Exploitation minière du fer de Mbalam : Sundance traîne le Cameroun en justice
Après le Congo, l’entreprise australienne vient d’ouvrir une procédure d’arbitrage contre le Cameroun au sujet de l’exploitation du gisement de fer de Mbalam.
Entre le Cameroun et Sundance Ressources Ltd, l’heure n’est plus aux négociations. Alors qu’elle avait engagé les démarches pour un règlement à l’amiable du différend qui l’oppose au pays de Paul Biya, la compagnie minière australienne vient d’ouvrir une procédure d’arbitrage contre l’Etat du Cameroun à la Chambre de commerce internationale (CCI) à Paris. Cette décision est annoncée dans un communiqué de l’entreprise qui date du 2 juin 2021. Elle accuse les pouvoirs publics camerounais de refuser de mettre en œuvre le permis d’exploitation attribué à sa filiale camerounaise, Cam Iron S.A., en 2010 pour développer le projet de fer de Mbalam. Une décision qui fait suite à une rencontre entre Paul Biya, et Pierre Oba, le ministre congolais des mines et de la Géologie, au palais de l’unité de Yaoundé le 31 mai dernier.
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« Il nous faut recréer l’harmonie avec nos frères camerounais parce qu’il s’agit de projets d’exploitation conjointe pour continuer la même procédure afin de tirer profit de ces projets » a déclaré au sortir de l’audience l’hôte du palais de l’unité. Envoyé par Denis Sassou Nguesso, Pierre Oba est venu convaincre Paul Biya pour une démarche commune dans l’exploitation de ce minerai transfrontalier qui relie Mbalam et Nabéba. En novembre 2020, le Congo avait retiré à Sundance les droits miniers sur son pendant, pour les confier à la société Sangha Mining, soutenue par des investisseurs chinois. Si l’entente avec le Cameroun se concrétise, cette société pourrait bien récupérer aussi le projet Mbalam et exploiter les deux gisements en synergie, comme le prévoyait initialement la junior australienne.
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Pour l’instant, le Cameroun n’a pas encore résilié son contrat avec la compagnie australienne, mais selon Sundance, cela ne devrait pas tarder. « La position de Paul Biya, concernant ce dossier est en synchronisation avec les mesures prises par son homologue congolais. Cela suggère que le gouvernement du Cameroun est prêt à traiter Sundance de la même manière anarchique que la Société a été traitée par le gouvernement du Congo » explique la compagnie dans son communiqué. « Malgré nos tentatives de bonne foi pour parvenir à un accord négocié, le gouvernement camerounais a refusé de donner effet à notre permis d’exploitation minière et semble maintenant travailler avec le gouvernement du Congo pour nous dépouiller de nos droits sur le projet Mbalam-Nabeba » renchérit Giulio Casello, le PDG de Sundance.
Offre concurrentielle
Pour bien comprendre cet engouement manifeste autour des projets miniers de Mbalam et Nabéba, il faut scruter le cours des prix des matières premières à l’échelle internationale. Les prix du cuivre et du minerai de fer ont atteint un niveau historique. A fin mai, la tonne de minerai de fer a atteint un coût record de 202,65 dollars à la London Metal Exchange (LME), une première selon l’indice de référence compilé par S&P Platts depuis 2008. Selon les analystes de la Deutsche bank, cette tendance haussière n’est pas prête de dégringoler dans les 5 prochaines années. Normal donc que les investisseurs se bousculent. Au moment où il retire sa licence à Sundance, le Congo lui reproche de traîner le pas dans l’exploitation les deux gisements, empêchant d’obtenir les revenus espérés de cette exploitation.
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Pourtant, Sangha Mining à qui la concession est accordée annonce qu’elle débutera l’exploitation d’ici la fin de l’année courante. Elle promet un investissement de 10 milliards de dollars, soit environ 5495 milliards FCFA dans l’exploitation du gisement de fer d’Avima, Badondo et Nabemba. Elle envisage également construire une ligne de chemin de fer jusqu’à Kribi pour le transport des produits minéraliers lesquels seront exportés par la plateforme portuaire. Transport par camions.