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Entrée en bourse des entreprises publiques : le Cameroun, le Tchad et la RCA toujours attendus au tour de table

20 mois après la forclusion du délai de mise en conformité à ce règlement communautaire, c’est silence radio et ce malgré les multiples rappels de l’autorité de régulation.

C’était l’une des grandes annonces de la semaine internationale des investisseurs organisée au mois d’octobre dernier par la Commission de surveillance du marché financier d’Afrique centrale(Cosumaf). Le régulateur annonçait avoir reçu de l’Etat gabonais de la liste des entreprises qu’il souhaite introduire à la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale(Bvmac). Il s’agit de la Société Commerciale Gabonaise de réassurance (SCGRé), la Gabon Power Company et la Façade Maritime du Champ Triomphal. Trois entreprises stratégiques dont les actions, une fois cotées viendront sans doute participer à la dynamisation du marché financier sous régional. « Maintenant qu’on connaît les sociétés, il faut qu’on aille vers elles pour leur expliquer comment venir à la côte de façon éclairée afin que leur introduction soit un succès » précisait L’Ambassadeur Nagoum Yamassoum, président de la Cosumaf. Le Gabon vient ainsi s’ajouter au Congo et à la Guinée Equatoriale qui se sont déjà conformées au règlement Cemac relatif à l’introduction en bourse d’entreprises à participation publiques. Il s’agit respectivement de Banco Nacional de Guinea Ecuatorial (BANGE), Guinea Ecuatorial de Telecominicationes (GETESA) ; Sociedad de Electicidad de Guinea (SEGESA) pour la Guinée Equatoriale et Energie Electrique du Congo (E2C), La Congolaise des Eaux (LCDE) Centrale Electrique du Congo (CEC) pour le Congo.

Retardataires

Réunis le 2 octobre 2019 à Yaoundé, les membres du Comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac) avaient en effet adopté le règlement relatif à l’introduction en bourse des participations des États et de leurs démembrements, dans les entreprises exerçant dans la Cemac. Selon ce règlement, dont le but est de dynamiser la bourse unifiée conformément à l’article 8 de l’Acte additionnel du 19 février 2018, les États membres de la Cemac avaient jusqu’au 19 février 2020, pour « procéder à la cession partielle ou totale en bourse de leurs participations dans le capital d’entreprises publiques, parapubliques, ou issues de partenariat public-privé, notamment dans le cadre de programme de privatisation ». Seulement, 20 mois après la forclusion de ce délai, 3 Etats traînent encore le pas. Il s’agit du Cameroun, le Tchad et la République Centrafricaine.

Selon nos sources, l’Etat camerounais, envisage céder une partie de ses actions détenues à la CBC. L’autorité de tutelle ne s’est pas encore officiellement prononcée dessus, mais l’information a été confirmée par Léandre Djummo, le Directeur Général de cette institution financière détenue à 98% par l’Etat. Au-delà de cette annonce aucune action concrète n’a été engagée auprès des autorités sous régionales. Une situation pour le moins inquiétante, preuve que la première économie de la Cemac supposée impulser cette dynamique ne joue pleinement pas son rôle. « C’est un très mauvais signal que le Cameroun envoie ; je rappelle que le Cameroun est le pays siège de la bourse et les deux directeurs généraux nommés sont camerounais » commente un acteur du marché. Au ministère des finances, c’est un sujet presque tabou. Sur le cas du Tchad et de la RCA, les foyers de tensions sécuritaires semblent être des freins à la mise en conformité de ces pays au règlement communautaire apprend-t-on.

Transparence

Qu’il s’agisse du Cameroun ou même de la quasi-totalité des pays de la Cemac, lesz entreprises publiques ont tous des maux communs. « Les conditions d’entrée en bourse sont particulièrement rigides », commence un haut responsable de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac). Qui poursuit : « Pour entrer en bourse, l’entreprise doit être rentable, toute son information financière doit être disponible ; il faut qu’elle ait dégagé des bénéfices sur les 3 précédentes années ; qu’elle ait distribué des dividendes au moins une fois sur les trois précédentes années…Dans tous les pays de la sous-région, les entreprises publiques remplissent rarement tous ces critères. Il y en a seulement quelques-unes, notamment celles qui ont des capitaux étrangers, qui peuvent atteindre un tel niveau de transparence ». Le mal est donc lâché. Mais pour les autorités sous régionales la difficulté réside donc dans l’application de ce règlement communautaire qui a valeur de traité international. « « C’est un règlement non contraignant, puisqu’il n’est pas assorti de sanctions en cas de non application. Donc les Etats prennent leur temps. Et c’est l’une des faiblesses majeures de ce règlement : on ne peut pas demander aux Etats d’amener leurs entreprises en bourse, sans les y contraindre aux moyens de sanctions » explique notre source. En attendant la Cosumaf multiplie des appels sans véritable « Nous ne pouvons pas faire autrement. Nous n’avons pas de moyens sur les Etats donc on leur rappelle juste leurs engagements » explique le président de la Cosumaf.

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