Coût des opérations, encours, souscriptions… : clair-obscur sur le marché des titres publics de la Beac
Malgré une politique monétaire austère mise en place par la banque centrale, le marché demeure dynamique. Mais, au mois d’octobre, les taux d’intérêts ont repris la courbe ascendante, après la baisse enregistrée au mois de septembre, tandis que les intermédiaires (SVT) présentent des signes d’essoufflement, probablement du fait de la forte demande des trésors nationaux depuis le début de l’année.
Le marché des titres publics de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) n’est pas échaudé par la politique monétaire restrictive mise en place par cette banque centrale pour combattre l’inflation dans l’espace Cemac (Cameroun, Gabon, Congo, Tchad, Guinée équatoriale et RCA). En effet, malgré la réduction de la liquidité dans le secteur bancaire, qui caractérise cette politique visant à restreindre l’accès aux financements, le marché des titres publics, lui, reste sur sa dynamique ascendante. Pour preuve, entre septembre 2023 et octobre 2023, l’encours des valeurs émises sur ce marché par les Etats connaît une augmentation de 315 milliards FCFA. Selon les chiffres de la banque centrale, cet encours est en effet passé de 6 027 milliards FCFA au 30 septembre à 6 342 milliards FCFA au 31 octobre dernier.
Cette hausse de 5,2% en un mois témoigne des besoins financiers des Etats de la Cemac, en quête perpétuelle de financements pour la réalisation de leurs projets de développement. Sous cet angle, l’Etat de la Cemac le plus actif sur le marché des titres publics à fin octobre 2023 reste le Congo. Ce pays a émis 35,6% des valeurs du marché, soit 2 254,7 milliards FCFA, en augmentation de 14,79% sur une période de seulement un mois. Le Gabon et le Cameroun complètent le trio le plus actif de ce marché sous-régional, avec respectivement 22% et 21,2% de l’encours global.
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Cependant, si la politique monétaire d’austérité de la banque centrale ne parvient pas à infléchir la courbe montante des volumes des financements mobilisés sur le marché des titres publics, elle semble avoir une incidence sur les coûts des opérations. En effet, à fin octobre 2023, ce marché enregistre une nouvelle augmentation des taux d’intérêt moyens, après la baisse observée en septembre dernier. Selon les chiffres publiés par la Beac, le coût moyen des émissions des bons et autres obligations du Trésor assimilables se situe à 7,19% à fin octobre 2023, contre 6,94% en septembre et 7,14% au mois d’août 2023.
Au-delà des effets de la rigidité de la politique monétaire, cette hausse des taux d’intérêt peut également s’expliquer par la contraction de l’offre de financements. Le rapport mensuel des opérations du marché révèle en effet que les Spécialistes en valeurs du trésor (SVT), intermédiaires opérant sur ce marché, n’ont pas beaucoup délié les cordons de leurs bourses pour les Etats au cours du mois d’octobre. Aussi, le taux de souscription aux émissions est-il ressorti à seulement 80,39% au mois d’octobre. En septembre, il était de 99,3% selon la Cellule de règlement et de conservation des titres de la Beac. Cela signifie qu’au cours de la période, la plupart des pays ayant effectué des émissions de titres publics sur ce marché n’ont pas réussi à réunir la totalité de l’enveloppe recherchée.
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La baisse du taux de souscription est concomitante à la régression du taux de participation des SVT aux opérations de levée de fonds des Etats. Ce dernier taux ressort à 24,97% en octobre, alors qu’il était de 26,79% en septembre dernier. Ce chiffre traduit le fait que malgré l’engagement qu’ils ont pris d’accompagner les trésors nationaux de la Cemac dans la mobilisation des financements nécessaires pour la mise en œuvre des politiques publiques, plusieurs SVT, qui sont des banques dans le cas d’espèces, s’abstiennent de participer aux appels de fonds effectués par les Etats. Peut-être simplement faute de liquidité, au regard de la pression qu’exerce la banque centrale sur les coffres-forts des établissements de crédits dans le cadre du pilotage de la politique monétaire. Peut être aussi simplement en vertu de la nécessité de respecter les ratios prudentiels en cette fin d’exercice, après avoir assez financé les Etats depuis le début de l’année.