Cimenteries : le Gouvernement rappelle à l’ordre les opérateurs suite à une envolée des prix du ciment
Le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, accuse clairement les industriels du ciment d’avoir majoré jusqu’à 500 FCFA sur certains de leurs produits, en violation de la réglementation, alors même que le gouvernement vient d’accorder des facilités douanières aux importateurs pour tenter de juguler les effets de la crise du fret maritime.
Le gouvernement mène un combat permanent contre la vie chère ces derniers mois, et subit une énorme pression de la part des opérateurs de divers secteurs d’activité, qui menacent régulièrement de procéder à une hausse des prix de leurs produits, pour tenter de juguler les effets de la pandémie de la Covid-19, qui a eu de fortes répercussions sur leurs activités, avec notamment le renchérissement des coûts de transport. Les pouvoirs publics ont accepté des concessions, mais jamais ils n’ont cédé au principal désidérata de la majorité des opérateurs. Et pourtant, ceux des cimenteries ont déjà, lassent d’avoir fait plier le gouvernement, procédé à une augmentation unilatérale des prix sur leurs produits. « Il m’a été donné de constater que vous avez, façon concertée, à travers des communications écrites dont je détiens les éléments, décidé de procéder unilatéralement à une augmentation de vos prix de vente, respectivement de 500 et 300 FCFA/sac selon le type de ciment », déplore le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, dans une correspondance adressée jeudi dernier aux directeurs généraux des sociétés productrices de ciment.
Marché de dupes ?
Les prix du ciment connaissent en effet une envolée. Dans certains espaces de distribution à Yaoundé, le ciment 42.5 des opérateurs Cimencam, Dangote ou Mira Company coûtent jusqu’à 5500 FCFA, contre 4900 FCFA il y a encore quelques semaines. La gamme CPJ 35 qui coûtait 4500 FCFA naguère est désormais vendue à 4700-4800 FCFA, au grand dam du consommateur. Une tendance haussière contre laquelle le gouvernement a longtemps combattu, et croyait pouvoir dissuader les opérateurs lors d’une concertation ayant eu lieu le 7 décembre dernier au ministère du Commerce. Visiblement, les parties avaient opté pour quelques concessions, et il avait été convenu que les opérateurs s’en tiennent au respect des prix applicables à l’époque.
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A l’observance de l’entêtement des opérateurs à renchérir les prix, le gouvernement s’est senti roulé dans … le ciment, et a ainsi décidé de faire un rappel à l’ordre à ces entreprises qui agissent en marge de la réglementation. « Je vous invite (…) à vous en tenir, jusqu’à nouvel ordre aux conclusions de notre réunion de concertation du 07 décembre 2021 et donc, à revenir aux prix jusque-là en vigueur, en attendant l’aboutissement des de discussions », tonne le ministre du Commerce.
Mesures d’accompagnement minimalistes
L’initiative des industriels du ciment d’augmenter les prix résonne comme l’expression de leur désapprobation de la mesure prise par le gouvernement le 16 novembre dernier, d’accorder une décote de 80% sur les couts du fret maritime sur les produits à l’importation, jusqu’au 28 février 2022. Il s’agissait alors d’une réaction du gouvernement aux menaces de cessation des activités d’importation par le secteur privé, en protestation à l’inflation des matières premières et à l’explosion des coûts de transport. Une mesure que le Groupement Inter-patronal du Cameroun (Gicam) avait jugé très minimaliste, comme un grain de sel dans la mer pour les industriels du ciment en l’occurrence.
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D’après la directrice exécutive du Gicam, Alvine Mbono, « le clinker connaît une augmentation de 97% sur le marché international. Vous couplez cette augmentation avec à la hausse du fret maritime qui est de 417%, vous avez des coûts qui, s’ils sont répercutés sur le sac de ciment, seraient de 1.500 FCFA de plus. La décision signée le 16 novembre 2021, s’il faut l’appliquer a juste un impact est de 50 FCFA », analysait-elle dans un récent article d’EcoMatin. Il va sans dire que les opérateurs de ce secteur en sont encore à un renchérissement moindre, et que les prix du ciment pourraient caracoler davantage sur le marché.
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