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Cybercriminalité : la réponse du gouvernement au scanner

La cybercriminalité est en forte expansion au Cameroun. Administration publiques, entreprises, banques et personnes physiques continuent d’en payer le prix malgré des efforts du gouvernement pour endiguer le phénomène.

Le Cameroun est en croisade contre la cybercriminalité. Le ministre des Postes et Télécommunications (Minpostel), Minette Libom Li Likeng, mène une campagne d’envergure nationale pour la promotion de la culture de la cyber-sécurité et la sensibilisation à l’usage responsable des réseaux sociaux. La sensibilisation et la répression sont au cœur des stratégies nationales mises en œuvre pour lutter contre la cybercriminalité. En la matière, la somme des discours publics tenus depuis 2016 se réfèrent à l’usage des TIC à des fins de propagande, des attaques ciblées contre des hautes personnalités de la République et les fausses nouvelles. C’est ainsi que 13 juillet dernier, le ministre de la Communication et son homologue des Postes et Télécommunications, animaient une conférence de presse à Yaoundé sur le thème «Dérives médiatiques, la désinformation, le discrédit de l’action gouvernementale et des hautes personnalités dans les réseaux sociaux». Au plus fort de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, le gouvernement a pratiqué la plus longue censure d’Internet jamais enregistrée dans le monde en privant ces deux régions de connectivité pendant trois mois, entre janvier et avril 2017. Une autre illustration des plus marquantes du point d’honneur que met le gouvernement camerounais à combattre ces tares est la sortie du président de l’Assemblée nationale  le 10 novembre 2016, lors de l’ouverture de la session parlementaire,  avait qualifié les internautes de «félons du cyberespace» et les médias sociaux de «terroristes».

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 Depuis 2010, des lois régissent la cyber-sécurité et la cybercriminalité, ainsi que les communications électroniques au Cameroun. La propagation de fausses nouvelles par voie électroniques et l’apologie de terrorisme, par tout canal visant à atteindre le plus grand public, sont sanctionnées de peine d’emprisonnement allant de 15 à 20 ans par la loi de 2014 portant répressions des actes de terrorisme. Les auteurs de fake news encourent quant à eux 6 mois à 1 an de prison et des amendes pouvant atteindre 1 million de francs CFA selon le Code pénal. Pourtant, le pays a bien du mal à dissuader les lanceurs de fausses nouvelles, et bien, pire, les actes de cybercriminalités prennent des proportions inattendues, passant de la piraterie de site, utilisation de logiciels espions au cyber-braquage.  

Entre 2015 et 2017, l’Agence nationale des technologies de l’information et la communication (Antic) a recensé plus de 300 cas d’attaques cybernétiques. Cela concerne les piratages informatiques de sites gouvernementaux (Web defacement, infection par des programmes malveillants, saturation de serveurs, attaques de type force brute), le scamming, la fraude à la carte bancaire et à la Simbox.

Nul n’échappe aux hackers. En 2015, le site de la présidence de la République a connu un piratage informatique. Plus tard en le 24 juin 2020, c’était au tour du site d’Elections Cameroon de subir des telles malveillances ; une photo de l’opposant Maurice Kamto le poing en l’air y avait été publiée avec comme message « la vérité doit prévaloir c’est juste une question de temps ». Les Banques camerounaises sont fréquemment victimes de ces informaticiens d’un autre genre et préfèrent ne point faire de bruits sur cette réalité. Des attaques perpétrées contre la Société camerounaise des banques et le crédit communautaire d’Afrique, entre 2016 et 2019, a généré des pertes de plus de 924 millions de Francs CFA. La publication des résultats des enquêtes menées pourrait faire grimper le bilan.   D’autres exemples tout aussi parlant concernent les administrations camerounaises qui ont accusé plus de 14 milliards de FCFA de manque à gagner en 2014 du fait de la cybercriminalité. En 2012, la compagnie aérienne nationale Camair-Co a perdu 2 millions FCFA en vente de billets ; Ecobank s’est fait hacker 43 comptes en 24 heures avec 3 milliards de FCfa, l’opérateur Mobile Telecommunications Networks (MTN) a perdu un 1,8 milliard d’envoi de crédits

Selon l’Antic, les fraudes à la carte bancaire ont induit des pertes de plus 3,7 milliards de FCFA ; des sommes tout autant élevées, mais non précisées, ont été enregistrées à la suite de fraude à la Simbox. S’agissant des arnaques sur Internet, l’Agence estime à 4 milliards de FCFA les pertes induites.

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Peu d’emphase sur la sécurité

Les sites internet au Cameroun présentent des failles de sécurité qui les rendent vulnérables au piratage informatique. Selon les données de l’Antic, chacun d’entre eux présentait environ 132 vulnérabilités. Ce qui représentait un total de 10 982 vulnérabilités enregistrées au bout de 83 scans. « Cette situation trouve vient de ce que les développeurs n’insistent pas sur le volet sécuritaire. Ils lésinent sur la série de textes à effectuer pour évaluer le niveau de sécurité du site ; Sur le volet technique, il y a des outils qu’on utilise afin de se conformer aux normes de sécurité, et trop souvent, ils ne le font pas », souligne Olivier K. développeur Web.

Un rapport publié en 2011 par McAfee, une société de sécurité informatique basée aux Etats-Unis, indique l’extension «.cm» fait partie des cinq noms de domaine les plus risqués de la planète avec un taux de risque de 36,7% sur environ 27 millions de noms de domaines analysés. Ce qui contribue à fragiliser d’avantage la résistance des dites locaux.

Un Cadre législatif pas encore à la hauteur

Le Cameroun s’est doté d’un cadre légal avec les lois de 2010 régissant les communications électroniques et celles de 2012 relative à la cyber-sécurité et la cybercriminalité. Les textes juridiques y afférents sont soit dépassées par les progrès technologiques, soit incomplètes en matière de protection juridique. Un fort accent y est mis sur la répression en elle-même que sur des mesures préventives.

Des mesures de sécurité à parfaire

La propension de la cybercriminalité à l’intérieur des frontières nationales a contraint le gouvernement a formé une unité de la police judiciaire spécialisée dans le domaine. A Yaoundé, cette brigade est logée au sein de la direction régionale de la police judiciaire.  Ses actions ont permis à de tracer la piste de quelques 600 cybercriminels entre Douala, Bamenda, Buea, Kumba, et Yaoundé. La non maitrise des méandres de l’informatique a contraint le gouvernement a procéder à la formations des agents de la police et de la gendarmerie. Magistrats et autres agents publics  ne sont pas en reste.

Pour faire face à l’impératif  de  de la cyber-sécurité, Le Cameroun a développé un certain nombre d’applications visant à automatiser les procédures dans le cadre de la politique de mise en place de la gouvernance électronique. Il s’agit notamment de Sigipes, Sydonia, Depmi, E-Guce, etc. Ces applications n’échappent cependant pas aux menaces cybernétiques au vu des défaillances encore observées dans l’implémentation de  systèmes de protection.

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