Emprunt obligataire 2022 : détails autour des 235 milliards mobilisés par le Cameroun dans la Cemac
Le Cameroun dépasse ainsi son objectif initial de 200 milliards.
À la recherche de 200 milliards de FCFA sur le marché financier de la Cemac pour financer des projets de développement pour l’exercice 2022, l’Etat du Cameroun s’est finalement vu proposer la somme de 239 milliards de FCFA. L’information est contenue dans un communiqué du ministre des Finances datant du 27 mai et qui présente les résultats de l’opération, sous réserve de la validation de la Cosumaf. On y apprend qu’avec l’ouverture des souscriptions auprès des agents placeurs, le trésor public a atteint un taux de couverture de 119% mais ne retiendra finalement que 235 milliards.
Prise ferme
Le dépassement de l’objectif de 200 milliards n’est guère une surprise quand on sait qu’avant même l’ouverture des souscriptions le consortium d’arrangeur retenu avait déjà garanti une prise ferme de 180,5 milliards de FCFA. Selon les données consultées par EcoMatin, Afriland Bourse and Investment a apporté 21,50% de la prise ferme grâce à son réseau de preneurs composé de Afriland First Bank(35 milliards), CBC (5 milliards) et CCA Bank(3 milliards). Société Générale Capital Securities avec en 2e position avec 42,5 milliards servis grâce au concours de Société Générale Cameroun, Allianz Cameroun, AXA Cameroun, SG Tchad, SG Congo et SG Guinée Equatoriale. Upline Securities central Africa arrive en 3e position avec 17% du montant (Bicec, SUNU Assurances Vie, CNPS), suivi de BGFI Bourse, ASCA et AFG Capital qui grâce à leurs banques respectives ont chacun injecté 20 milliards dans la prise ferme.
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Avec l’ouverture des souscriptions auprès des agents placeurs, c’est 58,5 milliards de FCFA qui ont été collectés auprès des autres catégories d’investisseurs que sont les compagnies d’assurance, les microfinances, les ménages. « Fort de ce résultat satisfaisant, obtenu dans un contexte économique difficile, marqué notamment par l’incertitude des marchés financiers, le relèvement des taux directeurs des banques centrales et le renchérissement du coût de crédits, le Ministre des Finances, exprime sa profonde gratitude à la communauté des investisseurs qui a massivement souscrit à l’emprunt obligataire de l’Etat du Cameroun ainsi qu’aux autres parties prenantes pour leur accompagnement. Cette forte adhésion, s’il en était encore besoin, témoigne de la confiance des investisseurs en la signature du Cameroun, qui honore toujours à bonne date ses engagements financiers » écrit Louis Paul Motaze.
Surallocation
Selon le document d’information de l’emprunt, en cas de sursouscription, le pays avait deux options : « demander l’autorisation de la Cosumaf pour absorber totalement ou partiellement la sursouscription, ou de procéder, avec l’arrangeur chef de file à une réduction des souscriptions en retenant en priorité les souscriptions des personnes physiques et des personnes morales non bancaires » peut-on lire. C’est plus la première option a été choisie par les autorités compte tenu des besoins de trésorerie exprimés. « Les besoins du Cameroun vont au-delà de 200 milliards FCFA. Nous pouvons également mettre en œuvre d’autres instruments financiers dans les limites autorisées par la loi de finances 2022 » rappelait Louis Paul Motaze lors de la tournée de sensibilisation auprès des investisseurs de Douala.
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Les 235 milliards collectés à travers cette opération serviront à réaliser des projets d’infrastructures dans le pays. À en croire les détails contenus dans la note d’information, la plus grosse enveloppe sera allouée aux infrastructures routières. L’État du Cameroun entend y injecter un peu plus de 141 milliards de FCFA. Parmi ces projets, on compte, les travaux de la phase 1 de l’autoroute Yaoundé Douala (17 milliards), les travaux de désenclavement du bassin agricole de l’Ouest(8 milliards), le bitumage des routes communales de Meyomessala, le bitumage des routes Mengong-Sangmélima (5 milliards), Foumban-Koupa Matapit (2 milliards), Awae Esse(6 milliards), Ekondo titi Kumba(3 milliards)… Les travaux d’aménagement urbain devraient quant à eux engloutir 19 milliards de FCFA, contre 17,4 milliards de FCFA pour les infrastructures énergétiques et d’adduction d’eau potable. Ici par exemple, on compte parmi les projets éligibles les travaux d’aménagement hydroélectrique de Memve’ele (5 milliards), les travaux de construction de l’usine de pied du Barrage de Lom Panga r(7 milliards), la construction d’une ligne de transport 400 kv Nachtigal- Bafoussam (1 milliard), les travaux de sécurisation foncière des corridors de lignes du projet de Renforcement et stabilisation des réseaux de transport d’électricité de la ville de Yaoundé (2,4 milliards)… Les travaux d’extension du Port en Eau Profonde de Kribi (Phase 2), réalisés sous la coupole du ministère des Travaux engloutissent quant à eux un peu plus de 15 milliards de FCFA, tandis que 4,5 milliards sera affecté au programme de reconstruction de la Région de l’Extrême-Nord.
René Ombala