Cemac : la Beac veut évaluer le niveau de résistance des banques face aux chocs d’ampleurs systémiques
L’institut d’émission recherche un consultant pour la mise en place d’un outil d’automatisation des tests de résistance pour les banques de la sous-région.
La Banque des Etats de l’Afrique centrale(Beac) vient de lancer un appel à manifestation d’intérêt pour le recrutement d’un consultant pour une assistance à maîtrise d’œuvre(Amoe) en vue du développement d’un outil d’automatisation des « stress test » macro prudentiels dans la zone Cemac. Le « stress test » ou test de résistance bancaire est un exercice consistant à simuler des conditions économiques et financières extrêmes mais plausibles afin d’en étudier les conséquences sur les banques et de mesurer leur capacité de résistance à de telles situations. Les banques centrales, qui pilotent généralement cet exercice, passent les bilans des banques à la moulinette de scénarios plus ou moins «stressant» tel que la récession, l’envolée du chômage, l’inflation galopante, la montée des créances douteuses… Si elles affichent des fragilités à de telles situations les banques commerciales sont appelées revoir davantage leur situation pour se prémunir d’éventuels chocs. De son côté, la banque centrale peut ajuster sa politique monétaire sur le court, moyen ou long terme.
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Dans le cadre du présent appel d’offres, le consultant devra surtout accompagner les équipes techniques de la Beac à mettre en place une solution informatique « dans le respect des exigences de qualité ». La durée de la mission de ce dernier est de 9 mois et à l’issus de sa consultation, devront être effectifs : une application numérique permettant de réaliser les stress test conformément au cahier de charges de la Beac, une application web réactive, une documentation technique d’utilisation et d’exploitation de l’application, et enfin le transfert aux informaticiens de la Beac des compétences et outils nécessaires à la maintenance et à l’évolution de l’application.
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La mise en place des stress test macro prudentiel s’inscrit dans le cadre du plan stratégique 2017-120 de la Beac qui vise à doter les services de la banque d’outils permettant l’identification, l’évaluation et l’analyse des risques systémiques auxquels pourrait s’exposer le système bancaire. La pratique est monnaie courante dans les banques centrales à travers le monde. Par exemple, la banque centrale américaine, suite à un stress test réalisé mi-juin 2021 a décidé de lever les restrictions mises en place pendant le Covid.
Prévention
Cet exercice de simulation trouve davantage son sens dans le contexte particulièrement crisogène que traverse la sous-région depuis quelques années. Aux tensions sécuritaires qui prévalent dans certains pays est venu s’ajouter la crise sanitaire du coronavirus en 2020 qui a drastiquement affecté les indicateurs macroéconomiques de la Cemac. Le Produit intérieur brut(PIB), un indicateur qui permet de mesurer la richesse produite dans un espace en une année, a connu une baisse de 1,7% ; l’inflation a grimpé à 2,4% tandis que le déficit budgétaire s’est davantage creusé passant de 0,1% du IB en 2019 à 2,0% en 2020. Situation inédite qui a amené la banque centrale à adopter des mesures appropriées pour renforcer l’offre de liquidité bancaire et abaisser le coût du crédit bancaire.
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Selon la Beac l’activité du système bancaire de la Cemac a été marquée, entre décembre 2019 et décembre 2020, par un excédent de trésorerie en hausse de 14,4 %, grâce à une progression des ressources plus élevée que celle des emplois, malgré le contexte de la pandémie de COVID-19. De fin mars 2020, début des premières restrictions consécutives aux mesures sanitaires de lutte contre la propagation de la COVID-19, à fin décembre 2020, le total bilan s’est accru de 7,9 % (+1 110 milliards), traduisant une certaine résilience du système bancaire face au choc sanitaire.