Développement local: l’Etat central résiste toujours à la décentralisation
Avec seulement une dotation de 100 millions de FCFA par collectivité territoriale décentralisée pour cet exercice budgétaire, le financement de la décentralisation au Cameroun reste à dose homéopathique.
Peut-être n’est-il pas encore assez suivi. En effet, il y a comme une nette impression que la volonté politique exprimée par le président de la République d’accélérer le processus de la décentralisation au Cameroun a du mal à être traduite en actes concrets significatifs. « Des mesures seront prises dans les meilleurs délais pour accorder aux collectivités territoriales de notre pays les compétences qui leur permettront de prendre une plus large part dans la gestion des affaires locales », avait pourtant précisé Paul Biya dans son message de fin d’année 2018. Et déjà un mois avant, plus précisément le 06 novembre 2018, lors de sa prestation de serment, le chef de l’Etat Paul Biya qui venait d’être réélu pour un mandat de sept ans à la tête du pays, affirmait que le renforcement de la décentralisation fera partie des priorités de « ce septennat des grandes opportunités ».
La décentralisation étant pour le président Biya, une réponse idoine aux revendications fédéralistes et sécessionnistes promues par des leaders politiques et séparatistes. Ainsi, « le désir maintes fois exprimé, de nos populations d’être mieux associées à la gestion de leurs affaires locales, nous a conduit à prendre des mesures nécessaires pour accélérer le processus de décentralisation », reconnaissait-il. On s’attendait donc à des actes forts significatifs dès cet exercice budgétaire à l’endroit des collectivités territoriales décentralisées.
Mais que non ! Certes une dotation spéciale de 100 millions de FCFA est prévue au bénéfice de chacune des 360 communes que compte le Cameroun, soit en tout 360 millions de FCFA à se partager. Ce qui est une grande première au Cameroun. Car, de tels financements directs au profit des communes ne pouvaient venir que de la dotation générale de la décentralisation dont la mise à disposition fait toujours problème de l’avis des exécutifs municipaux. Mais les 360 millions que vont bénéficier les communes pour cet exercice budgétaire, même si ce n’est pas encore assez, restent néanmoins une véritable bouffée d’oxygène pour certaines communes rurales enclavées qui ne pas s’assurer de disposer d’elles-mêmes d’une telle enveloppe. Les communes devront donc encore se résoudre à compter d’abord sur elles-mêmes pour financiers leurs projets. Pour cela, elles devront compter sur le dynamisme de leurs exécutifs municipaux pour tirer profit des innovations contenues dans la loi des finances 2019. C’est le cas notamment du relèvement des taux de certains prélèvements comme la taxe d’abattage qui passe de 2,5% à 4%, la taxe de séjour pour les établissements meublés et autres gîtes qui passe de 500 FCFA par nuitée à 2 000 FCFA. Tout comme les droits d’enregistrement des commandes publiques dont le montant augmente de 2 à 3 % pour les marchés publics, de 2 à 5 % pour les lettres commande, de 5 à 7 % pour les bons de commande.
Il y a aussi le relèvement du minimum de perception du droit d’accises sur le tabac, une mesure d’accompagnement de la politique de lutte contre le tabagisme. La perception de ce droit d’accises qui peut être bénéfique pour la fiscalité locale passe désormais de 3500 FCFA/1000 tiges à 5000 FCFA/1000 tiges. Tout comme le relèvement de la taxe d’abattage des produits forestiers qui sera désormais de 4% au lieu de 2,5%. Les communes pourraient aussi compter sur l’appui qui pourrait venir du ministère de la Décentralisation et du Développement local qui dispose pour cet exercice budgétaire d’une enveloppe de 45,7 milliards de FCFA. L’on n’oublie pas aussi les transferts des ministères sectoriels dans le cadre des différents transferts de compétences.