Exploitation illégale des forêts : plus de 5000 m3 de bois saisis dans le littoral en 2019
Les Départements de la Sanaga maritime, du Moungo et du Nkam subissent régulièrement des agressions d'exploitants illégaux de bois en grumes. En 2019, 5000 m3 d'essences de bois ont été interceptés par les autorités forestières du Littoral. Un butin certainement en deçà de la réalité face à un phénomène favorisé par la proximité avec le port de Douala.
D’après des chiffres délivrés par la FAO, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, le taux de déforestation au Cameroun se fixe à 0,6% par an, soit 20 000ha annuellement. Avec 22 000 000ha de surface forestière, le Cameroun figure parmi les cinq plus grands exportateurs mondiaux de grumes. Pourtant, une importante production de bois camerounais échappe à la vigilance des pouvoirs publics. 800 000m3 de bois emprunterait annuellement des circuits off-shore, renseigne un cadre du ministère des Forêts et de la Faune (Minfof). La Région du Littoral figure parmi les bassins forestiers victimes d’exploitation illégale d’essences de bois. Les départements du Nkam et de la Sanaga-maritime notamment, «deux départements forestiers soumis à d’énormes pressions forestières», renseigne Francis Durand Nana, le Délégué régional des forêts et de la faune pour le Littoral.
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En 2019, plus de 5000m3 de bois, en grumes, ont été illégalement saisis des forêts du Littoral. Le stock intercepté par les éléments des différentes délégations départementales des forêts et de la faune du Littoral cachent incontestablement un trafic plus dense des espèces de bois des forêts de la Région. Francis Durand Nana reconnaît conséquemment «les moyens limités» de la Délégation régionale des forêts et de la faune pour le Littoral, pour faire face au phénomène de plus en plus grandissant. La coupe illégale de bois fait perdre à l’Etat du Cameroun près de 100 milliards de FCFA par an d’après les chiffres de l’Onadef. La saisie effectuée par la délégation régionale des forêts et de la faune pour le Littoral a permis de récolter au terme d’une vente aux enchères publiques, une enveloppe de 100 millions de FCFA. Nos recherches permettront de découvrir que le m3 de bois en grumes s’écoule sur le marché export entre 50.000 FCFA et 70.000 FCFA, en fonction de l’essence. Les 5000 m3 saisis auraient légalement rapportés 350 millions de FCFA.
Les foyers d’exploitation illégale de bois de la Région du Littoral ont été précisément identifiés, dans la Sanaga maritime et le Nkam essentiellement : Poutkak, Botko, Nsoume, Bakombe 1 et 2, Songmbengue, Ndogndjie, Massok-Songloulou, Ndogmakumak, Nkolmbong, Ntabako, Nkongmalang, Tondè, Ndokbele, Ndokati, Ndokkama, Dibeng, Bonepoupa, Diwong, Yingui etc…..
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La localité de Ngambe, dans la Sanaga maritime a récemment défrayé la chronique du trafic illégal de bois en grumes. C’était le 12 août 2020. Deux grumiers chargés de plusieurs essences de bois coupées illégalement ont été intercepté par des agents de la mairie de Ngambe. La charge provenait de la localité de la localité de Ndogmakumak. Une actualité abondamment relayée par la presse. Dans la même lancée, la Délégation régionale des forêts et de la faune pour le Littoral a enregistré, premier semestre 2020, une saisie de 1500 m3 de bois en grumes, correspondant à 70 millions de FCFA d’entrées après-vente aux enchères publiques.
Parmi les espèces les plus prisées par les exploitants illégaux, Francis Durand Nana cite « l’Ekop Beli », « le Cotali » et « le Tali ». Comme facteur favorisant le trafic illégal de bois en grume dans le Littoral, la proximité avec le port de Douala. La place portuaire de Douala-Bonaberi constitue en effet un débouché en or vers les destinations européennes, asiatiques et américaines. Le Cameroun dispose de 13,7% d’aires protégées. L’Etat du Cameroun s’est fixé un objectif de 15% de surfaces protégées d’ici 20 ans, soit 2,6 millions d’hectares. Le bois figure parmi les 5 produits de rente les plus exportés par le Cameroun. En 2018, les produits sylvicoles ont participé à hauteur de 13,2% dans les recettes d’exportation soit 7,5% pour le bois scié et 5,7% pourvus par les bois bruts en grumes.
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