Coopération : les retombées de la visite de Remy Rioux au Cameroun
4ème partenaire d'exportation du Cameroun au sein de l'Union Européenne, la France envisage accroître ses appuis financiers en faveur du Cameroun. Cette volonté a récemment été réitérée par Rémy Rioux, le Directeur Général de l’Agence française de développement(AFD), lors de sa visite en terre camerounaise du 02 au 05 février derniers. Une visite de grande envergure qui a coïncidé avec la célébration des 80 ans du bras séculier de la France en matière d’aide au développement. Au rang des activités menées, on note la rencontre de l’émissaire français avec les acteurs du secteur privée pour évaluer le climat des affaires au Cameroun. Rémy Rioux s’est également rendu sur le site de l’Université Catholique d’Afrique centrale pour apprécier les constructions financées par l’AFD, de même qu’au Centre Pasteur du Cameroun où il a visité les laboratoires et échangé avec les partenaires français et camerounais de la recherche en Santé. Bref un monitoring des activités qui a abouti à plusieurs décaissements financiers notamment l’ouverture d’une ligne de garantie de 10 milliards de FCFA auprès d’une banque locale pour soutenir le commerce international ainsi que la signature de quatre conventions de financements au profit du Cameroun d’un montant global d’environ 201 milliards de FCFA à travers divers instruments. Pour les autorités camerounaises la satisfaction y est. Avec ce partenaire historique, le pays entend maintenir d’excellents rapports sur le long terme. EcoMatin dresse dans le détail les retombées de cette visite du Directeur général de l’Agence française de Développement (AFD) en terre camerounaise.
L’ auditorium des services du Premier ministre, a servi de cadre, le 04 février dernier, à la signature de quatre conventions de financements entre le Cameroun et la France, représentée pour la circonstance par le directeur général de l’Agence française de développement (AFD), Rémy Rioux, en visite officielle au Cameroun. La première est un « accord- cadre multi-tranches » d’un montant de 150 millions d’euros (98,4 milliards de FCFA), au titre du prêt de soutien budgétaire octroyé par la France à l’État du Cameroun, afin d’accompagner le nouveau programme économique et financier avec le Fonds monétaire international (FMI). Cet accord est assorti d’un premier décaissement de 70 millions d’euros, soit environ 45,92 milliards de FCFA pour la seule année 2022. « Déjà en 2016 à travers le Programme économique et financier (soutenu par le FMI, la France a accordé au Cameroun un soutien à hauteur de 300 millions d’euros (environ 197 milliards de Fcfa).
Cette fois-ci dans le cadre du programme 2021-2024, la France accorde 150 millions avec cette année 2022 un décaissement probable de 70 millions d’euros. La France a répondu positivement à l’appel des chefs d’Etats réunis ici à Yaoundé virtuellement, le 18 août 2021 et vient manifester au peuple camerounais sa solidarité dans le développement de notre pays et son engagement à faire face aux défis que rencontre les pays de cette partie de notre continent» s’est réjoui le ministre camerounais de l’économie, Alamine Ousmane Mey.
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Rappelons que c’est au mois de juillet 2021 que le conseil d’administration du Fonds monétaire International(FMI) a approuvé un accord de prêt d’un montant de 689,5 millions de dollars, soit 375 milliards de FCFA en faveur du Cameroun. Couvrant la période 2021-2024, le nouveau programme permettra d’amorcer la reprise économique cette année et d’atteindre une croissance forte, soutenue et inclusive, adossée à des financements adéquats. Les objectifs majeurs que le pays devra atteindre d’ici 2024 sont : atténuer les conséquences sanitaires, économiques et sociales de la pandémie de COVID-19 tout en assurant la viabilité intérieure et extérieure ; renforcer la bonne gouvernance et améliorer la transparence et la lutte contre la corruption ; accélérer les réformes budgétaires structurelles afin de moderniser les administrations fiscales et douanières, de mobiliser des recettes, d’améliorer la gestion des finances publiques, d’accroître l’efficience des investissements et de réduire les risques budgétaires liés aux entreprises publiques ; renforcer la gestion de la dette et réduire les facteurs de vulnérabilité de la dette; et mettre en œuvre des réformes structurelles pour accélérer la diversification économique tirée par le secteur privé et rendre le secteur financier plus résilient.
3e C2D : Yaoundé, Bamenda et Maroua captent 102 milliards
La convention d’affectation du troisième C2D (Contrat de désendettement et de développement) a également été signée le 04 février dernier entre le Cameroun représenté par le ministre de l’Economie Alamine Ousmane Mey et la France, représentée par l’Ambassadeur de la France au Cameroun Christophe Guilhou et le Directeur Général de l’AFD Rémy Rioux. L’enveloppe de plus de 102 milliards de FCFA servira à financer les programmes « Yaoundé cœur de ville » et « capitales régionales ».
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Pour ce qui est du projet « Yaoundé cœur de ville » (YCV), un financement de 66,5 millions d’euros, soit 43,62 milliards de FCFA a été accordé par l’AFD. Ce programme vise l’amélioration de la vie quotidienne de la population de Yaoundé, dans le but d’accroître la productivité économique de la ville. Identifié dans le cadre du Plan de mobilité urbaine soutenable (Pmus), le projet YCV s’inscrit en droite ligne avec la promotion de la mobilité urbaine plus durable, efficace, sûre et inclusive. L’aménagement structurants du projet comprend notamment : le réaménagement des trois carrefours identifiés comme prioritaires dans le Pmus. Il s’agit du carrefour Mvan, principal point de départ des liaisons interurbaines ; le secteur Elig-Effa, point de départ pour les taxis collectifs ralliant l’ouest de la ville ; et le carrefour Elig-Edzoa, principal nœud de liaison entre le Centre-ville et les quartiers résidentiels de l’est de la cite capitale.
Le projet « capitales régionales II » quant à lui a bénéficié d’une enveloppe de 90 millions d’euros, soit 59,04 milliards de FCFA. Cette phase concerne les villes de Bamenda et Maroua. « Ces villes qui sont dans les régions les plus affectées et sinistrées méritaient également cet appui particulier, et la France a une fois de plus accepté de soutenir cette dynamique en inscrivant ces Bamenda et Maroua dans le registre de capitales régionales phase II. » affirme Alamine Ousmane Mey, Minepia.
Les actions prévues portent entre autres sur la construction et la réhabilitation d’infrastructures de voiries pour une longueur totale de 18 km à Bamenda et de 15 km à Maroua ; la réalisation d’ouvrages des drainages pour améliorer l’évacuation d’eau pluviale. Ces fonds vont également aider à la construction d’un équipement collectif à Maroua, l’aménagement d’équipements marchands au marché Dougoi de Maroua, 4 marchés et une gare routière à Bamenda.
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A titre de rappel, le projet « capitales régionales I» qui était consacré aux villes de Bafoussam, Bertoua et Garoua a nécessité des fonds de près de 123 milliards de FCFA a permis la construction, dans les trois villes suscitées, des infrastructures de voirie, des équipements marchands, des services urbains de proximité, des espaces publics.
Gicam et AFD pour l’amélioration du climat des affaires
Le climat des affaires et les pistes de collaboration pour soutenir les entreprises camerounaises, notamment celles du secteur privé. Ces deux thèmes ont constitué l’essentiel des échanges entre le DG du groupe Agence française de développement (AFD), Rémy Rioux, et le président du Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam), Célestin Tawamba. Les deux personnalités se sont entretenues « à huis clos » le 3 février 2022 au siège de l’entité qui regroupe le plus grand nombre de patrons d’entreprises au Cameroun.
A l’issue des échanges, bras séculier de la France en matière d’aide au développement s’est également fait une vue des problèmes structurels, d’environnement des affaires, de capacité pour les entreprises du secteur privé à se développer. Et comme pour ne pas que recevoir, l’hôte du Gicam a mis à contribution sa visite à Bonanjo pour présenter l’offre du groupe AFD spécifiquement dédiée au secteur privé pour accompagner ces besoins. Quant à Célestin Tawamba, il s’est dit heureux de partager avec l’AFD l’essentiel des problèmes auxquels fait face le secteur privé, notamment en termes de financements.
Centre Pasteur, Nhpc, Ucac : Rémy Rioux en mode visite
Le Directeur général de l’Agence française de développement (AFD) Rémy Rioux, s’est
rendu le 03 février dernier au Centre pasteur de Yaoundé, lors de son séjour en terre
camerounaise. A ses côtés, l’Ambassadeur de France au Cameroun Christophe
Guilhou et certains représentants du ministère de la Santé publique du Cameroun.
Cette séquence santé axée sur la visite des laboratoires du Centre Pasteur et les échanges avec les partenaires du secteur, est un moyen de valoriser les interventions de l’Afd dans le domaine sanitaire. La visite met aussi en exergue, la collaboration de l’agence avec ses partenaires français de premier rang : le Centre Pasteur, l’Ird (Institut de recherche pour le développement), l’Anrs-Mie (Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales-Maladies infectieuses émergentes) ; et dans le cadre des projets de riposte contre la Covid-19, l’Afroscreen et le Prezode.
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De façon détaillée, l’Afd au Cameroun s’est mobilisé pour répondre à l’urgence sanitaire mondiale. Y faisant suite, près de 11,7 millions d’euros ont été débloqués dans le cadre de l’initiative « Covid-19- Santé en commun », soit 7,65 milliards de FCFA. En ce qui concerne le Centre Pasteur du Cameroun (CPC), un fonds spécial de 1 million d’euro, soit 654 millions
de FCFA ont été débloqués par l’Afd en partenariat avec Kfw (Kreditanstalt für Wiederaufbau). Cet appui financier avait pour objectif de renforcer les capacités de dépistage du CPC et de 17 laboratoires partenaires dans 9 des 10 régions du pays. A cet effet, un personnel sanitaire a été formé ; des appuis logistiques, équipements informatiques, de laboratoire, de protection individuelle, et pour la conservation des échantillons ont été mis à disposition des patients.
Ensuite, dans le cadre du projet Afroscreen et Prezole pour la riposte contre la covid-19, les réseaux des instituts Pasteur, de l’IRD et de l’Anrs-Mie ont permis d’accroître l’efficacité des interventions et la visibilité de l’aide et l’agence française de développement. Ces projets de 10 millions d’euros, soit 6,54 milliards de FCFA chacun, s’étendent sur 2 ans. Le premier a été signé le 16 juillet 2021 et le second en 2022 par le Directeur Général de l’AFD.
Barrage de Nachtigal
Le 04 février dernier, le directeur de l’Afd s’est rendu au barrage de Nachtigal pour évaluer l’état d’avancement des travaux. En effet, le projet de construction de ce barrage intervient dans le cadre du Plan de Développement du Secteur de l’Electricité élaboré en 2014 par le Cameroun avec le soutien de la Banque mondiale. Pour soutenir le projet, Proparco a signé en 2018 au nom du Groupe Afd, un prêt de 150 millions d’euros soit 98,100 milliards de FCFA à Nachtigal Hydro Power Company (Nhpc) afin de financer la conception, la construction, l’exploitation et la maintenance d’une centrale hydroélectrique au fil de l’eau de 420MW sur le site de Nachtigal. Au cours de sa visite, Rémy Rioux n’a pas manqué d’exprimer sa satisfaction à l’endroit du directeur financier de la Nhpc, Norbert Priso en ce qui concerne l’évolution des travaux. « C’est impression puisqu’aujourd’hui il est réalisé à plus de 52%. La mise en eau étant prévue pour 2024, la centrale produira plus de 2 900 GWh/an, soit près de 30 % de la production d’électricité du pays », déclare le Directeur de l’Afd.
Ucac
La venue de Rémy Rioux au Cameroun coïncide avec l’achèvement des travau d’extension du campus d’Ekounou à l’Ucac. Ce projet financé par l’Afd en 2017 inclut la construction de deux bâtiments, l’un consacré à la nouvelle Faculté des sciences juridiques et politique, l’autre dédié à la formation continue, à la vie étudiante (espace de vie étudiante et de restauration), et une assistance technique relative au pilotage financier de l’université. Pour la sortie sous terre de cet édifice, un montant de 6 millions d’euros, soit 3,9 milliards de FCFA a été débloqué dans le cadre d’un prêt non souverain. « Ces bâtiments sont maintenant flambants neufs et opérationnels. Ils permettront à cette université de doubler le nombre de ses étudiants d’ici 2031 avec une empreinte régionale qui couvrira toute la zone Cemac » affirme le directeur de l’Afd.
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Note-t-on que, l’extension du campus d’Ekounou est une réponse à la forte demande de formation supérieure d’une population jeune et davantage scolarisée. Ces deux nouveaux bâtiments ont permis d’augmenter 51% des effectifs de l’Ucac d’Ekounou (de 2 248 étudiants en 2016 à 3 397 étudiants en 2021), dont 54% de femmes.
Proparco/Afriland : 10 milliards pour accompagner les opérations de commerce international
La ville de Douala accueille le 3 février la signature de convention d’une garantie d’opérations de trade finance de 15 millions d’euros, soit 10 milliards de Fcfa, entre le groupe bancaire Afriland first bank et Proparco, filiale de l’Agence française de développement, dédiée au financement du secteur privé. La signature de convention qui s’est tenue à l’agence Afriland de Bonanjo, vise à booster les opérations de trade finance du groupe bancaire et à apporte une contribution supplémentaire à la performance de ce service.
Si l’on s’en tient à la définition de la ‘‘trade finance’’ qui se veut être un ensemble de techniques et de produits financiers destinés à financer et à accompagner les opérations de commerce international : crédit documentaire, gestion des flux internationaux, couverture de change, etc. ; Afriland First Bank mettra désormais à la disposition de ses clients de nouveaux types de services, comme le Confirme l’Administrateur Directeur général d’Afriland First Bank, Adolphe Nafack : « cette ligne de trade finance vient accroître nos capacités d’intervention en matière de financement des activités du commerce international et permettre aux entreprises de bénéficier de nouvelles possibilités d’accompagnement ».
Parmi les nouveaux modes d’accompagnement figurent entre autres le crédit documentaire (Credoc), qui se défini comme « tout engagement pris par une banque pour le compte d’un tiers (initiateur) ou pour elle-même, de verser à un bénéficiaire (prestataire, vendeur, fournisseur…) une somme d’argent donnée sur présentation, dans un délai déterminé, de documents convenus dans le contrat », explique Afriland First Bank. Et la remise documentaire (Remdoc), pour sa part qui « est un type de paiement ou d’encaissement par lequel l’exportateur ordonne à sa banque de remettre les documents à la banque de l’importateur».
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Rappelons que cette convention de financement vient rejoindre les multiples conventions de garanties déjà signées par la banque. Parmi celles-ci figurent la convention de garantie d’un montant de 10 millions de dollars US, soit 5,789 milliards de Fcfa, signé avec l’African guarantee fund, le 16 février 2021, à Nairobi au Kenya. Ceci pour accompagner les PMEs camerounaises, l’entrepreneuriat féminin et l’économie verte.
L’AFD a investi 1500 milliards au Cameroun en 10 ans
En 10 ans, l’Agence Française de développement (AFD) a réalisé des investissements d’une enveloppe globale de 1500 milliards de Fcfa soit 2 milliards d’euros. Cette information a été publiée au cours de la cérémonie en l’honneur des 80 ans de l’Agence France de Développement. Ce, en présence du directeur général de l’ADF Remy Rioux en visite au Cameroun. Les interventions de l’institution financière française se ressentent dans les domaines tels que l’urbanisme, l’éducation, l’agriculture et la Culture…
Concernant le volet de l’urbanisme, le programme Capitales Régionales a engagé des investissements de près de 215 millions d’euros sur 10 ans soit 14 07 milliards de fcfa, au profit de cinq chefs-lieux régionaux, avec pour objectif d’améliorer le bien-être des populations urbaines (constructions d’ouvrages et d’infrastructures, voieries, des équipements marchands, espaces de détentes, etc.)
Dans le secteur de l’éducation, en 15 ans, l’AFD c’est 244 millions d’euros mobilisés soit 159,7 milliards au service d’une éducation universelle, pérenne et de qualité avec la construction de 2.811 salles de classe neuves et la réhabilitation 671 salles de classes réhabilitées et équipées dans les zone d’éducation prioritaire reculées et 37 200 enseignants recrutés.
En ce qui concerne le domaine de l’agriculture, depuis 2008, le programme d’Amélioration de la compétitivité des exploitations familiales agropastorales (Acefa) c’est 201,6 millions d’euro injectés soit environs 131 97 milliards de fcfa, 260 000 exploitations familiales appuyées et 6000 projets d’investissement productifs financés.
Concernant le programme d’Appui à la rénovation et au développement de la formation professionnelle dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche (AFOP), c’est 89 millions d’euros mobilisés soit 58 milliards de FCFA, 17 000 jeunes formés, 4000 emplois directs et 7500 emplois indirects crées, ainsi qu’une augmentation annuelle de revenus de 17 à 43% pour les agro-entrepreneurs formés. Notons que l’Afop est l’un des trois programmes financés dans le cadre du Contrat de désendettement et de développement (C2D) du Cameroun. Il vise à moderniser le secteur agropastoral en adaptant l’offre de formation aux besoins et aux demandes du monde rural en termes qualitatif, quantitatif et géographique.
Mairamou Abdou, Cindy Mbala, Amina Malloum