Coopération économique : avantage net des BRICS sur les pays du G7 au Cameroun
Au moment où l’on s’interroge sur le positionnement du Cameroun par rapport au groupe dit des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), et au sortir du récent sommet de ce regroupement de pays faisant figure de concurrent au G7, constitué lui des 7 principales puissances économiques du monde, Ecomatin révèle les chiffres d’un dynamisme beaucoup plus accru du groupe dit des pays émergents au Cameroun.
Entre le G7, regroupement des sept premières puissances industrielles du monde (Etats-Unis, France, Canada, Allemagne, Japon, Italie et Grande Bretagne), et les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), qui se positionnent de plus en plus comme concurrents du G7 sur l’échiquier géopolitique mondial, quel groupe présente le plus d’intérêt pour la coopération économique du Cameroun ?
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Sur cette question, les chiffres révélés par l’Institut national de la statistique (INS) sont plutôt révélateurs. « Dans les relations commerciales, le G7 et les BRICS représentent les principaux partenaires commerciaux du Cameroun. (…) Sur la période 2018 à 2022, les importations originaires du G7 et du BRICS représentent respectivement 21% et 29% des importations globales du Cameroun, (tandis que) les exportations à destination du G7 et du BRICS représentent respectivement 22% et 29% des exportations globales du Cameroun », indique l’INS.
En d’autres termes, les achats de biens et services effectués par le Cameroun auprès des BRICS sont de 8 % supérieurs à ceux effectués dans les pays du G7. Dans le même temps, les expéditions de marchandises et autres services, qui permettent au Cameroun d’engranger d’importantes recettes d’exportation chaque année, sont de 7% plus importantes avec les BRICS qu’avec le G7, au cours de la période 2018-2022. De ce fait, peut-on conclure à l’analyse des chiffres révélés par l’INS, bien qu’étant le roi du commerce mondial, avec 30,5% des exportations de biens et services, contre seulement 8,1% pour les BRICS, le G7 affiche un dynamisme moins vigoureux que les BRICS dans les échanges commerciaux avec le Cameroun. « Le BRICS se démarque et se présente comme principal partenaire achetant 29% des produits exportés et fournissant 29% de produits importés. Le G7, quant à lui, achète 22% des exportations et livre 21% des produits importés », précise d’ailleurs le rapport de l’INS.
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Ce dynamisme des BRICS est également visible, avec plus d’importance d’ailleurs, en ce qui concerne les appuis financiers liés à l’aide au développement, mis à la disposition du Cameroun sous forme de dette ou de dons. « S’agissant de la dette bilatérale (du Cameroun), elle est estimée à 3 200 milliards de FCFA au 30 juin 2023. Elle est détenue par le BRICS (68% de la dette bilatérale), principalement par la Chine, et le G7 (27%), principalement par la France », souligne l’INS dans son rapport. En des termes plus simples, les BRICS financent le développement du Cameroun pratiquement trois fois plus que le G7, dans la mesure où la dette ainsi contractée auprès de ces différents pays permet de réaliser de nombreux projets d’infrastructures.
L’offensive de la Chine
Selon les statistiques révélées par l’INS, les BRICS doivent leur victoire sur le G7 dans le match qui oppose actuellement ces deux groupes de pays au Cameroun, à un seul Etat : la Chine. En effet, devenu premier fournisseur, premier client et principal bailleur de fonds du Cameroun depuis le début des années 2010, la Chine est le navire amiral des BRICS au Cameroun. « Avec plus de 61% des parts de marché, la Chine est le premier client du Cameroun au sein des BRICS, suivi par l’Inde (34%) », indique l’INS, qui souligne également que ce pays tire aussi les importations originaires des BRICS, « avec une moyenne annuelle de 652 milliards de FCFA sur les cinq dernières années. Elle est suivie par l’Inde et la Russie ».
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Par ailleurs, apprend-on encore, « la Chine à elle seule concentre actuellement 65,5% de l’encours de la dette bilatérale totale, loin devant la France (25,3%) ». Ce qui en fait également le pays pourvoyant au Cameroun la majeure partie de ses investissements directs étrangers (IDE), depuis bientôt deux décennies. « Entre 2000 et 2014, le Cameroun a capté 2 750 milliards de FCFA d’investissements directs étrangers, dont 1 850 milliards de FCFA provenant de la Chine. Ce qui représente environ 67% des IDE entrant au Cameroun (…) Les autres IDE provenaient des pays tels que la France, les États-Unis, le Nigéria », souligne un document de la présidence de la République, qui cite les chiffres de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), auteur d’un rapport annuel sur les IDE dans le monde.
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Dès l’année 2024, aux côtés de la Chine, du Brésil, de la Russie, de l’Inde et de l’Afrique du Sud, six autres pays vont rejoindre les BRICS, pour davantage intensifier la concurrence entre ce groupe et le G7 au Cameroun et dans le monde. Il s’agit de l’Argentine, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Ces nouveaux membres prendront certainement une part active dans le lancement des activités de la Nouvelle banque de développement (NBD) et d’un fonds de réserve d’urgence (CRA), deux organismes multilatéraux présentés par les BRICS comme alternatives à la Banque mondiale et au FMI, deux importants bailleurs de fonds multilatéraux du Cameroun.