Eneo a besoin de 500 milliards FCFA pour des investissements sur 12 ans
L’entreprise chargée de la distribution de l’électricité au Cameroun fait savoir que la mobilisation d’un tel volume de financements nécessite des mesures d’accompagnement de l’Etat camerounais.
La hausse de 4% du chiffre d’affaires (298,5 milliards de FCFA) d’Energy of Cameroon (Eneo) en 2018 cache un certain nombre de défis que connait l’entreprise. Pour atteindre la pleine capacité de ses performances, le concessionnaire du service de l’électricité au Cameroun doit mobiliser des ressources importantes pour ses investissements au cours de la prochaine décennie.
« Pour les douze prochaines années, il est prévu un investissement de près de 500 milliards de FCFA dont plus de la moitié dans la réhabilitation, le renforcement et l’extension des réseaux de distribution. La mobilisation d’un tel volume d’investissement requiert des mesures d’accompagnement qu’eneo a sollicités auprès du gouvernement », écrit le concessionnaire dans son rapport d’activités 2018, rendu public ce mois d’octobre.
En attendant que ces mesures soient mises en place, et compte tenu de la situation financière critique dans laquelle elle se trouve aujourd’hui, Eneo compte dans une première phase poursuivre « les efforts mis en œuvre pour améliorer ses performances opérationnelles (rendement de distribution, taux de recouvrement, réduction des pertes, etc.), rétablir les grands équilibres de ses comptes, rembourser sa dette et financer ses investissements ». Dans une seconde phase, apprend-on, l’accent sera mis sur l’accélération des investissements avec le nouveau plan 2019-2031. En plus du financement externe, Eneo devra mobiliser l’autofinancement dont les deux principales sources sont le tarif d’électricité et le paiement des consommations de l’Etat et ses démembrements.
Par ailleurs, le recouvrement des créances reste une contrainte majeure dans sa politique de mobilisation de ses ressources financières. Les dettes dues au distributeur de l’électricité par ses clients se chiffrent à un peu plus de 191 milliards de FCFA, à la fin de l’exercice 2018. Dans ce montant, le paiement de plus de 75,5 milliards de FCFA est considéré comme hypothétique. L’entreprise ne disposant pas d’assez de moyens de coercition vis-à-vis de ses plus gros débiteurs. Il s’agit premièrement de L’État qui a une dette de près de 39 milliards de FCFA, dont un impayé de 11 milliards de FCFA de la défunte Camerounaise des eaux (CDE) endossé après la renationalisation du service de la distribution de l’eau potable. On a également de grandes entreprises telles qu’Alucam (près de 6 milliards de FCFA) ou encore la Sonara (1,4 milliard de FCFA) qui figurent aussi parmi les plus gros insolvables.