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Conjoncture

Coup d’Etat au Niger : pourquoi l’option militaire de la Cedeao se précise ?

Poussés par la France et les États-Unis, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigeria et le Bénin bouclent un plan d’intervention à Niamey pour déloger les militaires et réinstaller Mohamed Bazoum.

A moins de 48 heures de l’expiration de l’ultimatum donné par la Communauté économique des État de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) aux militaires qui ont renversé le président nigérien Mohamed Bazoum, le 27 juillet dernier, l’organisation sous-régionale fait preuve de détermination quant à un déclenchement de l’option militaire pour rétablir l’ordre constitutionnel à Niamey. Les chefs d’état-major des pays membres de cette organisation, qui poursuivent leurs travaux à Abuja concomitamment avec la médiation politique engagée auprès du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (Cnsp), a bouclé son plan d’intervention ce vendredi, 04 août. La chaîne française RFI dit détenir l’information que « le concept d’opération est écrit et les besoins en hommes et en matériels sont désormais précis ». A l’en croire, l’action devrait mobiliser des milliers de soldats, fournis entre autres par le Sénégal – qui a déclaré officiellement jeudi qu’il est prêt à déployer un important contingent -, le Ghana, le Bénin et le Nigeria. Des sources diplomatiques crédibles indiquent que la Côte d’Ivoire est également disposée à fournir des hommes. Elles indiquent également savoir que l’opération annoncée bénéficie du soutien total de la France et les États-Unis, qui vont fournir la logistique nécessaire.

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Cela paraît d’autant plus évident que le 29 juillet, le président français Emmanuel Macron a tenu un conseil de défense à Paris et que, dans la foulée, le président américain, Joe Biden, a appelé à la libération sans condition du président déchu. Ce dernier dit d’ailleurs avoir régulièrement échangé avec Mohamed Bazoum. Le président du Nigeria, par ailleurs président en exercice de la Cedeao, Bola Tinubu, qui a été le premier à brandir l’intervention militaire au Niger, est également informé en temps réel de la situation. Proche des Américains, il est présenté comme le chef de cette guerre par procuration que s’apprête à mener l’Occident au Niger pour l’exemple. Car, si la France dispose de 1 500 hommes stationnés au Niger, contre 1 100 américains et une centaine d’Allemands, le scénario que ces troupes interviennent directement pour déloger les putschistes de Niamey paraît improbable.

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De son côté, le général Abdouramane Tchiani, le président de transition du Niger, qui a justifié son coup de force par la dégradation de la situation sécuritaire dans son pays et la mal gouvernance, reste droit dans ses bottes. En tout cas, toutes les tentatives de médiation initiées jusque-là pour le faire reculer ont été vaines. D’ici au dimanche 06 août, le Mali, le Burkina Faso et la Guinée qui se sont dit de tout cœur avec le Niger, non sans menacer de former une alliance militaire avec le Niger face à une quelconque coalition ouest-africaine, devraient également préciser les contours de leur intervention éventuelle. Au sein de l’Union européenne, l’option militaire au Niger fait l’unanimité. Cette posture est d’ailleurs abondamment relayée par les médias mainstream occidentaux, signe que les tensions au Niger cachent des intérêts hautement stratégiques. Officiellement, ce pays qui fait partie des 4 pays producteurs d’uranium en Afrique est le 7e dans le monde en termes de quantité mises sur le marché. Selon le comité technique Euratom, le Niger n’a fourni à la France que 19% de ses approvisionnements en la matière entre 2005 et 2020, loin derrière le Kazakhstan et l’Australie. Jusqu’en 2021, il assurait les approvisionnements de l’Europe à hauteur de 25% seulement.

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Areva

La France qui dit détenir des années de réserves en uranium pour faire tourner ses centrales nucléaires, indique que la quantité de minerai que lui fournit le Niger couvre actuellement moins de 10% de sa demande. Cependant, l’enjeu autour de ce minerai se joue sur le niveau des réserves brutes. Le Niger possède l’un des plus grands gisements d’uranium au monde, notamment à Imouraren, dans le Nord d’Agadez. Il est évalué à 200.000 tonnes. C’est l’entreprise française Areva, qui a changé de dénomination en 2018 pour devenir Orano, qui détient le contrat d’exploitation de ce gisement encore vierge. Elle s’apprête d’ailleurs à lancer cette exploitation. Or, d’après le site internet français « 20 minutes », un accès plus limité à l’uranium nigérien ne serait pas sans conséquence pour la France. « Areva pourrait être contraint de se tourner vers les marchés internationaux pour s’approvisionner en minerai, et dépendre des fluctuations des prix. S’ils sont actuellement autour de «42 dollars la livre, il faut se rappeler que les prix avaient atteint les 140 dollars la livre en 2007 », souligne le journal en ligne. A noter que  Areva est détenue à plus de 14% par l’Etat français et à près de 69% par le Commissariat à l’énergie atomique (CEA), qui est également un organisme public français.

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