Formation professionnelle : un centre de formation aux métiers du textile en gestation au Cameroun
C’est l’une des informations qui ressort d’une audience qu’a accordée le ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle (Minefop), Issa Tchiroma Bakary à une délégation de l’Office marocain de la formation professionnelle pour la promotion du travail.
Le 29 juillet 2022, le ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle (Minefop), Issa Tchiroma Bakary a reçu en audience une délégation de l’Office marocain de la formation professionnelle pour la promotion du travail. Les échanges ont porté sur le projet de création d’un nouveau centre de formation professionnelle aux métiers du textile dans le pays. Un projet qui sera financé par la Banque islamique de développement, et qui, à terme, viendra permettre au pays de disposer d’une main d’œuvre qualifiée dans ce domaine. Ce qui est déjà le cas au vu de la création d’écoles ou centres de formation professionnelle qui produisent chaque année des stylistes, modélistes, coloristes, tullistes, ou encore des prototypistes. L’exemple de l’Institut de beaux-arts de Foumban, ou encore le département de génie textile et cuir, de l’université de Maroua dans l’Extrême-Nord.
Outre la main d’œuvre qualifiée, l’on pourrait entrevoir en cette action la volonté du gouvernement de vouloir booster la production du textile. En effet, seulement 2% du coton camerounais est transformé en produits textiles et vestimentaires. Ce qui est très loin des objectifs fixés par la Stratégie nationale de développement (SND30), sur ce secteur à l’horizon 2030. Il s’agit notamment d’intégrer la transformation industrielle de la fibre locale pour atteindre un taux minimum de 50% à l’horizon 2030 ; développer une industrie de fabrication et de confection des tenues, notamment de sport (maillot, survêtement, basket, etc.), capable de satisfaire au moins 50% de la demande nationale ; et fournir les grands corps de l’État (militaires, policiers et civils), en tenues et équipements vestimentaires incorporant au moins 60% du coton camerounais.
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Paradoxe
Autre aspect non négligeable de la création de cette école: la réduction des importations de matière textile. En effet, le Cameroun dépense en moyenne 80 milliards de Fcfa chaque année dans le cadre des importations de matières textiles. En 2019, le pays a importé 121 935 tonnes de matières textiles pour un montant de 101,71 milliards de Fcfa, soit près de 40 milliards de Fcfa pour importer 73 170 tonnes de vêtements de seconde main. Il s’agit là d’un paradoxe, lorsqu’on sait selon certaines statistiques que le Cameroun pourrait être le 5ème plus grand exportateurs de coton en Afrique, et classé 12ème sur le plan international avec une production qui atteint les 370 000 tonnes à travers son entreprise publique la Société de développement du coton (Sodecoton).
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Selon une source bien introduite dans le secteur, ce paradoxe qui fait du Cameroun un importateur de matière textiles à coup de milliards, pourtant figurant parmi les plus grand producteurs de coton en Afrique, est dû au fait que, le pays ne dispose que d’une seule usine de transformation, la Cotonnière industrielle du Cameroun (Cicam). Une société publique créée en 1965 et principal fabricant de textile dans le pays. « Les produits locaux sont chers, parce que le Cameroun ne dispose pas d’assez d’usines qui assurent la transformation du coton brute en produits finis. C’est pour cela que les pagnes et autres tissus que produit la Cicam sont chers et ne sont pas à la portée de tous les Camerounais, environ 6000 F pour un pagne de 6 yards. Ils vont donc préférer aller se ravitailler à la friperie où avec 1000 F et même 500 on peut trouver son compte » poursuit- il.
Conscient du fait que, le monopole de la Cicam alimente ces importations de matière textile, l’Etat du Cameroun envisage la création d’une deuxième usine de filature du coton, dont la capacité de production annuelle est estimée à 300 000 tonnes, dans le but d’amenuiser ces importations.
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