Cobalt-Nickel-Manganèse: Interrogations sur le projet de Nkamouna
L’entreprise qui a repris la licence tente de rassurer les autorités camerounaises sur ses capacités de mener à bien l’exploration et l’exploitation de cette ressource minières. Ce qui n’empêche pas qu’on attend de la juger sur les faits.
Les activités d’exploration des minerais de cobalt, nickel et manganèse, dans la localité de Nkamouna sont relancées, a récemment annoncé African battery metals Plc, entreprise ayant repris la licence d’exploration. Et les dirigeants de cette société minière se satisfont de ce démarrage des activités. « Nous savons, grâce aux travaux d’exploration antérieurs de Geovic à Nkamouna, que cette région héberge l’une des plus importantes ressources de cobalt au monde, en dehors de la RDC, et que nous sommes dans le pays des éléphants du cobalt et du nickel », a déclaré en substance Roger Murphy, directeur général.
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African battery metals (ABM) indique avoir acquis des données clés sur la géophysique, qui permettront d’identifier la source de la minéralisation en cobalt-nickel. L’entreprise minière annonce aussi avoir identifié une série d’objectifs dans ses licences du Cameroun pour les travaux de suivi, qui présentent la même signature géologique que les licences de cobalt-nickel détenues par Geovic.
« Nous pensons comprendre pourquoi la minéralisation se trouve dans les licences historiquement détenues par Geovic (…) Nous avons des zones similaires dans les licences de ABM Cameroun. Je suis impatient de mettre en œuvre un programme d’exploration qui, je pense, devrait confirmer la présence de cobalt et de nickel sur les licences d’ABM au Cameroun », a terminé le patron d’ABM.
Le projet cobalt-nickel-manganèse de Nkamona, situé dans l’arrondissement de Lomié à l’Est du pays, a été évalué à plus de 121 millions de tonnes de ressources minérales pouvant être exploitées à 22% durant 23 à 25 ans, d’après les premières études de faisabilité. Les teneurs moyennes de ces ressources sont de 0,26% pour le cobalt, 0,66% pour le nickel et 1,48% pour le manganèse. Durant les 11 premières années de production, l’on espère produire en moyenne annuelle 13,5 millions de livres de cobalt, 7,25 millions de nickel et 138 millions de carbonate de manganèse.
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Un potentiel qui peut justifier l’enthousiasme des dirigeants d’ABM. Ce qui n’entame cependant en rien l’attitude sceptique de certains responsables de la partie camerounais sur le nouveau partenaire. « Les autorités camerounaises ont décidé de regarder de très près cette entreprise. Elles ne veulent plus se laisser berner comme par le passé où une entreprise les a tournées en bourrique pendant plus de 15 ans », nous indique une source proche du dossier.
Cette réserve minière aurait en effet dû être mise en exploitation depuis plusieurs années. La licence avait été délivrée à la filiale camerounaise de Geovic mining Corp, junior minière américano-canadienne. Face à son incapacité à faire avancer les travaux, l’Etat va finalement lui retirer ce permis en mars dernier.
Selon certaines révélations, Geovic était incapable de trouver des financements pour ce projet. L’entreprise était par ailleurs soupçonnée de se servir du permis sur la place boursière – d’où elle aurait finalement été exclue – afin de vendre ses actifs au plus offrant.
« Ces méthodes ont fait que même la cotation d’African battery metals à la bourse de Londres ne suffit pas à rassurer complètement la partie camerounaise », informe à nouveau notre source, après avoir insisté sur le fait que les autorités font tout pour ne plus faire face à une nouvelle déconvenue. Mais, relevant tout de même que la présence d’ABM dans d’autres pays comme la RDC, la Côte d’Ivoire bien d’autres permet de lui accorder le bénéfice du doute.