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Denrées alimentaires : disparités entre les prix homologués et les pratiqués

Au sortir des entrepôts pour l’approvisionnement des marchés, les produits de grande consommation sont distribués en deçà des prix officiels définis par le ministère du Commerce mais subissent des hausses sur les étals des détaillants, au grand dam du consommateur.

Dans ses notes de conjoncture sur l’évolution des prix à la consommation finale des ménages dans les villes Yaoundé et de Douala, publiées le 24 mars dernier, l’Institut National de la Statistique (INS) révèle que les prix des produits alimentaires repartent à la hausse pour le compte du mois de février en comparaison à janvier 2021. Dans la capitale politique, cet indice a augmenté de 0,3% en raison d’un rebond des prix des produits alimentaires (+0,7% contre -0,1% en janvier), tandis qu’à Douala, l’indice a évolué de +0,1%, en raison de la hausse de l’ordre de +0,5% des prix des produits alimentaires. « En moyenne sur les douze derniers mois, le niveau général des prix augmente de 1,9% » à Yaoundé pour un taux d’inflation de 1,0 %, tandis qu’à Douala le niveau général des prix sur les douze derniers mois a augmenté de 2,2%, et le taux d’inflation est de 1,6%.

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Ces données abondamment relayées par la presse en ont rajouté aux spéculations de plus en plus persistantes au sein de l’opinion sur la hausse des prix de certaines denrées alimentaires, et surtout de certains matériaux de construction. Donnant lieu par conséquent à diverses conjectures autour d’une pénurie éventuelle des certains produits de grande consommation à l’échelle nationale. Le ministère du Commerce, dans son rôle de gendarme du marché, a procédé jeudi dernier à une descente illico presto dans quelques marchés et surfaces de grandes distributions pour s’assurer de la stabilité des prix, et de la disponibilité des stocks.

La caravane conduite par Luc Magloire Mbarga Atangana a fait une halte dans l’entrepôt de l’entreprise Sorepco (Société de Représentation et de Commerce), distributrice des produits alimentaires, où on a pu se rendre à l’évidence des stocks d’aliments disponibles, en l’occurrence le riz. « Nos prix sont inférieurs aux prix homologués. Nous vendons un sac de riz chinois de 50kg au prix de gros à 16 500 F, alors que le prix homologué est de 17 500 F », a assuré Jean Bosco Nzeuguem, responsable Centre-Sud-Est de cette société. Et le patron du maroquin du Commerce de renchérir : « le kilogramme chez les petits commerçants est de 320 F, et notre rôle est de nous assurer qu’ils ne vont pas au-delà », poursuit Luc Magloire Mbarga Atangana. Seulement, à l’épreuve des faits, il existe toujours une disparité entre les prix homologués et les prix pratiqués sur les étals, et c’est le consommateur qui en paie le prix fort.

Tenez, dans certaines grandes enseignes, un sac de riz de 50kg, au prix homologué de 16 500 coûte jusqu’à 19 000 F, tandis que le kilogramme est commercialisé à 400F chez les petits commerçants, soit une marge de 22% en plus sur le prix homologué. Le kilogramme de maquereau, l’un des poissons les plus prisés dans les ménages, coûte au-delà de 1 200F, et oscille entre 1300 et 1 400F. Il va sans dire que les prix des produits sont ajustés à l’annonce de la descente du ministre du Commerce dans les marchés, mais repartent aussitôt à la hausse, dès qu’il a tourné le dos. Ce qui requiert une veille permanente des équipes du ministère, en l’occurrence la brigade nationale des contrôles et de la répression des fraudes sur les prix de produits.

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Encadré

La Covid-19 et le paradoxe de la disponibilité des stocks

On se serait logiquement attendu à une pénurie sur le marché en raison de la pandémie du Coronavirus, la plupart des pays fournisseurs du Cameroun ayant resserré l’étau autour des exportations, En dépit de tout, les perspectives sont plutôt rassurantes à en croire le ministre du Commerce. « La crise sanitaire s’accompagne des difficultés d’approvisionnement sur le marché international où les prix se sont envolés avec une augmentation de l’ordre de 40% à cause du confinement, en plus du taux de fret maritime qui a augmenté de 10%. Les pays producteurs ont privilégié l’approvisionnement local sur les exportations. A titre d’exemple, la Russie qui est notre principal fournisseur de blé a décidé de limiter ses exportations et a même imposé une taxe à l’importation, en raison de la pandémie », a indiqué Luc Magloire Mbarga Atangana.

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Les industriels locaux en subissent les affres, mais doivent se conformer à leur corps défendant au cadre réglementaire édicté par le gouvernement. « Nous ne connaissons pas de problème de pénurie, mais les coûts ont changé à l’importation du blé. C’est une pilule amère, mais nous avons un rôle social. Nous essayons de travailler dans les marges. C’est difficile. Le Conseil international des céréales a annoncé que la récolte cette année sera bonne, et nous osons espérer que le prix de la farine va baisser », déchante Christophe Essouga, responsable de la production à la boulangerie “Calafatas” à Yaoundé.

Le Cameroun parvient miraculeusement à résister aux fluctuations du marché international, et aux aléas de la crise sanitaire, même s’il peine toujours à s’assurer une sécurité alimentaire à tous les niveaux. « Il n’y a pas de rupture de stocks parce que nous avons anticipé. Quoiqu’il en soit, le marché ne court aucun risque de pénurie sur le riz, le poisson, le sucre. Le Cameroun tient le bon bout, tant au niveau de la disponibilité qu’au niveau des prix », rassure le ministre du Commerce.

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