Filière avicole : les prix du poulet baissent, mais les producteurs déchantent
Les prix du poulet et des produits dérivés enregistrent une légère baisse sur le marché à la satisfaction des consommateurs. Ceci résulte en partie des retombées d’une récente mesure gouvernementale autorisant les importations des produits et sous-produits aviaires, visant à juguler la pénurie qui se prononçait au sein de la filière. Et pourtant, aucune déflation n’est enregistrée sur les prix des intrants qui se sont envolés avec l’avènement de la pandémie de Coronavirus. Les producteurs sont pourtant contraints de faire contre mauvaise fortune bon cœur.
Le marché avicole camerounais retrouve peu à peu sa stabilité. On y observe depuis quelques semaines une tendance à la baisse des prix des produits et sous-produits aviaires, alors qu’au premier trimestre 2021, l’inflation était prononcée et le spectre d’une pénurie rodait au sein de la filière. Tenez, une alvéole d’œufs jadis vendue chez des petits distributeurs à 1900 voire 2000F, coûte désormais 1500F, à la satisfaction du consommateur qui peut se procurer un œuf à 50F, contre 75F naguère chez les petits détaillants. Dans la même veine, les prix du poulet sont en baisse. Au cours des trois premiers mois de l’année, les prix du poulet de 45 jours qui avaient culminé jusqu’à 3700F sont également en nette régression, et oscille désormais entre 2800 et 3200F. Ces indicateurs témoignent en effet d’une légère embellie enregistrée au sein de la filière et confirme que le spectre d’une pénurie de poulets qui planait sur le marché est quelque peu dissipé.
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La baisse des prix observée traduit par ailleurs l’abondance et la disponibilité du poulet sur le marché. Une situation qui résulte à quelque chose près de la vista du gouvernement, qui percevant l’ombre d’une pénurie au sein de la filière, a exceptionnellement autorisé au mois de mars, l’importation d’intrants alors que le Cameroun venait d’interdire l’entrée sur son territoire quatre mois auparavant des poussins d’un jour et des œufs à couver, pour se prémunir de la grippe aviaire apparue en fin d’année dernière dans certains pays d’Europe et d’Asie. « Dans le cadre du développement de la filière avicole camerounaise et de la diversification des fournisseurs d’intrants, j’ai l’honneur d’accepter l’importation de produits et sous-produits aviaires du Brésil, dans le respect des exigences sanitaires et zoosanitaires du Cameroun et du Brésil, selon les normes de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) », écrivait alors le ministre de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales, Dr Taïga, au mois de mars dernier.
Producteurs aux abois
Si la mesure gouvernementale a plus ou moins permis à la filière de retrouver un peu d’équilibre, il n’en demeure pas moins vrai que les difficultés inhérentes aux opérateurs du secteur subsistent. Dans la chaine des valeurs, les distributeurs se frottent peut-être les mains en raison de la disponibilité des poulets, mais les producteurs qui constituent le socle de la filière ne le font pas autant. « La décision du ministre a juste permis d’éviter la pénurie, mais au fond, rien n’a véritablement changé. Les intrants coûtent toujours chers comme c’est le cas depuis que le Coronavirus est arrivé », a confié sous anonymat un producteur indépendant à EcoMatin.
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En effet, en dépit de l’importation des œufs à couver et des poussins d’un jour autorisée par le gouvernement, les prix des poussins n’ont pas baissé. A l’entreprise Agrocam, filiale de la Société des Provenderies du Cameroun (Spc), le prix usine d’un poussin est de 550F, contre 485 il y a un peu plus d’un an. Il en va de même des prix des intrants. « Le sac de démarrage à la sortie de l’usine coûte 18.666F ; la croissance coûte 18.156F ; et la finition, 17.442F. Les prix des aliments ont augmenté d’au moins 2000F par sac depuis que le Coronavirus est là. Ce sont là les prix auxquels nous nous approvisionnons à la Spc », confie notre informateur. Les producteurs continuent de subir les variations des prix des intrants dictées par la pandémie de Coronavirus et espèrent désespérément un retour à la normale.