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Conjoncture

Comment la crise en RCA plombe l’économie de la région de l’Est

Plus de 800 camions sont stationnés, plus de 1600 emplois menacés, l’activité économique au ralenti, le reportage de l’envoyé spécial de EcoMatin à Garoua-Boulaï, à la frontière centrafricaine, révèle l’ampleur des affres de l’insécurité en RCA sur la région du soleil levant.

Jeudi 18 février 2021, près de 100 camions sont alignés à la frontière entre le Cameroun et la République Centrafricaine (RCA) à Garoua-Boulaï dans la région de l’Est. Chargés des marchandises diverses, ces camions sont en destination de la RCA. «Ces camions sont ici depuis plus de deux mois parce que les parcs des gros porteurs sont pleins. Actuellement, nous avons plus de 800 camions stationnés à Garoua-Boulaï et environ 1500 sur le corridor Douala-Bangui. Les deux parcs de la ville à savoir celui de la sous préfecture et le parc principal au pont bascule sont pleins. Nous
sommes actuellement à l’attente des forces de sécurité pour accompagner
le convoie si possible demain », explique Mahamat Diguia, membre du Bureau exécutif du syndicat national des chauffeurs professionnels du
Cameroun (SYNPROCAM). D’après les chauffeurs rencontrés sur place, depuis une semaine, des convois escortés, composés de 30 à 50 camions sont organisés. Ces escortes sont le fruit d’une négociation entre le président centrafricain, Faustin Archange Touadéra et l’armée ruse qui permet à celle-ci, appuyé par les forces armées centrafricaines (FACA) et les éléments de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies
pour la stabilisation en Centrafrique (MINUSCA) d’accompagner les camions transportant les marchandises entre Garoua-Boulaï et Bangui. L’objectif étant de débloquer la paralysie imposée sur le corridor par les rebelles. Mais sur place à Garoua-Boulaï, les choses n’ont pas encore véritablement bougé. « Il y a des chauffeurs en colère parce qu’ils sont ici depuis le 23 décembre 2020 et n’arrivent plus à payer les frais de parc. Le parc étant le poumon économique de la commune, aucune recette n’est encaissée et la commune est paralysée financièrement », se lamente de son côté, Ghislain Golike, chef de l’un des parcs de la ville. Au cours d’une
séance de travail entre Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration territoriale et les transporteurs à Garoua-Boulaï le 10 janvier 2021, dépêché à la frontière par le président de la République Paul Biya, il a été clairement établi que depuis le déclenchement de la crise en RCA en décembre dernière, plus de 1500 camions transportant les marchandises en destination de la RCA sont immobilisés tout au longue du corridor Douala-Bangui.

Plus de 1600 emplois menacés

En effet, depuis l’élection présidentielle du 27 décembre 2020, les groupes
rebels en RCA, en guise de protestation contre la disqualification de la
candidature de l’ancien président François Bozizé, ont pris d’assaut le corridor entre Bangui-Garoua-Boulaï empêchant toutes circulation. Pourtant, presque 75% des marchandises industrielles et les produits agroalimentaires consommés en RCA sont importés via le Cameroun.
« Sur le plan économique, si la RCA ne fonctionne pas, l’économie camerounaise en générale et, particulièrement la ville de Garoua-Boulaï est
affectée puisque nous vivons ici grâce aux transactions commerciales avec les voisins centrafricains », précise Mahamat Diguia. Selon les syndicalistes, plus de 1600 emplois, composés des chauffeurs et de leurs motos boys sont actuellement en chômage et en souffrance. « Au niveau du syndicat, nous nous battons avec le Bureau de Gestion du Fret Terrestre (BGFT) pour leur apporter la nutrition », affirme le président national du (SYNPROCAM). Mais à long terme, analyse un économiste, le nombre d’emplois affectés dans la chaine de transport entre Douala et Bangui pourra être plus élevé si la situation de crise persiste Dans d’autres secteurs d’activités à Garoua-Boulaï, l’impact de la crise est perceptible. « Toutes les activités sont
en arrêt parce que 98% des clients viennent des localités comme Cantonnier, Baourou, Boua et Bangui en RCA. Maintenant, avec la situation
actuelle, il ne traversent plus la frontière. On observe une baisse générale des recettes depuis deux mois », affirme Aliousso Sani, l’un des plus grands distributeurs des produits agroalimentaires. Autre secteur frappé par
la crise actuelle, c’est l’hôtellerie. « Nous chambres sont vides et les vivres et
boissons qu’on a stocké avant les fêtes de fin d’année n’ont pas été consommés parce que les centrafricains ne traversent plus la frontière
», assure le gérant d’un hôtel proche de la frontière. Les recettes douanières quant à elles sont aussi réduites à zéro selon un responsable au poste douanier de la frontière.

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Pour le maire de la ville de Garoua-Boulaï, Adamou Abdon « l’impact de cette crise se trouve à deux niveaux. Il y des conséquences sur le plan
social et démographique car il y eu des ménages à Garoua-Boulaï qui
ont accueilli un nombre important des victimes de guerre. Sur le plan
économique, la fermeture de la frontière a provoqué la chute des chiffres d’affaires de plusieurs commerçants. Ceci a un impact très négatif sur les recettes de la commune qui prélève la taxe de stationnement sur les gros
porteurs. Malheureusement, la plupart des propriétaires ont abandonné leurs camions dans les parcs », regret le maire. Depuis la crise et selon les chiffres du Haut-commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés, (HCR) plus de 5000 nouvelles personnes âgées, des femmes et des enfants fuyant les hostilités ont été enregistrées à la sous-préfecture de GarouaBoulaï. Ce flux massif des populations fait planer aussi le spectre de la famine, l’inflation sur le marché local et l’insécurité.

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