Corridors Douala-Ndjamena-Bangui : la gangrène des contrôles routiers générant des milliards de FCfa de pots-de-vin par an
Au cours du 4ème Forum tripartite Cameroun-Tchad-RCA, tenu du 9 au 11 janvier 2024 à Kribi, cité balnéaire du Sud du Cameroun, le ministre des transports a révélé la suppression de 78% de ces espèces de check-point devenus de véritables obstacles aux échanges commerciaux entre les trois pays.
Suite aux nombreuses récriminations des transporteurs opérant sur les corridors Douala-Ndjamena et Douala-Bangui, le gouvernement camerounais a considérablement réduit le nombre de postes de contrôle, qui entravent généralement les échanges commerciaux par voie terrestre entre le Cameroun, la République centrafricaine (RCA) et le Tchad. Selon les informations révélées par le ministre camerounais des transports, Jean Ernest Ngallé Bibéhé, au cours de la cérémonie d’ouverture du 4ème forum tripartite Cameroun-Tchad-RCA sur le transit des marchandises par les ports de Douala et de Kribi, organisé du 9 au 11 janvier 2024 à Kribi, le nombre de postes du côté du Cameroun est passé de 136 en 2021, à environ 29 en 2023. Ce qui signifie une réduction de 78% de ces barrières érigées par la police, la gendarmerie, la douane et les agents de la sécurité routière, et qui sont généralement autant de postes de corruption régulièrement dénoncés par les camionneurs desservant le Tchad et la RCA.
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En effet, ces deux pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), qui n’ont pas accès à la mer, font transiter leurs marchandises par les ports camerounais de Douala et de Kribi. Selon la douane camerounaise, le Tchad fait ainsi annuellement transiter pour environ 340 milliards de FCfa de marchandises par le Cameroun, et la RCA pour environ 55 milliards de FCfa. Ces marchandises sont ensuite transportées par route jusqu’à Ndjamena et Bangui, les capitales tchadienne et centrafricaine, via les corridors reliant le Cameroun à ces deux pays. Mais, selon les camionneurs, ces voyages entre les trois pays s’assimilent souvent à une course d’obstacles, à cause des tracasseries et la corruption aux différents postes de contrôle du reste très nombreux.
Par exemple, dans un rapport adressé au gouvernement camerounais par les syndicalistes des transports en 2018, il était révélé l’existence de pas moins de 120 postes de contrôle érigés par la police, la gendarmerie, la douane et les agents de la prévention routière sur le corridor Douala-Ndjamena. Pour franchir chacun de ces postes, révélaient les transporteurs, il fallait prévoir au moins 187 000 FCfa par voyage, pour graisser la patte aux agents de contrôle, que le camionneur soit en règle ou pas. Sur la base d’un seul voyage mensuel pour chacun des 78 000 camions actifs à cette époque sur le corridor Douala-Ndjamena, selon le recensement des syndicalistes, la corruption aux postes de contrôle coûtait environ 175 milliards de FCFA chaque année aux transporteurs desservant le Tchad à partir de la capitale économique du Cameroun.
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Le même phénomène est observé sur le corridor Douala-Bangui. Selon le rapport de l’Observatoire des pratiques anormales (OPA) sur les principaux corridors de l’Afrique centrale, financé par l’Union européenne (UE), les contrôles routiers coûtent aux transporteurs entre 64 000 et 225 000 FCfa en aller-retour, sur le corridor Douala-Bangui. « Les contrôles sur le corridor Douala-Bangui (1 435 km) demeurent plus coûteux que sur le tronçon Douala-N’Djamena (1 934 km), bien que ce trajet soit plus court (…) De manière générale, quand on interroge les acteurs des corridors d’Afrique centrale, les paiements liés au contrôle sont les principales pratiques anormales des plus décriées », souligne le rapport de l’OPA.
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