Cemac : taux d’avancement insatisfaisant du Programme des réformes économiques et financières
Le Programme des réformes économiques et financières de la Cemac (Pref Cemac) ne donne visiblement pas les résultats escomptés. Mis en œuvre en juillet 2016, les pays de la Cemac peinent à l'intégrer dans leurs contextes nationaux de politique budgétaire
La mise en œuvre des trois objectifs fixés par les Etats de la Cemac, « le renforcement de la politique fiscale« , « la rationalisation et l’amélioration de la qualité de la dépense publique à travers des politiques budgétaires ciblées » et « l’harmonisation des procédures, l’amélioration de la coordination des politiques budgétaires, essentielles à la cohésion de l’Union Monétaire et à l’intégration financière », inquiètent. « Leur exécution affiche un taux de 32%« , confirme Michel Cyr Djiena Wembou, le secrétaire permanent du Pref Cemac. « Un relâchement des efforts de la mise en œuvre du Pref Cemac », pense Antoine Ngakegni, le président de la Cellule de suivi du Pref Cemac.
Parmi les déceptions enregistrées, on cite « la faible mobilisation des recettes fiscales, le relèvement mitigé du taux de pression de la fiscalité indirecte (TVA et droits d’accises), et la stagnation de la fiscalité directe ». En particulier, celle concernant les bénéfices des sociétés de personnes morales uniquement. Ainsi, pense-t-on à la Cemac, « les Etats dont la pression fiscale est faible doivent poursuivre les efforts de convergence vers la moyenne de l’Union ». Une augmentation de la pression de la fiscalité indirecte repose davantage sur une amélioration de l’efficacité de la TVA qu’un relèvement du taux standard, déjà élevé au sein de la Cemac. Comme solution, les experts proposent pour une nette amélioration de l’efficacité de la Tva , « la rationalisation des dépenses fiscales, l’usage d’un taux réduit de Tva comme une alternative aux exonérations, l’introduction d’un mécanisme d’auto-liquidation de la Tva pour l’importation de certains biens d’équipement, un renforcement des administrations fiscales par une révision de la législation fiscale régionale (prix de transferts, établissement stable, règle de sous‐capitalisation) suivant le cadre inclusif proposé par l’Ocde, la revue des traités de non-double imposition ratifiés par les Etats membres et un effort de formation des agents des administrations fiscales concernés ».
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Egalement décriés, « la détérioration des soldes budgétaires et l’accroissement de l’endettement public ». Les Etats sont accusés de faire porter la réduction des dépenses sur les investissements uniquement. Compromettant la compétitivité de leurs économie ainsi que le retour à la croissance: « Il serait utile de définir une méthode commune d’évaluation de la rentabilité économique et sociale des projets publics, comme ceux financés par l’aide extérieure », pense la Cemac. Le 1er janvier 2017, le Conseil des Ministres de l’Union Economique de l’Afrique Centrale a pourtant adopté un nouveau cadre pour la surveillance multilatérale. Cadre qui vise à adapter la norme budgétaire à la situation conjoncturelle. Mais aussi, à éviter une croissance trop rapide de l’endettement et l’accumulation d’arriérés de paiements. « l’application de ces nouvelles règles à la situation budgétaire de 2016 a permis de constater l’hétérogénéité des situations des Etats membres. Les Etats dont les déficits sont supérieurs à la norme devaient agir vigoureusement pour ajuster leurs finances publiques à la baisse du prix du pétrole. De même, les Etats ne respectant pas le deuxième critère devaient réduire leur rythme d’endettement.
Le point le plus préoccupant de l’évolution budgétaire est l’accumulation des arriérés de paiements, qui devaient être progressivement apurés. A ce sujet, Michel Cyr Djiena Wembou félicite les efforts fournis par le Cameroun et la Guinée équatoriale dans ce sens.
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Malgré, ces points négatifs, La Cemac reste optimiste. Lors du conseil d’administration déroulé le 18 septembre 2018 à Yaoundé, la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), se satisfaisait de « l’amélioration de la situation des réserves de change à la Beac ». Amélioration consécutive aux mesures correctrices mises en place par les Etats et la Banque centrale, et ayant provoqué une remontée du taux de croissance projeté à 1,9% en 2018, une progression du niveau général des prix autour de 1,5% en moyenne annuelle contre 0,9% en 2018, un accroissement de l’excédent du solde budgétaire, base engagements et dons, à 1,4% du Pib, contre -3,1% du Pib en 2017. Egalement, la Beac prévoit une contraction du déficit du compte courant à 1,8% du Pib en 2018, contre -4,3% du Pib en 2017. La masse monétaire connaît également une légère embellie. Elle s’établit à 7,4% pour un taux de couverture extérieur autour de 63,5%.
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La Cemac continue néanmoins à tabler sur un taux de croissance de 1,7% en 2018. Ce taux est projeté à 2,7% en 2019. A côté de la feuille de route 2017/2019 du Pref Cemac issue des travaux de Malabo, quelques solutions ont été proposées aux Etats, afin de réaliser un meilleur taux de mise en œuvre du Programme. Il s’agit notamment de « la réduction des subventions des Etats aux entreprises ou du renforcement de la capacité de surveillance de la transposition des textes dans les législations nationales, dont le retard contribue au manque de transparence des finances publiques« . Plusieurs organismes ont pris part aux travaux de Malabo : la Beac, la Commission de la Cemac, la Bdeac ou la Bvmac et la Ceeac.