Face à la pénurie, l’Etat va débloquer 10 milliards au profit de l’Irad pour produire et transformer le blé au Cameroun
Il s’agit d’une instruction du président de la République qui figure dans une correspondance du Secrétaire général à la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh adressée au ministre des Finances, Louis Paul Motaze le 05 juillet 2022.
« Malgré les avancées de la recherche agricole, les moyens financiers (…) très limités ne permettent pas une transformation à grande échelle de la chaîne de valeur du blé au Cameroun». C’est par ces mots que L’Institut de recherche agricole pour le développement (Irad) a conclut sa note de conjoncture publiée en avril 2022. Le bras séculier de l’Etat en matière de recherche agricole, estimait que les moyens mobilisés jusqu’ici par le gouvernement pour la vulgarisation de la culture du blé, ne sont pas conséquents. La donne est sur le point de changer. Du moins si l’on s’en tient aux dernières instructions données par le président de la République à son collaborateur chargé des finances, Louis Paul Motaze.
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En effet, dans une correspondance signée par Ferdinand Ngoh Ngoh, le Secrétaire général de la Présidence de la République, le chef de l’Etat ordonne la mobilisation d’une enveloppe de 10,3 milliards de Fcfa au profit de l’Irad pour la production et le développement du blé. « J’ai l’honneur de vous répercuter les très hautes instructions de monsieur le Président de la République prescrivant d’octroyer, sur une période de 5 ans à l’Institut de recherche agricole pour le développement, une subvention d’un montant global de dix milliards trois cent millions (10 300 000 000) dédiée au développement de la production et de la transformation du blé au Cameroun», peut-on lire dans ce document daté du 05 juillet 2022.
La mise à disposition de cette subvention va se faire de manière échelonnée. Soit 3 milliards en 2022; 2,75 milliards en 2023; 3,1 milliards en 2024; 1 milliard en 2025 et enfin 450 millions en 2026. Bien qu’il ne soit pas encore connu, «le plan Marshall» qui sera mis en place pour relancer la culture et la transformation du blé au Cameroun va certainement s’articuler autour de deux axes principaux. Il va s’agir premièrement de produire des semences de qualité. Noé Woin, directeur général de l’Irad indiquait en ce qui concerne cet impératif qu’il faudrait une quantité faramineuse de semences pour relancer la culture du blé dans les lieux d’expérimentation aménagés dans le cadre du Projet national de structuration et d’accompagnement des producteurs et de la vulgarisation agricole (Prosapva).
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Sur le site de Wassandé, plus précisément sur les espaces aménagés de l’ex-Sodéblé, dont la superficie est estimée à 16 000 ha, il faut environ 160 tonnes de semences pour espérer une relance optimale de la culture du blé sur ces terres. «Pour impacter les importations de blé, il faudrait tabler sur une production locale de 300 000 tonnes de blé. Il faudra environ 160 tonnes de semences pour couvrir les 16 000 ha aménagés dont dispose la Sodeble à Wassande», avait-il déclaré. L’Irad en produit déjà (Irad, Irad 2), mais pas en quantité suffisante faute de moyens financiers. Pourtant, à en croire l’Irad, en ensemençant des superficies couvrant les collines et les montagnes de 700 à plus de 2000 mètres, le Cameroun produirait plus de 400 000 tonnes de blé par an
La deuxième composante de ce plan de relance va consister à la mise en place de structures qui pourront transformer le blé qui sera produit localement. Depuis plusieurs années, le ministère de l’Agriculture et du développement rural essaie de faire renaitre de ses cendres, la Société de développement de la culture du blé (Sodeble) qui produisait de la farine de blé dans les années 80, avant de tomber en faillite. Mais actuellement les efforts de ce département ministériel sont essentiellement dirigés vers la culture de cette céréale, moins vers la réhabilitation des installations de l’entreprise, dont ne subsistent que quelques silos métalliques rouillés.
Pour mémoire, en 2020, le Cameroun a importé 860 000 tonnes de blé pour un coût de 156 milliards de FCFA.
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