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Politiques Publiques

Coronavirus : la menace qui vient des déchets médicaux

La société Hysacam, en charge de la collecte et du traitement des ordures et déchets, tire la sonnette d’alarme sur la gestion des déchets médicaux qui pourraient bien constituer une source de contamination.

La ville de Douala produit quotidiennement 2500 à 3000 tonnes de déchets par jour (déchets ménagers, industriels, médicaux etc…) Le phénomène covid-19 a incontestablement provoqué une explosion de la production des déchets pharmaceutiques. Seringues, gants, cotons, tube de perfusion, compresses et masques chirurgicaux sont en effet abondamment utilisés par le personnel de santé et les populations. Les premiers pour se protéger pendant la prise en charge des malades et les seconds pour se protéger contre les risques d’infection.

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En charge de la collecte et du traitement des ordures et déchets multiformes, la société Hygiène et salubrité du Cameroun(Hysacam) connaît quelques perturbations dans la collecte et la gestion des déchets usagers liés au coronavirus. «Nous contribuons en tant que société de ramassage et de traitement d’ordures ménagères à la réflexion sur ce plan de riposte. Nous avons constaté que les masques qui sont utilisés ne sont pas convenablement jetés», a constaté Jean Pierre Ymele, le directeur régional de l’agence régionale Hysacam pour le Littoral.

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En effet, depuis le début de la pandémie, les masques chirurgicaux, hors usage, jonchent les bordures de routes, poubelles et points de collecte d’ordures dans presque toutes les villes du Cameroun. «Si le but de ces masques est de recueillir les postillons, ils peuvent être contaminés. Si nous les jetons sur la chaussée, sur le trottoir, ils peuvent s’ils ont été contaminés, entretenir la chaine de contamination» explique le responsable d’Hysacam. Jean pierre Ymele propose par conséquent «une collecte et un traitement spécifique des masques chirurgicaux et en tissu». Celui consiste en «l’emballage préalable des masques faciaux dans un sachet plastique avant de les jeter dans la poubelle». Concernant les masques réutilisables « nous conseillons de les tremper dans de l’eau savonneuse avant de les jeter. L’eau savonneuse va neutraliser le virus», indique le directeur.

Le cas du matériel médical de prise en charge, reste le plus préoccupant. A ce sujet, le ministère de l’environnement, de la protection de la nature et du développement durable (Minepded) recommande qu’il soit collecté et trié de façon spéciale dans une chaîne ou dans un circuit séparé. A ce sujet, l’agence régionale d’Hysacam envisage mettre à la disposition de la ville de Douala «des poubelles spécifiques destinées uniquement à recueillir les déchets et matériels utilisés dans le cadre de la gestion des cas covid-19», a promis Jean Pierre Ymele.

Interview

«Les déchets rejetés dans la nature sont un facteur de contamination….» Didier Yimkoua, Environnementaliste

Quel impact les déchets usagers du coronavirus peuvent avoir sur l’environnement et la santé des populations ?

 Les déchets usagers du covid-19 sont les masques, flacons vides de gel, gants utilisés et jetés dans la nature. Rien ne garantit à ce jour que ces déchets spéciaux, car assimilables aux déchets hospitaliers, et rejetés dans la nature en l’état, ne sont point un facteur de contamination et de propagation du coronavirus. L’impact négatif sur la santé publique n’est pas à écarter. Sur la santé environnementale évidemment, ces rejets participent de la pollution atmosphérique et de l’insalubrité. Lorsqu’ils sont abandonnés dans les rigoles et caniveaux, ils amplifient les phénomènes d’inondation après les pluies.

Qu’en est-il des dépouilles du covid-19 ?

 Pour ce qui est des dépouilles des morts du covid-19, le sujet est très clivant. Je m’en tiens au protocole de mise en bière du corps respecté par le corps médical qui estime que c’est de cette manière qu’il faut éviter la dissémination communautaire du virus. Je pense qu’en la matière, il faut un débat entre médecins, sociologues, anthropologues, traditionnalistes, et écologistes. Le traitement réservé aux morts du coronavirus déstructure notre mode de vie. Or, il fallait en tenir compte afin d’éviter des batailles entre familles et personnel médical qui n’honorent pas les us et coutume africaines.

Avez-vous saisi les autorités compétentes sur l’impact négatif de la gestion des déchets du corona virus sur l’environnement ?

Oui nous avons saisi par correspondance monsieur le ministre de la santé publique. Correspondance dans laquelle nous lui avons proposé un protocole de gestion écologique des déchets de masques, gants et flacons vides de gel. La réponse est attendue. Nous avons attiré l’attention des maires sur les risques de contamination du virus à travers ces déchets solides. Nous leur avons proposé d’organiser à cet effet des campagnes de sensibilisation de masse, de placer à des endroits visibles des poubelles et bacs spéciaux uniquement pour ces déchets qui, après stockage doivent être incinérés. Il faut une bonne traçabilité de gestion de ces déchets solides évalués à une dizaine de tonnes par jour.

Interview

«Le corona virus survie plusieurs heures sur les déchets», Jean Pierre Ymele, Directeur régional de l’agence Hysacam pour le Littoral

Que pensez-vous du plan de riposte contre le coronavirus engagé par la ville de Douala ?

Je veux saluer l’heureuse initiative de la ville qui a initié et associé ses partenaires à la réflexion du plan de riposte qu’elle a proposé. Nous devons briser la chaine de contamination et accessoirement, gérer tous les cas qui seront positifs à la phase post-mortem. Nous avons compris que les mesures d’allégement prises par le gouvernement visent à maintenir la situation économique. Il ne faut pas que le remède tue le malade. Il faut qu’on continue de vivre sans relâcher en respectant les mesures qui ont édictées par le gouvernement.

Comment se déroule la collecte des ordures et déchets en période de coronavirus?

Le service est différent de celui que nous menons traditionnellement. Nous avons pris des mesures particulières et nous pensons que si on améliore ce nouveau rythme de collecte, nous pouvons briser cette chaine de contamination. N’oublions pas que le virus peut survivre pendant plusieurs heures à travers les déchets, voire plusieurs jours dans certaines surfaces. Les déchets sont les objets que nous manipulons au quotidien. S’ils sont contaminés, les gens qui vivent du contenu des poubelles seront forcément contaminés. Il va de soi que la chaine de transmission va se multiplier.

Comment se passe la gestion des déchets dans votre entreprise contre la covid-19 ?

Nous n’avons pas attendu que le gouvernement adopte les mesures barrières. Nous avons mis en place plusieurs séries de mesure. Il s’agit de la protection de nos employés en distribuant les masques Ffp2 et autres équipements de protection individuelle. Nous sensibilisons les hôpitaux et formations hospitalières qui reçoivent les malades atteints de covid-19, afin qu’elles conditionnent convenablement les déchets. Nous procédons par ailleurs à la désinfection de nos sites logistiques deux fois par semaine.

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