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Contrebande : le trafic illicite s’installe au port fluvial de Garoua

L’installation portuaire qui auparavant faisait la fierté de la région du Nord est transformée en un repère où se jouent habituellement des calculs égoïstes bien savants, et où des centaines de millions de F échappent désormais au trésor public.

Ce qui attire un visiteur lorsqu’il débarque pour la première fois à Garoua est sans doute le pont sur la Bénoué et le fleuve qui porte le même nom, un fleuve desséché de deux tiers par le climat, selon les spécialistes. Non loin de ce pont, de nombreux bâtiments construits à l’époque coloniale se font aussi remarquer. C’est bien là que se trouve le fameux port fluvial.

Une bonne partie de ces bâtiments est fermée tandis que d’autres servent d’entrepôts aux nombreuses organisations et sociétés de la place. Le port fluvial de Garoua, dont parlent tous les livres de géographie du Cameroun et très actif autrefois, a perdu de sa substance. Il n’est malheureusement pas encore « mort », comme l’annonce des discours suspects. Le quai où stationnaient les navires est encore visible et a même servi lors des récentes inondations. Interrogées, des sources bien introduites dénoncent les « manigances » qui se déroulent au port, devenu depuis, la vache à lait de quelques autorités de la ville de Garoua. Certes, les activités ne sont plus à leur niveau florissant d’avant, mais les activités du port fluvial ne sont pas aux arrêts. « Ce port a encore la possibilité de renflouer les caisses de l’État pour le bonheur de tous si et seulement si, le gouvernement décide de lui donner un nouveau souffle en vidant ses profondeurs de sable et surtout en permettant à l’État et non à un individu comme c’est le cas en ce moment, de le gérer tout seul », suggère une source soucieuse de l’équité dans le partage du gâteau national.

Chaque semaine en effet, de nombreuses pirogues, 4 voire 5, y déchargent du carburant, des cartons de bonbons, de biscuits ou encore des chaussures en provenance du Nigeria. Tout comme le riz, des huiles et bien d’autres denrées prennent la voie fluviale pour rallier Yola au Nigeria. Sauf que ces transactions ne bénéficient qu’à une poignée de personnes. Le port fluvial de Garoua, devenu port autonome par un décret du chef de l’État en 1999, n’est pas encore « mort ». Même en son état actuel de décrépitude avancée, il peut renflouer les caisses de la communauté urbaine et de la mairie de Garoua 1er. En attendant que la manne tombe du ciel notamment de l’État, l’on peut dire aisément bonjour à la mafia, profitant à une poignée de personnes surtout que le transfert du port à la Communauté Urbaine de Garoua ne fait pas de lui le propriétaire, mais plutôt le gestionnaire. « Tous les actifs concernant les biens relevant du domaine de l’État (quais, hangars, magasins, plan d’eau…) ainsi que les actifs concernant les biens relevant du domaine privé de l’État (logements) sont restés une propriété de l’État concédée juste à la communauté urbaine de Garoua », stipule la cession.

Félix Swaboka

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