Des navires transportant du blé bloqués au Port de Douala par le Minsanté
Manaouda Malachie exige des importateurs et exportateurs, conformément aux textes en vigueur, la présentation préalable avant déchargement, du certificat de conformité sanitaire et de l'autorisation de mise à la consommation humaine des produitsalimentaires d'hygiènes, cosmétiques et dérivés. Implicitement visés par cette formalité, les meuniers redoutent une aggravation de la crise du blé, une pénurie de la farine ou une suspension de la production dans ce secteur.
Alors que la crise du blé bouleverse les cours du marché international du fait de la crise Russo-ukrainienne, l’actualité camerounaise autour de cette céréale est tapageuse. Des navires transportant la précieuse graine sont interdits de déchargement de leur cargaison au Port de Douala. D’après les sources au sein du groupement des meuniers du Cameroun, ce blocus date d’environ deux semaines. Une formalité du Ministère de la santé publique exigeant la présentation préalable avant déchargement d’un certificat de conformité sanitaire et d’une autorisation de mise à la consommation humaine est à l’origine de cette perturbation. Les meuniers du Cameroun redoutent les conséquences négatives de la Circulaire signée le 12 août 2022 par le Ministre de la santé Manaouda Malachie. D’après la Circulaire ministérielle relative à l’application des textes fixant les modalités de contrôle sanitaire des produits alimentaires d’hygiènes, cosmétiques et dérivés aux portes d’entrée du Cameroun, les importateurs et exportateurs devrait systématiquement se munor de ce document en application des dispositions législatives et réglementaires en vigueur.
Manaouda Malachie cite successivement l’Art. 1 alinéa 2 de la loi du 13 novembre 1964 portant protection de la santé publique qui dispose que « les mesures à observer en matière de police sanitaire aux frontières, sur les côtes, dans les ports, aérodromes, gares ferroviaires, hôpitaux, lazarets, cimetières et autres lieux publics ou privés, ainsi que lors des sépultures ou incinération »; l’Art. 16 Alinéa 1 de la loi du 6 mai 2011 portant loi-cadre sur la protection des consommateurs qui prévoit: « toute technologie ou bien produit localement ou importé doit être inspecté, testé, mesuré par l’autorité compétente afin de s’assurer qu’il est propre à la consommation et qu’il respecte les normes nationales sur la santé, l’environnement, et la sécurité » ; l’Art 72 du Décret du 4 avril 2013 portant organisation du Ministère de la santé publique instituant un bureau de la réglementation, de l’homologation et de la technologie de traitement; et l’Arrêté du 4 avril 201r fixant les modalités d’inspections et contrôles des marchandises par les services techniques de l’État au port de Douala. Invitantes acteurs du commerce extérieur « à se rapprocher de la Direction de la promotion de la santé Ministère de la santé publique pour les modalités d’obtention desdits documents ».
En réalité, la circulaire du 12 août 2022 adressée aux responsables des postes de santé aux frontières au Cameroun, visait les produits éclaircissants, au plus fort de la polémique concernant les méfaits desdits produits sur la santé publique. Toutefois, tous les produits implicitement cités par la Circulaire, dont le blé, sont concernés. La mesure intervient dans un contexte marquée par des difficultés d’approvisionnement des acteurs de cette filière, mais également par une rareté de cette céréale essentielle pour la fabrication de divers produits de consommation. D’où les inquiétudes formulées par les meuniers du Cameroun qui craignent une aggravation de la crise du blé, une pénurie de farine, voire un arrêt d’activités de certaines unités de production: « au Ministère de la santé, on semble ne pas prendre la mesure de ce blocage. Le blé est rare et coute cher, et lorsqu’on réussit à en acheter, on ne peut pas se faire livrer. Quel amateur va accepter de venir au Cameroun si à chaque fois il faut débattre sur le déchargement d’un navire », déplore un importateur.
Ce dernier, exprimant le sentiment des acteurs de ce secteur, précise par ailleurs que « leur matière première subit des analyses de diverses natures par l »Anor, avant embarquement avec le Pecae, et les agents du Minader une fois arrivé au port de Douala. De plus notre matière première nest pas mise à la consommation à l’état brut. Pourquoi nous demander l’autorisation de mise à la consommation humaine sur un produit qui subit une transformation encadrée par une norme camerounaise de la farine qui en est fortifiée », s’interroge-t-il. Il est important de relever que le Cameroun a importé 980.000 tonnes de blé en 2021 (neuf cent quatre-vingt mille), pour environ 200 milliards de FCFA . Du fait de la crise Russo-ukrainienne, le gouvernement camerounais a autorisé depuis le 16 novembre 2021, une décote de 80% sur le montant du fret à intégrer dans la valeur en douane des marchandises importées par voie maritime. Parmi lesquelles figurs le blé et autres produits de meunerie.
Relevons au passage que les Douanes Camerounaises, le Port autonome de Douala de Douala et la Société générale de surveillance indiquent ne pas être directement concernés par la situation de blocage de déchargement
des navires au port de Douala. Pourtant, notre source indique que la corporation a sollicité du Ministre de la santé publique, une autorisation spéciale déchargement, en vain: « nous l’avons sollicité pendant que ses équipes font les prélèvements pour effectuer leurs analyses. Nous avons communiqué la liste des navires attendus afin qu’ils soient bien identifié. Aucune suite n’est donnée à notre lettre ce jour », ajoute la source. Pis, on apprendra également que
les agents du Poste de santé du port de Douala, se basant sur un document de 2012, exige le paiement de 250 FCA/la tonne de blé pour faire des analyses. La lettre circulaire du Minsante est de 2022, ils veulent la soumettre à des tarifs de 2012″, s’indignant.