Crise inflationniste : le secteur privé accentue la pression sur le gouvernement pour l’augmentation des prix officiels
Après que les boulangers et les meuniers ont respectivement obtenu des pouvoirs publics l’augmentation des prix du pain et de la farine de blé, les opérateurs des autres secteurs, soutenus par le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam), veulent rentrer dans la danse. C’est le cas des industries brassicoles et des raffineurs d’huile de palme.
Le Bureau de Mise à Niveau (BMN) a commandé une récente étude sur le positionnement stratégique sur les produits à base de céréales au cabinet de conseils KB SAP Consulting, laquelle avait été rendue publique en août 2021, longtemps avant le début de la crise russo-ukrainienne. Le résultat de cette étude révélait qu’au cours de l’année 2020, le Cameroun a importé 860 000 tonnes de blé pour une valeur monétaire d’à peu près 150 milliards de FCFA, et que la quote-part de la Russie, premier fournisseur du Cameroun de cette denrée, représentait 35% du volume global des importations au cours de cette période. Avec le déclenchement de la crise russo-ukrainienne, le BMN s’est appuyé sur cette étude pour essayer d’évaluer les conséquences que pourrait avoir ce conflit sur l’économie camerounaise. Il tirait déjà la sonnette d’alarme et indiquait clairement qu’ « il y a lieu de s’inquiéter de la flambée des prix des produits à base de blé au Cameroun, notamment les farines, les pains, les pâtes alimentaires, les beignets, viennoiseries etc. ».
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Et les effets n’ont pas tardé à se faire ressentir car dès le 15 mars dernier, le prix de la baguette de pain de 200g est passé de 125 à 150 FCFA selon la corporation des boulangers, tandis que les meuniers obtenaient du gouvernement que le prix du sac de farine de blé de 50kg, soit désormais vendu à 24 000 FCFA, au lieu de 19 000 FCFA. Une hausse en catimini qui a eu l’aval des pouvoirs publics, justifiée par une perturbation dans les chaines d’approvisionnement du blé du fait du conflit en Ukraine, qui venait ainsi en rajouter à une envolée des cours des matières premières, et à une explosion du fret maritime, corollaire de la pandémie de Coronavirus, entraînant ainsi des surcoûts.
Raffineurs et brasseries en embuscade
A la suite des boulangers et des meuniers, d’autres opérateurs n’ont de cesser de faire pression sur le gouvernement, afin qu’il autorise une révision des prix officiels pour leur permettre d’atténuer les manques à gagner liés aux surcoûts. Au cours d’une rencontre le 18 mars dernier à la primature, les opérateurs des industries brassicoles, ceux du ciment et de la filière des oléagineux se sont mis en ordre de bataille pour contraindre les pouvoirs publics à réviser les prix dans leurs secteurs respectifs. Les industries brassicoles sollicitent une augmentation de 35 FCFA HT, soit 50 FCFA TTC, sur les prix des boissons alcoolisées. En effet, l’on apprend qu’en raison de l’inflation constatée sur le marché mondial, les cours mondiaux des principales matières premières des entreprises brassicoles (malt, sucre, gritz, préforme, monopropylène, capsules vis, etc.) ont cru de 10 à 201%. Dans le même temps, le fret maritime a explosé de 300% au départ de l’Asie, et de 200% pour les embarquements depuis le continent européen. Ce qui occasionne des pertes d’au moins 44 milliards de FCFA à cette branche d’activité. Par conséquent, les opérateurs préconisent un ajustement des prix pour tenter d’atténuer les manques à gagner.
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Il en est de même avec les raffineurs, qui déplorent des surcoûts d’au moins 100 milliards de FCFA, et pour les compenser, ils plaident pour une augmentation en double des prix sur certaines gammes d’huiles végétales. Le Gicam l’a fait savoir au gouvernement le 18 mars dernier. La plus grande association patronale du Cameroun sollicite du gouvernement une augmentation du prix final du litre d’huile de palme raffinée à 2 040 FCFA. Il va sans dire que la crise inflationniste qui s’est emparée des économies mondiales met également le gouvernement camerounais dos au mur, et qu’il sera désormais appelé à procéder à des arbitrages pour tenter de sauver à la fois l’industrie locale et préserver le pouvoir d’achat des consommateurs.
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