Énergie électrique : bras de fer entre Eneo Cameroon et l’Aseelec
Alors que le concessionnaire qualifie d'illégale la grève déclenchée depuis le 18 novembre 2022 par cette association de prestataires, cette dernière persiste et signe concernant des paiements non-réglés par Eneo datant de 7 ans. Le Ministre de l'eau et de l'énergie a été saisi pour arbitrage par le Directeur général d'Eneo Cameroon.
Nouvelles tensions entre Eneo Cameroon (Energy of Cameroon) et l’Aseelec (Association des sociétés d’électricité et eau du Cameroun). Après la poussée de fièvre de mai 2022, ces deux partenaires ont engagé un énième bras de fer portant sur leur relation contractuelle. Dans un récent avis publié et signé par Simon Lapnet, le président national de cette association, l’Aseelec annonçait « un arrêt des travaux sur tous les réseaux électriques à partir du 18 novembre 2022 sur l’étendue du territoire national ». Lors d’une conférence de presse organisée dans la capitale politique Yaoundé, les responsables de l’Aseelec ont, comme en mai 2022, dévoilé les raisons de cette suspension: le non-paiement des arriérés de prestations s’étendant sur la période 2015-2020. Arriérés arrêtés à une enveloppe de plus de 5 milliards de FCFA.
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Informé de cette situation délicate, Patrick Eeckelers, le Directeur général d’Eneo Cameroon a adressé, ce 16 novembre 2022, une correspondance au ministre de l’Eau et de l’Energie, Gaston Eloundou Essomba, avec pour objet « mouvement de grève et menace sur la paix sociale et la continuité du service électrique ». Tout en marquant « sa surprise » face à la démarche de l’Aseelec, le manager la juge « inopportune et manifestement illégale ». Patrick Eeckelers évoque quatre raisons principales dont deux apparaissent fondamentales: « Eneo Cameroon n’a reçu aucune notification préalable de ce mot d’ordre de grève, Eneo Cameroon ne connaît pas les motifs de cette grève », renseigne-t-il.
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Ce dernier indique par ailleurs, d’après les informations reçues, le point de désaccord, malgré les séances de travail tripartites successives réunissant autour du ministre de l’Eau et de l’Energie, les deux partenaires. Selon Patrick Eeckelers, le principal point d’achoppement porte sur les prix des branchements BT et l’appel d’offres y relatif: « les opérateurs orchestrateurs du débrayage, las de ne pas obtenir de leurs pairs la mobilisation souhaitée, envisageraient de s’en prendre aux autres entreprises qui continuent de travailler sereinement. Ce qui renforcerait la posture déstabilisatrice qui est la leur », justifie le Directeur général. N’évoquant aucunement, dans sa sortie, la question des prestations impayées soulevées par l’Aseelec.
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Ce dernier d’ajouter que « la question des prix des branchements a été tranchée de manière transparente à travers un appel d’offres compétitif ouvert à tous et auquel des membres de cette association ont postulé et ont été adjudicataires au prix du marché qui en a découlé ». Rappelons qu’au terme de cet appel d’offre lancé par Eneo Cameroon, 10 entreprises ont été retenues: « Le nouveau contrat aligne le paiement des prestations de branchements simples sur les conditions des autres opérations simples d’intervention chez les clients. Pour les opérations de construction de branchements qui nécessitent des poteaux ou qui se font au-delà de 25 km de l’agence, un bonus est appliqué », termine Patrick Eeckelers sur ce point.
C’est à l’évidence, le grand statu quo entre l’entreprise de production et distribution de l’énergie électrique au Cameroun et ces prestataires décidés à obtenir gain de cause. On annonce pour les prochaines heures, une réunion de crise autour du Minee.