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Conjoncture

Eximbank China-Cameroun : vers un nouveau mécanisme de financement

Une délégation de l’institution financière chinoise a eu des entretiens avec le ministre de Finances en fin de semaine dernière. Les deux parties sont sur la voie d’un nouveau départ dont les contours conduiront au dégel du déblocage des fonds alloués à certains projets au Cameroun. La révision des accords de dette à des conditions plus souples est également sur la table.

La redynamisation du partenariat stratégique entre le Cameroun et la China Eximbank, était au centre des échanges entre le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, et Li Zhongyu, vice-président chargé de la gestion du risque de cette Institution dont une mission de haut niveau a séjourné au Cameroun du 26 au 29 octobre 2023. Cette mission s’inscrivait dans le cadre de la relance des opérations de mobilisation de financements auprès la banque chinoise d’une part, et visait également à partager la nouvelle vision de la banque pour le financement du développement ainsi qu’à évaluer le risque pays.

Avec Louis Paul Motaze, la délégation chinoise a dressé l’état des lieux du partenariat entre les deux parties, partagé l’expérience en matière de gestion de la dette avec d’autres partenaires au développement, apprécié l’exposition du Cameroun face à ce partenaire. À son tour, le Cameroun s’est approprié les nouvelles orientations stratégiques de la banque en matière de financements des projets.

Il ressort de ce dernier point que l’institution chinoise, auprès de qui le pays est endetté à hauteur de 3000 milliards de Fcfa, soit 60% du portefeuille de la dette bilatérale, a développé un nouveau mécanisme de financement plus adapté au contexte local et aux capacités du pays. Celui-ci constitue désormais la boussole qui va encadrer la mobilisation des financements chez Eximbank China pour plus d’efficacité et de soutenabilité de la dette.

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Avec une enveloppe de créances aussi volumineuse, la délégation de China Eximbank est surtout venue s’assurer que les échéances du Cameroun seront remboursées à bonne date. Car, faut-il le rappeler, de sérieux nuages avaient assombri le ciel entre les deux partenaires du fait du niveau des taux d’intérêt pratiqués par la banque chinoise. En effet, depuis juin 2018, la banque d’import-export de l’Empire du Milieu a suspendu les décaissements de fonds au profit du Cameroun.

Parmi les problèmes qui revenaient le plus, il y avait les lenteurs dans le remboursement de la dette. À titre d’illustration, jusqu’au 21 janvier 2019, le Cameroun n’avait pas toujours réglé le principal et les intérêts courus, chiffrés à 64 milliards de FCFA. Les sommations du créancier chinois n’ont rien changé à la situation. Elle reproche au gouvernement camerounais le non-respect des clauses contractuelles.

le gouvernement, face aux difficultés,  avait même introduit en 2018, une requête en restructuration de sa dette envers la Chine. En réponse à cette demande, le gouvernement chinois a décidé d’annuler la dette issue des prêts sans intérêt, arrivés à échéance en fin 2018, d’un montant d’environ 45 milliards de FCFA. Pour sa part, Eximbank se déclarait prête « à concéder un rééchelonnement du remboursement du principal des prêts concessionnels et préférentiels crédits acheteurs pour la période 2019-2021 ».

 Raison pour laquelle les dirigeants ont mis sur la table le nouveau modèle de financement plus adapté, mais basé sur des mécanismes de remboursement tout aussi souple.   

Ainsi, en dépit de la grande exposition du Cameroun par rapport à leur portefeuille, la Banque a décidé, selon des sources proches du dossier, de lever les hypothèques sur les décaissements bloqués sur certains projets et engager les décaissements sur ce qui doit l’être pour l’avancement et l’achèvement de plusieurs projets. «Nous sommes parvenus à trouver de bonnes solutions pour notre coopération présente et future pour le financement et la conduite des projets ici au Cameroun » témoignait le vice-président d’Eximbank China Li Zhongyu.

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Nombre de projets à problèmes ont connu des avancées. Il s’agit de l’autoroute Kribi-Lolabe. Dans ce projet, China Eximbank exigeait, pour lever la suspension des décaissements, la désignation du concessionnaire chargé de l’exploitation et de la gestion des ressources issues de cette autoroute. Ce qui a été fait déjà. D’autres comme la construction de la phase II du port e eaux profondes de Kribi, l’autoroute Yaoundé-Douala sont en cours de bouclage.

Au-delà des solutions au financement des projets, la délégation chinoise qui est arrivée au Cameroun au lendemain de la signature de la convention fiscale entre le gouvernement camerounais et le gouvernement chinois visant à éliminer la double imposition en matière d’impôts sur le revenu et à renforcer le cadre de lutte contre la fraude et l’évasion fiscale, est aussi venue s’assurer que le climat des affaires est propice à l’investissement pour les privés chinois dans le pays.

Pour mémoire,  China Eximbank est le premier partenaire financier du Cameroun avec un volume d’engagements évalué à près de 3000 milliards de Fcfa et un encours de la dette estimé à 1280 milliards de FCFA. Son intervention a permis la réalisation des barrages hydroélectriques de Memve’ele et Mekin ; la construction des autoroutes Yaoundé-Douala (première phase), et Kribi- Lolabe ; et enfin le développement du Backbone et de la fibre optique.

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