître d’un parti présidentiel dont la direction est assurée par un de ses hommes de l’ex- mouvement politique présidentiel créé à la faveur de la présidentielle de 2016 le Mogabo.
Pour le chef de l’Etat, c’est un fidèle parmi les fidèles qui vient d’hériter du poste de premier ministre et donc de directeur de campagne du chef de l’Etat.