Crise à l’Oapi : le comité ad hoc parle d’une guerre de positionnement
L’instance mise en place par le conseil d’administration pour appuyer la gestion du DG blanchit ce dernier et présente une situation financière confortable de l’organisation.
Le comité ad hoc mis en place au terme de la session du conseil d’administration de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (Oapi) du 10 décembre 2021 à Cotonou (Bénin), pour appuyer la direction générale dans l’apaisement du climat social dans cette institution est arrivé au terme de sa mission à Yaoundé. L’instance composée de Anacleto Olo Mibuy, président du Conseil de la recherche scientifique et technologique de Guinée équatoriale, Salmou Gourouza Magagi, ministre de l’Industrie et de l’Entrepreneuriat des jeunes du Niger et de Mohamed Bakayoko, secrétaire général du ministère du Commerce de Guinée, qui rendra sa copie dans les jours à venir, a achevé les 10 mars dans la capitale camerounaise, des concertations avec le personnel hors catégorie (DG, DG/A et contrôleur financier) puis avec les délégué du personnel. Elle a, enfin, tenu une Assemblée générale le 11 mars avec tout le personnel de l’organisation.
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Les premières conclusions du comité ad hoc blanchissent le DG de l’Oapi, qui avait fait l’objet d’une suspension de deux mois, avant d’être réhabilité le 10 décembre 2021 pour des accusations de malversations financières présumées portées contre lui par le DG/A et le contrôleur financier. Il était également accusé par médias interposés, d’avoir bloqué les salaires du personnel, les dotations en carburant, les retraites complémentaires et le paiement des factures des prestataires. Ces accusations n’ont pas pu être documentées, ce qui fait dire aux membres du comité ad hoc que la crise fortement médiatisée au sein de l’Oapi participe davantage d’une guerre de positionnement. « Ce n’est pas un problème majeur. Les comptes sont bien tenus, l’Oapi est l’une des institutions en Afrique qui, depuis sa création, n’a pas connu de problèmes majeurs en termes de management. La crise à laquelle nous venons d’assister, apparemment, est un problème récurrent à l’Oapi à chaque veille du renouvellement du mandat du personnel dirigeant. Donc, il y a peut-être un problème de positionnement », souligne Salmou Gourouza Magagi.
Sérénité
Pour dépassionner le débat, la ministre de l’Industrie et de l’Entrepreneuriat des jeunes du Niger et ses collègues n’ont pas manqué de rappeler au personnel que « son rôle premier n’est pas d’envenimer la situation en prenant partie ». « Les équipes doivent rester soudées afin de consolider le vivre-ensemble qu’elles ont toujours vécu. Elles doivent accompagner leurs dirigeants à trouver des solutions aux problèmes personnels que les uns et les autres pourraient avoir. Je constate qu’il y a plus de problèmes personnels. Nous sommes allés en détail dans les comptes de l’Oapi pendant le dernier conseil d’administration. Il n’y a absolument rien qui puisse nous inquiéter dans la tenue de ceux-ci. Bien au contraire, les finances de l’organisation se portent bien. Pour le reste, nous pensons que nous avons été bien entendus par les uns et les autres et nous espérons que la sérénité va revenir très rapidement », conclut-elle.
Courbe ascendante
En fait de comptes, les chiffres officiels rendus publics par le top management indiquent que le résultat net de l’Oapi est passé de 952,3 millions Fcfa en 2017 qui marque le début du mandat de l’actuel DG, l’Ivoirien Denis Bohoussou, à un peu plus de 1,3 milliard Fcfa en 2018. Il est resté sur une courbe ascendante en 2019 où il a atteint jusqu’à 1,8 milliard Fcfa, avant de retomber à 1,5 milliard en 2020 du fait de la survenue de la pandémie du coronavirus. « Grâce à ces résultats financiers, l’Oapi est en mesure aujourd’hui de revoir la taxation de certaines de ses prestations à la baisse jusqu’à 20% et d’envisager l’examen quant au fond des demandes de protection des inventions et autres innovations technologiques et des marques de produits ou services », s’était félicité le directeur général lors d’une conférence de presse donnée fin janvier dernier à Yaoundé.
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Doyen du conseil et administrateur pour la Guinée équatoriale, Anacleto Olo Mibuy pense pour sa part que l’Oapi a acquis depuis 60 ans la crédibilité de par la transparence de sa gestion. « Nous devons, au lieu de rentrer dans des querelles intestines, faire en sorte que ces acquis soient préservés et consolidés. Nous pensons que la seule personne qui doit gagner c’est l’institution. L’Oapi n’est pas un parti politique », assène-t-il.
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