Crowdfunding : Le défi de la réglementation
Le modèle de financement participatif se présente aujourd’hui comme le plus à même de faciliter l’accès au financement pour les PME, PMI et startups.
« Je reste convaincu, au regard de la passion et l’intérêt que j’ai observé chez les uns et les autres, que le Crowdfunding est appelé à connaître de beaux jours et à s’accroitre dans notre pays » ainsi parlait Louis Paul Motaze le 20 février dernier au sortir de l’atelier national sur le Crowdfunding. Cette rencontre qui se tenait à Douala avait permis de réunir le gouvernement, les acteurs de ce mécanisme de financement, dont les startuppers, les porteurs de projets, les opérateurs économiques, les experts en économie, les institutions financières, les responsables de téléphonie mobile. Elle avait pour objectif de sensibiliser les demandeurs de financement sur les possibilités offertes par le crowdfunding et de collecter les informations en vue de l’élaboration d’une politique nationale sur le crowdfunding au Cameroun. Cinq mois après la tenue de cet événement, le moins qu’on puisse dire, c’est que l’intérêt des jeunes pour ce mode de financement n’a pas baissé d’un cran. Bien au contraire, plusieurs porteurs de projets sont intéressés par ce mécanisme, mais se heurtent très souvent à des difficultés notoires. D’après Jean Jules Eyango, la première difficulté est de « trouver une plateforme de financement crédible qui mettent en avant l’intérêt du projet avant». Pour ce jeune porteur de projet qui n’a pas eu la chance de lever des fonds suffisants pour implémenter son projet, certaines plateformes pratiquent des taux qu’il juge « exorbitants ». « Comment expliquez-vous-que des plateformes qui sont des intermédiaires entre nous et les potentiels financeurs prennent des commissions qui peuvent aller jusqu’à 15% du montant total ? » s’interroge-t-il. Avant de poursuivre, « Lorsque vous lancez un crowd-Equity par exemple, vous devez être à même de produire des résultats positifs et redistribuer les gains entre les différents actionnaires. Mais si vous êtes amputés de 15% de votre capital dès le départ, j’aimerai bien qu’on me dise comment vous ferez pour vous en sortir ».
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Trop couteux !
« Le revers du crowdfunding c’est qu’il peut être lent et couteux» déclarait Olivier Madiba. S’il est considéré comme l’une des références qui a contribué à populariser le financement participatif au Cameroun et en Afrique, le promoteur de Kiro’o Games reconnaît le caractère exorbitant des coûts que peut représenter ce mécanisme de financement pour les jeunes entrepreneurs. Un avis que partage le Pr Désiré Avom, enseignant à la faculté des sciences économiques et de gestion à l’Université de Dschang. Pour lui, en plus de la communication autour de la levée des fonds qui nécessite des coûts non négligeables et la commission de la plateforme, il faut intégrer les intérêts dans le cas de prêts. « Le crowdfunding est plus coûteux que l’emprunt bancaire » conclut-il.
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Règlementation
L’un des défis majeurs du crowdfunding au Cameroun reste celui de la mise sur pied d’un cadre institutionnel, lequel permettra déboucher sur une politique nationale de crowdfunding. Si les opérations se déroulent déjà dans le pays, l’absence d’une régulation et d’une réglementation pourraient être un frein à l’extension de ce mode de financement. Ceci passe par l’élaboration des incitations fiscales, la délivrance des agréments, qui peuvent être spécifiés selon le type de plateforme mise en ligne, la sécurisation des investisseurs et des porteurs de projets qui devraient constituer un point important dans la mise en place de ce cadre réglementaire. La centralisation des transactions et une possibilité « de décentralisation qui devra permettre à de nombreux Camerounais d’être des promoteurs de plateformes » fait savoir Sylvie Marie-Louise Eyeffa Ekomo, Directrice de la Coopération financière et monétaire.
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