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Coopération : la 6e revue du Programme économique avec le FMI annulée

Le ralentissement des réformes structurelles et des difficultés techniques auraient empêché le gouvernement et le FMI de mener dans les délais la dernière revue du programme économique et financier signé en juin 2017.

Assiste-t-on à une entente conclue en catimini entre le Cameroun et le Fonds monétaire international (FMI) au sujet de la clôture du programme économique et financier (PEF) signé le 26 juin 2017? Tout porte à le croire. D’une durée initiale de trois ans (2017-2020), le PEF est appuyé par la facilité élargie de crédit (FEC), d’un montant 666,2 millions de dollars soit près de 400 milliards de Fcfa. Le suivi de la mise en œuvre de ce programme est organisé en six revues. Dans une déclaration, le 5 octobre 2020, le directeur général adjoint et président par intérim du FMI, Mitsuhiro Furusawa, affirme que “les cinq revues précédentes ont été menées à terme avec succès.” La sixième, attendue depuis mai 2020, a déjà fait l’objet de maints reports. Le dernier rendez-vous prévu le 30 septembre 2020 a aussi été manqué.

Aujourd’hui, apparaît que cette sixième revue est pratiquement compromise. “En raison de la dégradation de la situation macroéconomique, des restrictions qui l’accompagnent et du besoin urgent de rester centré sur la lutte contre la pandémie, il était difficile d’achever la 6e et dernière revue de l’accord avant son expiration”, indique le dirigeant du FMI dans sa déclaration.

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A peu de mots près, le gouvernement camerounais donne la même version. “En raison de l’impact plus fort qu’initialement prévu de l’arrêt des activités de raffinage sur les recettes publiques, de l’urgence à rembourser plus rapidement une partie des arriérés intérieurs, du ralentissement des réformes structurelles pendant la période de la pandémie liée à la Covid-19 et des difficultés techniques à mener la 6e revue dans les délais impartis, nous avons convenu qu’il fallait laisser l’arrangement FEC expirer à la fin du mois de septembre 2020”, écrit le 5 octobre 2020, le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, dans la “Lettre d’intention pour l’accès aux ressources de la Facilité de Crédit Rapide.” Cette correspondance est adressée à la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva.

Besoin de financement

Le hic dans cette “entente” entre le Cameroun et le FMI est que la 6e revue en question devait être accompagnée d’un décaissement de 45 milliards de Fcfa. Cette somme, dernière tranche des 400 milliards de Fcfa de la FEC, n’arrivera donc plus dans les caisses de l’Etat, ce au moment où le Cameroun exprime un besoin important de financement pour faire face à la crise sanitaire et économique. D’ailleurs, le pays a obtenu un deuxième décaissement au titre de la facilité de crédit rapide (FCR), pour satisfaire les besoins urgents de financement de sa balance des paiements résultant de la pandémie de Covid-19.

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Le PEF, appuyé par la FEC, vise à rétablir la viabilité budgétaire et extérieure du pays et à promouvoir une croissance génératrice d’emplois tirée par le secteur privé. Le programme s’appuie sur trois piliers principaux dont un assainissement budgétaire concentré sur le court terme pour accroître les marges de manœuvre budgétaire et extérieure, tout en protégeant les dépenses sociales et les dispositifs de protection sociale; des réformes structurelles sur le plan budgétaire pour accroître les recettes non pétrolières, améliorer l’efficience des investissements publics et la qualité du système budgétaire et atténuer les risques issus des passifs conditionnels; des réformes pour accélérer une diversification économique impulsée par le secteur privé et accroître la résilience du secteur financier.

Le programme avec le FMI a déjà permis au Cameroun de bénéficier des appuis budgétaires de plus de 1 100 milliards de Fcfa. Mais ces “aides” sont conditionnés par des « mesures préalables » très strictes qui ne laissent presque aucune marge de manœuvre au gouvernement. La non-exécution de ces mesures préalables qui sont, pour certaines, des réformes structurelles, entraîne la suspension des décaissements promis par les bailleurs de fonds. Par exemple, la Banque mondiale a exigé que le gouvernement inclut dans la loi de finances 2019, “des mesures spécifiques pour réduire de 0,2 à 0,3% du PIB le montant des dépenses fiscales relatives aux impôts directs et 0,8% du PIB celles relatives aux impôts indirects”. De même, l’appui budgétaire de la Banque africaine de développement (BAD) est conditionné entre autres par la “transmission du projet de loi-cadre sur l’élevage au Parlement; transmission du projet de loi-cadre sur la pêche et l’aquaculture au Parlement; adoption de la politique sur les semences animales par le gouvernement”.

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