Cemac : une récession de 5,9% en vue
Pour le reste de l’année 2020, les projections de Banque des Etats de l’Afrique centrale affichent un taux de croissance négatif de -5,9% pour les économies de la Cemac. La pandémie du coronavirus en est la cause première.
« C’est donc le lieu de relever que si les pays de la CEMAC ne luttent pas efficacement contre la pandémie du COVID-19 pour en limiter les conséquences économiques et financières, la situation macro-économique deviendrait insoutenable » ainsi prévenait la Banque des Etats de l’Afrique Centrale(Beac), dans son rapport de politique monétaire rendu public au mois de mars 2020. Alors que les pays de la Communauté économique et Monétaires de l’Afrique Centrale(Cemac) enregistraient les premiers cas positifs au Covid-19, le Comité de politique monétaire(Cpm) de la Beac entrevoyait déjà de sombres perspectives pour leurs économies. 04 mois après, l’on n’a certes pas atteint le pire, mais les effets de la Covid-19 restent à déplorer.
Réuni le 24 juin dernier par visioconférence pour sa deuxième réunion de l’année, le Cpm de la Beac a évalué l’activité économique des six pays de la Cemac au cours du 1er semestre 2020. Il en ressort que « la relance des activités productives a été ralentie dans la sous-région par la perturbation des circuits d’approvisionnement en produits importés ainsi que par les mesures restrictives adoptées par les gouvernements pour contenir les effets de la pandémie » peut-on lire dans un communiqué signé de Abbas Mahamat Tolli, Président du Cpm.
Dans l’hypothèse d’une crise de grande ampleur, le Cpm redoutait, au mois de mars, une baisse du taux de couverture de la monnaie à 52, 7%, un déficit extérieur courant, transferts publics inclus, à 10,3 % du PIB et une forte baisse des avoirs de réserve qui reviendrait à 2,66 mois d’importations de biens et services. L’institution avait même ressuscité, sans le dire expressément, l’hypothèse d’une dévaluation de la monnaie. Aujourd’hui, constate le Cpm de la Beac, la situation est loin d’être aussi alarmante ; et pour cause les financements extérieurs mobilisés par les Etats ont permis de limiter les casses. « Les réserves de change se sont accrues et ont représenté 5,7 mois d’exportation de biens et services tandis que le taux de couverture extérieur de la monnaie est situé à 78% à la fin mai 2020 contre 67% à la fin décembre 2019. »
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Sombres perspectives
Si la situation semble avoir été maitrisé par rapport à ce qui était prévu, force est de constater que la pandémie actuelle qui continue bel et bien son bonhomme de chemin n’épargne point les économies de la Cemac. Pour l’année 2020, le Cpm prévoit une récession économique de 5,9 %, une légère remontée de la pression inflationniste à 2,5%, une dégradation du solde budgétaire à -6,2% du Pib, un creusement significatif du déficit du compte courant à 7,3% du Pib et un taux de couverture de la monnaie qui reviendrai à 55%. Notons que ces prévisions dépendent largement de l’évolution de la pandémie et du coût, sur le marché international, du baril de pétrole, principale denrée d’exportation des 06 pays de la Cemac.
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Soutien continu
Au cours de la première session annuelle du Cpm de la Beac tenue au mois d’avril, l’institution avait engagé des mesures de soutien vis-à-vis des économies de la Cemac. Il s’agit par exemple de la révision à la baisse de taux d’intérêt des appels d’offres (TIAO) de 50 points de base, soit de 3,50% à 3,25% ; la révision à la baisse de 100 points de base du taux de facilité de prêt marginal de 6,00% à 5,00%, la révision à la baisse du taux de facilité de dépôt à 0,00%. Au vue des perspectives, qui se veulent peu reluisantes, la Beac a décidé de maintenir cet appui. Par ailleurs, dans sa démarche d’injection massive de liquidités, la Beac a adopté « les modalités de mise en œuvre de sa décision prise en mars 2020 d’assouplir les conditions d’éligibilité du collatéral privé et public aux opérations de refinancement de la Beac pour faciliter le financement bancaire de l’économie » souligne le communiqué.
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