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Coopération : les enjeux du sommet Russie-Afrique

Sécurité, contrats d’armements, investissements directs russes sur le continent ou encore développement des échanges entre les deux partenaires, constituent les gros dossiers de cette réunion.

Au niveau diplomatique, ce ne sera peut-être pas le niveau de Sotchi 2019 (43 dirigeants), mais l’on aura sur la liste des présents, pas moins de 49 pays sur les 54 que compte l’Afrique. Mais le contexte de la guerre en Ukraine a rendu difficile la participation d’un plus grand nombre à ce sommet, au regard des pressions exercées sur certains dirigeants africains par des puissances occidentales. Car la crise russo-ukrainienne a occasionné la formation des blocs et des alliances, la décroissance des économies en voie de développement, l’inflation induite par l’augmentation des prix des denrées alimentaires et des produits pétroliers, y compris l’aggravation des inégalités sociales et de la pauvreté en Afrique.

N’empêche, 17 chefs d’État ont confirmé leur participation à ce rendez-vous. Deux grandes thématiques sont au menu des échanges entre Vladimir et ses hôtes du continent. D’abord, le volet humanitaire qui apparaît comme une problématique de première importance entre la Russie et l’Afrique au regard de la densité des projets conjoints à mettre en œuvre dans les domaines de la santé publique, de la sécurité alimentaire, de la transition verte, des changements climatiques, de la prévention et de la gestion des catastrophes naturelles.

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À Saint-Pétersbourg, c’est sous le slogan « Pour la paix, la sécurité et le développement » que les dirigeants africains et russes vont débattre sur l’avenir de leurs relations. Les principaux thèmes retenus par les organisateurs abordent le nucléaire civil, les technologies spatiales, les nouvelles routes logistiques, la souveraineté alimentaire. Mais pour le continent, l’énergie, la sécurité, les investissements directs, les échanges commerciaux et l’alimentation apparaissent comme les points les plus importants.

Selon Ahoua Don Mello, représentant de l’Alliance des BRICS en Afrique centrale et occidentale par ailleurs consultant du Patronat Russe, les enjeux essentiels sont avant tout idéologiques et politiques. « L’enjeu fondamental, c’est de resserrer les relations politiques et idéologiques entre l’Afrique et la Russie. Mais au-delà du lien idéologique et politique, il y a des enjeux économiques énormes. Et aussi, au-delà, donner un contenu de développement au rapport économique entre l’Afrique et la Russie », précise-t-il.
La question du nucléaire civil en Afrique est essentielle dans la mesure où dans un continent qui dispose de 20 % des réserves mondiales d’uranium, le nucléaire civil ne représente que 2 % de sa production énergétique, alors même que la demande d’accès à l’énergie électrique est gigantesque.

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S’agissant de la souveraineté alimentaire, l’accord céréalier qui a expiré le 17 juillet 2023 rappelle l’urgence de la mise en place d’un secteur agricole performant sur le continent et permettant d’éviter une crise alimentaire aux 54 pays ; d’autre part, il faudra répondre efficacement aux besoins actuels et futurs des populations africaines en matière d’accès à l’alimentation. Pour cela, l’Afrique devrait construire une trajectoire pour son agriculture afin qu’elle soit le socle de son développement, et ne plus dépendre de l’extérieur pour nourrir ses populations.

Ceci implique, entre autres facteurs, la prise en considération de l’agriculteur africain comme un agent économique à part entière, vecteur du changement de paradigme, par l’insertion professionnelle de celui-ci et la valorisation de son travail. Les agriculteurs seront appelés à s’adapter aux changements, en ayant recours à des techniques plus industrialisées et plus innovantes, telles que celles utilisées en Russie.

S’agissant des nouvelles routes logistiques pour l’Afrique, celles-ci lui permettront de contourner les blocus internationaux contre ses partenaires commerciaux, spécialement depuis le déclenchement de la crise entre la Russie et l’Ukraine. Car, comme l’indiquait Paul Biya le 13 décembre 2022 aux Etats-Unis lors du forum sur la coopération civile et commerciale entre les Etats-Unis et l’Afrique dans le domaine spatial à Washington, « conquérir l’espace est pour l’Afrique une opportunité et un impératif ». La Russie disposant d’une tradition bien établie dans le domaine, pourrait constituer un partenaire de choix pour combler le fossé en matière de communication et de nouvelles technologies.

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S’agissant des échanges, 30 % des céréales consommées en Afrique proviennent de Russie. 95 % de ces denrées sont constituées de blé, soit 11,9 millions de tonnes pour une valeur de 3,3 milliards de dollars. 80 % des exportations russes en Afrique sont destinées à l’Afrique du Nord notamment l’Algérie, l’Egypte, la Libye, le Maroc et la Tunisie ; le Nigeria, l’Éthiopie, le Soudan et l’Afrique du Sud complètent ce tableau des plus gros bénéficiaires.

Pour l’heure, les domaines prioritaires d’investissement de la Russie sur le continent sont l’énergie, notamment les sources d’énergies renouvelables ; le développement des infrastructures, en particulier la construction de chemins de fer et de logements sociaux ; l’exploitation minière par la haute technologie ; la transformation locale des minerais ; l’agriculture, les technologies numériques ; l’exploration géologique, la médecine ; la science et l’enseignement.

La Russie propose aussi à ses partenaires africains son expertise en matière de défense, de sécurité et d’approvisionnement en équipements militaires. Nombre de pays d’Afrique centrale notamment la RCA et le Cameroun bénéficient du soutien militaire russe grâce aux contrats d’achat d’armement ou la formation des hommes et la sécurisation de certaines zones de territoires notamment en République Centrafricaine.

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En Afrique de l’Ouest, le Mali, le Burkina Faso comptent également parmi les bénéficiaires de l’aide militaire russe. Le sommet de Saint-Pétersbourg est dont l’occasion de la signature de nouveaux contrats d’armements pour certains Etats. La Russie propose également aux pays du continent la recherche minière et d’énergie nucléaire et souhaite en retour avoir accès aux ressources naturelles, notamment minières. Actuellement, près des deux tiers des investissements russes en Afrique portent sur les secteurs de l’énergie et des mines.

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