COP26 : la société civile africaine vent debout contre la politique du « Net zéro »
Au moins 130 organisations de la société civile africaine font partie des 725 groupes de près de 100 pays qui exigent des actions réelles en faveur de la justice climatique en Afrique. Elles exhortent les gouvernements africains à s’insurger contre la politique du « Net zéro » qu’ils considèrent comme une escroquerie.
La 26e Conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques s’est ouverte le lundi 1er novembre dernier à Glasgow en Ecosse. Elle réunit depuis lors la crème des dirigeants de la planète, qui discutent des questions relatives à la limitation des conséquences des changements climatiques et du réchauffement de la planète. Cette rencontre qui s’achèvera le 12 novembre prochain se déroule dans un contexte marqué par une levée des boucliers de la société civile africaine, qui a commis à l’occasion une déclaration pour protester contre la politique du « Net Zéro ». 130 organisations de la société civile se sont associées à plus de 725 autres organisations mondiales issues de près de 100 pays, pour exiger que des actions réelles soient posées dans le but de promouvoir des solutions climatiques qui renforceront la résilience des communautés africaines, en vue de démontrer leur engagement pour la juste part du continent dans l’action mondiale contre le changement climatique.
La société civile africaine appelle par ailleurs les gouvernements et les principales institutions internationales à mettre fin à la dépendance aux promesses du « Net Zéro » et à s’engager dans des actions spécifiques, ambitieuses et immédiates pour ramener les émissions et la production de combustibles fossiles à « zéro réel », conformément à la science et à l’équité. « Après avoir affaibli l’Accord de Paris, les gouvernements et les entreprises polluantes enterrent de vraies solutions qui arrêtent les émissions à la source au profit de promesses creuses déguisées par le slogan accrocheur comme le « Net Zéro ». Heureusement, cette grosse arnaque a été exposée pour ce qu’elle est. Les gouvernements à la COP26, en particulier les gouvernements du Nord, doivent cesser de condamner le monde et tenir compte des demandes des gens en s’engageant à de vraies solutions et à un zéro réel dès maintenant », a déclaré l’Ougandaise Hellen Neima, Directrice de la Campagne Climat pour l’Afrique.
Exhortations
La société civile africaine a formulé une flopée de recommandations aux dirigeants africains qui prennent part à la Cop26, afin qu’ils plaident pour que l’Afrique tire le meilleur parti de cette rencontre de Glasgow. Il s’agit notamment de : remettre en question et rejeter les promesses faites par les entreprises et les gouvernements polluants d’atteindre le « zéro net », qui sont utilisées pour transférer des charges supplémentaires sur la région africaine et éviter la responsabilité de leur rôle dans la part mondiale des émissions à ce jour ; s’engager à atteindre de véritables réductions d’émissions zéro, en adoptant le concept d’équité (chaque pays fait sa juste part) ; rejeter les tentatives menées par l’industrie pour faire adopter des règles consacrant les mécanismes de marché au centre de la mise en œuvre de l’Accord de Paris, via les lignes directrices des articles 6.2 et 6.4 de l’Accord de Paris ; les gouvernements de la région doivent proposer de véritables plans de lutte contre le changement climatique (adaptation et atténuation) et en tenir compte dans leurs contributions déterminées au niveau national (CDN) ; obtenir des résultats concrets faisant avancer les politiques pour mettre en œuvre de vraies solutions via l’article 6.8 de l’Accord de Paris ; faire valoir un argument solide pour engager les pays industrialisés et riches à fournir un financement climatique adéquat pour la mise en œuvre de leurs plans d’adaptation et d’atténuation ; veiller à ce que les contributions déterminées au niveau national (CDN) des pays africains soient indépendantes des fausses solutions et des influences des entreprises, mais qu’elles s’adaptent plutôt à des solutions climatiques réalisables et locales en matière d’atténuation et d’adaptation.